Introduction
Même si le rythme particulièrement rapide de l'urbanisation des pays du Sud tend à ralentir, il dépasse dans la plupart de ces pays la vitesse d'urbanisation qu'a connue la France ou l'Europe durant la révolution industrielle du XIXème siècle (N. BRICAS, 2003, p. 3). La Côte d’Ivoire, restée longtemps rurale, a connu sa transition urbaine en 2014 avec 50,3% de citadins (INS, 2014). La transition urbaine est un processus par lequel un Etat passe d’un système de peuplement rural à un système de peuplement urbain (J. F. STECK, 2006, p. 2 ; P. BAUD et al, 2018, p. 530). Selon le Recensement de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2021, la proportion d’urbains dans la population ivoirienne a atteint 52,5% en 2021 (INS, 2021). Les projections de World Urbanization Prospects estiment cette proportion à 56,7% en 2030 et à 67,4% en 2050 (UNITED NATIONS, 2019, p. 1).
Introduction
La ville de Daloa, de par son statut de capitale régionale, polarise les activités économiques du centre-ouest de la Côte d’Ivoire. Sa situation au carrefour d’axes routiers nationaux et internationaux est à l’origine de son attractivité et de sa dynamique démographique. La croissance de la population urbaine s’est accompagnée d’une pression sur les espaces urbain et péri-urbain. De 242 hectares en 1958, puis 393 ha en 1962, l’espace urbanisé est passé successivement à 645 ha en 1970, à 1340 ha en 1980 puis à 2510 ha en 1995 (Ecoloc Daloa, 2002). En 2008, l’espace urbanisé avait atteint 2.866 hectares (K.E. YAO, 2014, p. 186) contre 3 623 ha en 2014 et 6 712 ha en 2020 selon les services techniques de la Mairie. Cette dynamique spatiale est le fait d’une compétition entre plusieurs usages du sol. A ce propos, Tchuikoua et Elong (2014) font remarquer qu’à Douala et partout en Afrique subsaharienne, en l’absence d’un système de gestion moderne adéquat, les pratiques urbaines se développent de façons diverses et variées, reflet des incohérences et des limites des politiques urbaines, de la pluralité des acteurs et des crises sociales.
Introduction
Du fait de sa position au carrefour d’axes routiers, la ville de Daloa a attiré une mosaïque de peuples venus de toutes les régions de la Côte d’Ivoire et de l’extérieur du pays. La population de la ville croit à un rythme soutenu. Estimée à 2.800 habitants en 1921, puis à 7.500 habitants en 1954 (Ecoloc Daloa, 1999, vol. 2), la population urbaine atteint respectivement 60 800 habitants en 1975 (RGP, 1975), 121 842 habitants en 1988 (RGPH, 1988), 173 107 habitants en 1998 (RGPH, 1998) et 266 000 habitants en 2014 (RGPH, 2014).
En Côte d’Ivoire, le processus d’urbanisation s’est déroulé du sud vers l’intérieur du pays. La transformation des paysages originels a occasionné des localités aux multiples quartiers. Les espaces urbains sont régulièrement aménagés par une population sans cesse croissante. Avec un taux d’urbanisation de 26,16% dicté par un taux d’accroissement de la population modéré, les ménages de la ville de Daloa vivent dans divers habitats, implantés à travers les 42 quartiers et 7 ‘‘villages-quartiers’’ (RGPH, 2014). Le développement urbain suscité par la forte pression démographique a occasionné dans cette localité un système éducatif démuni de centres d’accueil conséquents pour la petite enfance (KOUKOUGNON, 2012, p.18).
La scolarisation des enfants à Daloa est essentiellement portée sur les adolescents de 6 à 11 ans, lesquels ne sont pas assistés psychologiquement avant d’entamer les études primaires. L’insuffisance de structures d’encadrement des gamins de 3 à 5 ans les expose à la rue (Direction locale du MENET, 2018). Le choix de Daloa permet ainsi de répondre aux interrogations suivantes : Quelles sont les raisons des errements des enfants à travers cet espace urbain ? Quels sont les dangers auxquels sont-ils confrontés ? Quels dangers représentent-ils pour la population résidente de Daloa ? Il s’agit donc d’étudier les causes des errements des enfants dans les rues de Daloa.