Variabilité climatique et production vivrière dans la Région de Gbêkê

Résumé

Les cultures vivrières constituent le socle de l’alimentation de la population rurale ivoirienne. Mais, ces dernières années, celles-ci subissent les effets de la variabilité climatique, avec une baisse générale de leur volume de production. Si certaines spéculations comme le manioc s’adapte aux effets de cette variabilité, avec une hausse de la production de l’ordre de 30%, force est de constater que l’igname et la banane enregistrent une baisse de plus de 50%. Le présent article se propose d’analyser l’influence de la variabilité climatique sur la production des cultures vivrières, dans la région de Gbêkê de 1989 à 2018.

La démarche méthodologique adoptée se résume en deux étapes. La première porte sur l’analyse des variabilités pluviométriques à travers les indices CDD et les indices CWD, suivies de l’évolution de la production des cultures vivrières. La deuxième met en évidence la relation variabilité des pluies-production vivrière, à travers le coefficient de corrélation de Pearson

Au niveau des résultats, l’indice pluviométrique connaît une baisse avec une moyenne de 1098,02 mm. L’indice CDD montre une hausse de 1,82 jours consécutifs, sans pluie, de 1989 à 2018. Il est passé de 42,24 jours en 1989 à 44,16 jours en 2018. L’indice CWD enregistre une baisse de 2,65 jours de séquence consécutivement humide. Il est passé de 12,49 jours à 9,84 jours de 1989 à 2018. La corrélation à travers le test de Pearson entre la variabilité de la pluviométrie et la production du manioc est négative, tandis qu’avec l’igname et la banane, la corrélation est positive.

Abstract

Food crops are the base of food for the Ivorian rural population. But, in recent years, they have suffered the effects of climate variability, with a general drop in their production. If certain crops such as cassava adapt to the effects of this variability, with an increase in production of around 30%, it must be noted that yams and bananas have recorded a drop of more than 50%. This article aims to analyze the influence of climate variability on the production of food crops in the Gbêkê region from 1989 to 2018.

The methodological approach adopted can be summarized in two stages. The first relates to the analysis of rainfall variability through the CDD and CWD indices, followed by the evolution of the production of food crops. The second highlights the relationship between rainfall variability and food production, through the Pearson correlation coefficient. In terms of results, the rainfall index fell with an average of 1098.02 mm. The CDD index shows an increase of 1.82 consecutive days, without rain, from 1989 to 2018. It went from 42.24 days in 1989 to 44.16 days in 2018. The CWD index recorded a decrease of 2.65 days of consecutive wet streak. It went from 12.49 days in 1989 to 9.84 days in 2018. The correlation through the Pearson test between the variability of rainfall and the production of cassava is negative, while with yam and banana, the correlation is positive. 

Introduction

La question portant sur la variabilité climatique anime depuis des décennies, les débats dans le monde, en raison de leurs répercussions immédiates et durables sur le milieu naturel et sur l’homme (A. M. KOUASSI et al, 2010, p. 3). La pluviométrie joue un rôle considérable dans les cycles des cultures. Elle est l’élément capital qui conditionne et rythme les activités agricoles du monde rural. En Côte d’Ivoire, elle est une réalité, puisque le facteur déterminant, « la pluviométrie », subit une réelle modification (K. F. KOUASSI et al, 2015, p. 357). Certaines zones du pays enregistrent des déficits pluviométriques, ce qui entraine une baisse de la production agricole. Ce déficit pluviométrique observé sur plusieurs années consécutives s’est répercuté sur la production des cultures de rentes que sont le café et le cacao en provoquant une baisse considérable des productions agricoles (F.O. KANOHIN et al, 2012, p. 195).

La région de Gbêkê appartient au climat de régime équatorial de transition atténué. Il est caractérisé par deux saisons. La saison sèche, qui va sensiblement de novembre-décembre à février, et la saison des pluies qui va de mars-avril à octobre-novembre. Ces deux grandes saisons se subdivisent chacune en sous-saisons correspondant à différentes phases, entre le début et la fin de la période (Y. T. BROU et J. L. CHALÉARD, 2007, p.72). L’évolution interannuelle de la pluviométrie au cours des décennies est caractérisée par une alternance de périodes déficitaires et excédentaires. La région de Gbêkê s’inscrit désormais depuis le début des années 90 dans une séquence de faibles pluies (moyenne de 1007 mm/an), contre 1147 pour la période 1961-1989 (AFRISTAT et al, 2017, p. 21). L’agriculture étant essentiellement pluviale, la modification du régime des précipitations entraîne des perturbations agricoles qui ont des répercussions profondes sur les rendements. Ainsi, la relation d’influence entre climat et agriculture constitue une curiosité scientifique visant à comprendre les liens entre ces deux facteurs, dans un contexte de lutte pour une garantie de la sécurité alimentaire locale et nationale. L’étude se propose d’analyser l’influence de la variabilité climatique sur la production des cultures vivrières, dans la région de Gbêkê. L’atteinte de cet objectif passe par une méthodologie qu’il convient d’élucider.

1. Méthodologie 

1.1. Le cadre géographique de l’étude

Située au Centre-Nord de la Côte d’Ivoire, la région de Gbêkê s’étend sur une superficie de 10429 km2 soit 3,23% du territoire ivoirien. Elle est limitée au Nord par la région d’Hambol, à l’Est par la région d’Iffou, au Sud par la région de Bélier et à l’Ouest par les régions de Béré et Marahoué. Cet espace est composé de 771 villages, de 20 sous-préfectures et 04 départements, notamment Sakassou, Béoumi, Botro et Bouaké qui est le chef-lieu de région. La région de Gbêkê est située approximativement entre le 8e et le 6e parallèle et s’inscrit dans la zone dite zone de transition forêt savane, constituée d’une mosaïque de savanes, de forêts claires et de forêts denses semi décidues (figure 1).

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1.2. Matériels et méthodes

Trois types de données ont été utilisés pour mener cette étude : les relevés de pluies, les statistiques agricoles et les données qualitatives collectées auprès des chefs de ménage. Les pluies mensuelles et annuelles couvrant la période 1986-2017 de la station de Bouaké ont été utilisées afin d’estimer les caractéristiques de la variabilité de la pluviométrie de la région. Les données climatiques proviennent de la station météorologique de Bouaké et du site internet de la NASA (http://www.tamsat.org.uk). Les statistiques agricoles disponibles couvrant la période 2001 à 2018 ont été collectées auprès de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER), Direction Régionale de Bouaké. Trois types de cultures ont fait l’objet d’étude (l’igname, le manioc et la banane plantain). Le choix porté sur ces cultures s’explique par le fait qu’elles constituent les principales productions vivrières et les plus consommées des ménages de la région.

Dans cette étude, les méthodes d’analyse de la variabilité climatique ont porté sur le filtre passe-bas de Hanning d’ordre 1, les indices centrés réduits et l’analyse des indices CDD (le nombre de jours secs consécutifs) et des indices CWD (le nombre de jours humides consécutifs). Les enquêtes de terrain ont également complété ces données d’ordre quantitatif.

  • Indice pluviométrique

L’indice pluviométrique de Nicholson a été appliqué. Cette méthode met en évidence les périodes pluviométriques excédentaires et déficitaires. Cet indice se définit comme une variable centrée réduite exprimée par l’expression suivante :

Ii = Xi-Xσ    Avec : Ii = Indice annuel de la variable pluviométrique ; Xi = Cumul de l’année i étudiée, X = Moyenne pluviométrique sur la période de référence, 𝜎 = Valeur de l’écart-type de la variable sur la même période de référence.

  • Filtre passe-bas de Hanning d’ordre 1

La méthode filtre passe-bas de Hanning d’ordre 1, appelée aussi moyenne mobile pondérée, permet d’éliminer les variations saisonnières dans une série chronologique. Les totaux pluviométriques annuels sont pondérés en utilisant les équations suivantes recommandées par ASSANI (1999, p. 247) : X(t) = 0,06X(t-2) + 0,25X(t-1) + 0,38X(t) + 0,25X(t+1) + 0,06X(t+2)   (1)

Pour 3≤t≤ (n-2). Où X(t) est le total pluviométrique pondéré du terme t, X(t-2) et X(t-1) sont les totaux pluviométriques des deux termes qui précèdent immédiatement le terme t, et X(t+2) et X(t+1) sont les totaux pluviométriques des deux termes qui suivent immédiatement le terme t.

  • Analyse spatiale de la pluviométrie

Pour analyser les extrêmes de pluies, le procédé par le calcul des indices a été utilisé. Sur les 11 indices pluviométriques définis par la communauté des climatologues, deux ont fait l’objet d’analyse dans cette étude. Il s’agit des indices CDD (nombre maximal des jours consécutifs avec précipitations journalières < 1 mm) et des indices CWD (nombre maximal de jours consécutifs avec des précipitations journalières ≥1 mm). L’avantage d’utiliser ces deux indices pour la détection de la variabilité pluviométrique est qu’ils sont facilement compréhensibles et maniables pour des études d’impacts climatiques sur le plan socioéconomique. Afin d’apprécier le comportement dans l’espace des indices, leurs valeurs moyennes pour les différentes périodes (annuelles et saisonnières) ont été calculées. Les valeurs obtenues ont ensuite été interpolées par krigeages dans un SIG (logiciel Arc Gis 10.2).

  • Méthode d’impact de la variabilité pluviométrique sur la production agricole

Pour évaluer l’impact de la variation pluviométrique sur la production de l’igname, du manioc et de la banane plantain dans la région de Gbêkê, le coefficient de corrélation de Pearson a été calculé à travers le logiciel XLSTAT. Ce coefficient de corrélation permet d’établir la relation qui pourrait exister entre deux variables quantitatives X et Y, c’est-à-dire la production agricole et le facteur climatique. Il varie de +1 à -1. Si la relation (r) est comprise entre -1 et -0,5, alors X et Y sont liés par une relation forte et négative. Toute augmentation au niveau de X correspond à une diminution au niveau de Y. Si -0,5 ≤ r ≤ 0, alors X et Y sont liés par une relation faible et négative. Toute augmentation au niveau de X correspond à une diminution au niveau de Y. Si r = 0, alors il y a absence de relation linéaire entre X et Y. 0 ≤ r ≤ 0,5 alors X et Y sont liés par une relation faible et positive. Toute augmentation au niveau de X correspond à une augmentation au niveau de Y. 0,5 ≤ r ≤ 1 alors X et Y sont liés par une relation forte et positive. Toute augmentation au niveau X correspond à une augmentation au niveau de Y. Le choix des méthodes d’analyse ont permis de caractériser la variabilité des pluies et d’évaluer l’influence des effets de cette variabilité sur la production vivrière.

  • Enquête de terrain

Les enquêtes ont été menées dans les quatre départements de la région, avec deux sous-préfectures par département, soit 8 au total. Dans chaque département, 26 chefs de ménages ont été choisis de manière aléatoire. Au total, l’enquête a porté sur 104 chefs de ménage. Outre ces ménages, 20 personnes ressources reparties dans les structures telles que l’ANADER de Bouaké, les responsables des associations et des femmes, les chefs communautaires, etc., ont fait l’objet d’entretiens approfondis. Cette enquête d’ordre qualitatif, a été réalisée dans le but de recueillir les opinions des ménages sur leurs connaissances des impacts potentiels de la pluie sur la production vivrière et des stratégies mises en place pour faire face à cette situation.

Les résultats obtenus de cette investigation sont restitués en trois parties : la première partie fait mention de la variabilité pluviométrique. La seconde traite l’évolution de la production vivrière. Quant à la troisième partie, elle met l’accent sur l’impact de la variabilité pluviométrique sur la production vivrière.

2. Résultats

2.1. Une tendance baissière de la pluviométrie

2.1.1. Des indices pluviométriques annuels en régression

L’étude de la variabilité pluviométrique à partir des valeurs de l’indice de Nicholson et du filtre passe-bas de Hanning a permis de suivre les grands changements qui se sont opérés dans la région de 1986 à 2017. L’évolution interannuelle de la pluviométrie sur la période 1986-2017 est caractérisée par une alternance de périodes déficitaires et excédentaires. Il existe une irrégularité très grande des hauteurs de pluie (figure 2).

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Cette figure présente une variabilité de la pluviométrie de la région de Gbêkê. Les enregistrements de 1986 à 2017 montrent une tendance baissière très nette de la pluviométrie. Le maxima pluviométrique s’observe au niveau de l’année 2014, avec un indice pluviométrique de 3,39 soit 1891,7 mm alors que le minima est repéré au niveau de l’année 2015 (-2,83 soit 435,6 mm). Les indices pluviométriques donnent 1098,02 mm de pluie comme étant la moyenne pluvio-annuelle de ces 31 dernières années.

Les indices centrés réduits de la pluie annuelle de la région caractérisent l’alternance entre deux périodes déficitaires (1986 à 2005 et 2015 à 2017) et une période excédentaire de 2006 à 2014 avec une moyenne de 1317,3 mm. La période excédentaire est marquée par une année exceptionnelle : 2014 avec 1891,7 mm, soit un excédent de 72% par rapport à la moyenne de la période d’étude. Les périodes sèches observées de 1986 à 2005 et de 2015 à 2017 ont une moyenne interannuelle de 1012,21 mm, soit une baisse de 7,8% par rapport à la moyenne. Ces périodes sèches comprennent des années de sécheresse très marquées (1990, 1994, 2001 et 2015) qui enregistrent respectivement 901 mm, 901 mm, 797 mm et 435,6 mm soit 18%, 18%, 27% et 60% de déficit de pluie par rapport à la moyenne de la période d’étude. Toutefois, cette période est entrecoupée par quelques années humides (1987, 1996, 2000 et 2002). La température moyenne annuelle est de 28°C. Par ailleurs, depuis le début des années 80, on relève que cette région s’inscrit dans une séquence de faibles pluies.

2.1.2. Indices des jours consécutivement humides (CWD) et des jours consécutivement secs (CDD)

L’indice CDD détermine le nombre maximal des jours consécutivement secs. La planche 1 présente l’évolution des jours consécutivement secs de 1989 à 2018 dans la région de Gbêkê.

L’analyse montre une légère baisse de cet indice de 3,72 jours/an de 1989 à 2018. C’est pendant les années 1989 à 1998 qu’il y a eu de longues séquences sèches avec plus de 42,24 jours consécutifs sans pluie. La valeur minimale était de 32,20 jours dans cette décennie. Le plus petit nombre consécutivement sec est observé entre 1999 et 2008. Cette valeur est comprise entre 30,24 et 36,9 jours/an. Alors que les indices CDD de 2009 à 2018 donnent une séquence sèche de 38,52 jours (valeur maximale) et 26,72 jours (valeur minimale) dans la région de Gbêkê. Cela témoigne que les journées sèches consécutives dans le Gbêkê ont constamment diminué. La région connaît une disparité spatiale des périodes sèches au cours de la période 1989 à 2018. En effet, les départements de Bouaké, Béoumi et Botro enregistrent les plus grands nombres de jours consécutivement secs. S’agissant des indices CWD présentant le nombre maximal de jours pluvieux consécutifs (plus longue séquence de pluies) de 1989 à 2018 dans l’espace de Gbêkê, l’analyse présente une régression. La planche 2 montre la variation des épisodes humides de la région.

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On observe une légère tendance à la baisse, des jours consécutifs humides avec une faible fluctuation du nombre de jours et un maximum de 10,49 jours d’humidité continue de 1989 à 1998. Cette régression des indices CWD est moins prononcée au cours de ces trois décennies avec 1,01 jour/an de 1989 à 2018. Les valeurs de cet indice varient entre -1,19 et 10,49 jours de 1989 à 1998, entre 1,29 et 10,26 de 1999 à 2008 et entre 0,012 à 9,84 jours de 2009 à 2018. Les nombres de jours les moins élevés (9,84 jours) sont observés entre les années 2009 et 2018. L’analyse des données montre une seule phase d’évolution qui est caractérisée par une baisse apparente de l’indice CWD. Les mois les plus humides (mars, avril, mai et juin) ont connu une régression des hauteurs de précipitations, car la pluviométrie est passée de 1274,1 mm (1993-2000) et 1013 mm (2000-2010) à 999,3 mm (2010-2017). Du point de vue classificatoire, les départements de Bouaké et de Sakassou représentent les zones où, les plus longues séquences de pluies sont enregistrées durant ces décennies. Cependant, les départements de Béoumi et de Botro enregistrent les plus faibles séquences de pluies avec des valeurs souvent négatives

Cela se traduit par le fait que les précipitations en Côte d’Ivoire sont conditionnées d’une part, par le déplacement méridien du Front Inter Tropical (F.I.T), et d’autre part, par la migration du Jet d’Est d’Afrique Occidentale (J.E.A.O). Cette distribution spatiale s’explique par l’effet de continentalisation (Jet d’Est d’Afrique Occidentale), du fait de l’appauvrissement en eau de la masse d’air porteuse de précipitations au fur et à mesure de son avancée à l’intérieur des terres (A. A. ADAYÉ, 2016, p. 86).

Dans l’ensemble, la région de Gbêkê connaît une régression du nombre de jours des séquences sèches et du nombre de jours de séquences pluvieuse. Mais, cette modification du climat se manifeste ainsi par un raccourcissement des mois pluvieux et un prolongement des mois secs

2.2. Analyse de l’évolution de la production vivrière

La région de Gbêkê est l’une des grandes zones de production vivrière en Côte d’Ivoire. Les principales cultures vivrières sont : l’igname, la banane plantain, le maïs, le riz paddy et le manioc. La prépondérance du manioc, de l’igname et de la banane plantain dans la production agricole vivrière se remarque bien à l’échelle régionale. Au cours de ces deux dernières décennies, l’évolution de la production des vivriers est faite parallèlement à celle des superficies emblavées. Le niveau de production a connu une évolution remarquable, comme le présente cette figure 3.

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La production du manioc est passée de 117 947 tonnes en 2001 à 149 254,5 tonnes en 2018 soit un taux d’accroissement global de 26%. Spécifiquement, elle a connu une évolution progressive de 11 797 tonnes en 2001 à 155 819 tonne en 2006 soit une hausse de 144 022 tonnes. Par contre, de 2006 à 2011, elle a connu une régression, passant de 155 819 à 103 299 tonnes soit une baisse de 34%. A partir de 2012, la production du manioc enregistre une augmentation, mais avec une baisse constatée en 2016. 

Contrairement au manioc, le volume de production de l’igname connaît une forte régression de 2001 à 2018. Celui-ci est passé de 145 001 tonnes en 2001 à 89 083 tonnes en 2018, soit une baisse de 38,56%. De 2002 à 2007, sa production a connu une baisse de 32% (55381 tonnes). Même si l’on observe une légère augmentation en 2008, le niveau de production de l’igname a enregistré une régression de 2008 à 2010. Elle est passée de 159 256 à 100 102,75 tonnes, soit une baisse de 37%. À partir de 2011, l’on observe en général une légère augmentation mais avec des valeurs très faibles allant de 67 015 à 89 083 tonnes, soit une hausse de 32,92%. 

Également, la quantité de la banane plantain produite connaît une baisse de 2001 à 2018. Elle est passée de 29 392 tonnes en 2001 à 18 973 tonnes en 2018, soit une régression de 35%. De 2001 à 2010, sa production a diminué, passant de 29 392 tonnes en 2001 à 6 529,25 tonnes en 2018, soit une baisse de 78%. Cependant, de 2011 à 2018, elle augmente de 12 121,25 tonnes. Malgré cette hausse, la production de la banane est très faible par rapport à celle des deux autres féculents.

Même si, dans l’ensemble, les productions vivrières ont connu une légère hausse depuis 2011, on remarque qu’elles enregistrent un déclin ces dernières années, sauf le manioc. Cette baisse influe également sur la disponibilité alimentaire des ménages de Gbêkê.

2.3. Impact de la variabilité pluviométrique sur la production vivrière et les stratégies d’adaptation paysannes

2.3.1. Impact de la variabilité pluviométrique sur la production vivrière

Les indices pluviométriques annuels ont connu une fluctuation avec une tendance à la baisse, durant la série d’année 2001 à 2018. Cette évolution est marquée par des phases de baisse et de hausse des hauteurs pluviométriques et de la production vivrière (figure 4).

La figure met en relation l’évolution des indices pluviométriques et celle des productions vivrières. Dans l’ensemble, il est constaté que plus les indices pluviométriques sont élevés, plus la production de l’igname et celle de la banane plantain sont élevées. Et, lorsqu’ils sont en baisse, la production de ces cultures vivrières connaît aussi une régression. De 2002 à 2006, on observe une baisse de la pluviométrie puisqu’elle est passée de 1241,1 mm à 1141,8 mm pour seulement 10,26 jours consécutifs de séquences de pluies, mais avec une longue séquence sèche (39,9 jours). Sur ces périodes, il est constaté une baisse de la production de l’igname et de la banane de façon continue. Les productions sont passées de 168028 à 110316 pour l’igname et de 25392 à 15892 tonnes pour la banane, soit une baisse respective de 34% et 37%. Cela se justifie par le fait que l’igname se développe avec une pluviométrie supérieure à 1500 mm et la banane plantain a besoin d’une pluviométrie comprise entre 1100 à 1300 mm (N. R. YAO et al, 2013, p. 52, 56). Contrairement aux deux autres cultures, le manioc a besoin seulement d’une pluviométrie de 1000 mm. C’est pourquoi, à cette période, sa production connaît une phase ascendante. Elle est passée de 131290 tonnes à 155819 tonnes, soit une hausse de 18,68%.

Par ailleurs, la période 2008 à 2014 a été marquée par un excédent de pluie (une moyenne annuelle de 1339,94 mm) et une faible séquence de jours d’humidité (9,84 jours). La production de l’igname et de la banane enregistre une légère hausse de 2010 à 2014. Celle de l’igname a augmenté de 67015 à 74912 soit 11,78% d’inflation. Quant à la banane plantain, elle est passée de 6851,75 à 10854 tonnes soit une augmentation remarquable de 58%. À cette même période, la production du manioc enregistre aussi une hausse. Elle est passée de 103299 à 125922 tonnes, soit 22% d’augmentation.

Cette variabilité pluviométrique observée dans la région, affecte la production des cultures d’igname et de la banane plantain, puisque la corrélation entre la pluie et la production de l’igname-banane plantain est positive, respectivement forte (r = 0,6) et faible (r = 0,034). En effet, le déficit saisonnier d’avril à septembre, du fait de sa sensibilité au déficit hydrique impacte leur production. Quant à la culture du manioc, l’irrégularité des pluies ne constitue pas nécessairement un facteur limitant qui pourrait entraver sa production car le coefficient de corrélation est négatif (r = - 0,26). Cette situation est due aux différents cultivars qui s’adaptent de manière différente aux conditions climatiques de la région.

Dans l’ensemble, les séquences de jours consécutifs secs (CDD) au sein de la saison des pluies ont eu un effet négatif sur les produits vivriers. Les séquences sèches créent un manque d’eau au niveau de la plante. Quand elles interviennent au début ou en pleine saison de croissance, elles peuvent être à l’origine d’un faux démarrage de saison. Le nombre de jours pluvieux (CWD) détermine la durée des saisons pluvio-agricoles. Elle oriente les paysans dans le choix des variétés à cultiver. L’augmentation de la sécheresse liée à la variabilité pluviométrique, non seulement réduit les productions, mais accroît les difficultés de récolte. Cette situation porte directement atteinte au premier pilier de la sécurité alimentaire qui est la disponibilité du manioc. Face à cette vulnérabilité, les ménages agricoles adoptent des stratégies résilientes.

2.3.2. Quelques stratégies d’adaptation paysannes face à la variabilité pluviométrique

L’activité agricole est affectée par la variation des saisons, avec des pluies tardives et de courte durée. Pour y faire face, diverses stratégies résilientes sont développées. Il s’agit de la modification locale du calendrier agricole. Pour la culture d’igname, les paysans commencent les buttages, pendant la première pluie de la grande saison qui se situe dans le mois d’avril ou mai. Quant à celle du manioc, elle est mise en place de mars à octobre sans contrainte. Le désherbage intervient après deux à trois mois de la mise en terre des boutures. La récolte a lieu 6 à 18 mois après cette mise en terre, selon les besoins et la rapidité de maturation des variétés. La banane plantain est toujours complantée avec l’igname. Le planting est fait un ou deux mois après le buttage de l’igname. La récolte s’échelonne normalement sur toute l’année bien que l’on constate un déficit saisonnier d’avril à septembre du fait de sa sensibilité au déficit hydrique. Ces différentes méthodes culturales permettent de bénéficier de la variabilité du démarrage de la pluie, afin de mener à terme les travaux champêtres. Elles donnent aussi l’occasion aux semences cultivées de bénéficier d’une quantité suffisante de pluie pour leur développement.

De plus, les paysans ont adopté de nouvelles techniques culturales. Au niveau du manioc, la culture se fait désormais sur buttes, billons, enterrées ou inclinée (bouture entièrement enterrée en saison sèche et une partie couverte en période des pluies). Pour l’igname et la banane plantain, comme l’affirment 82% des enquêtés, la culture se fait en décalant le buttage et le planting. L’association des cultures figure parmi les stratégies résilientes. Dans certaines localités où, les conditions nécessaires pour la pratique agricole sont réunies, les producteurs locaux ont opté pour cette méthode, afin d’accroître leurs productions agricoles et de réduire la paupérisation à laquelle ils sont confrontées. Il s’agit des associations entre cultures vivrières ou des associations entre cultures vivrières et cultures pérennes. Les producteurs enquêtés (78,12%), estiment être satisfaits de cette pratique culturale. Elle leur permet d’atténuer les risques de faible production.

La monoculture du manioc gagne de plus en plus du terrain, dans cet espace d’étude. Son adoption répond aux besoins de la forte demande urbaine en manioc, qui nécessitent que des espaces soient entièrement dédiés à sa production. Aussi, des centres de recherches comme le Centre Nationale de Recherche Agronomique (CNRA) et le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA), vulgarisent de nouvelles variétés de manioc, d’igname et de rejet de banane, plus résistantes à la sécheresse et aux maladies. Il s’agit des variétés de manioc Yacé, Bonoua, Yavo, TMS4(2)1425, Bocou (1, 2, 3) et d’igname (florido).

Les investigations révèlent que 82,02% des producteurs de manioc ont opté pour les nouvelles variétés, vulgarisées dans le cadre d’un certains nombres de projets tels que le RAILS-DONATA (2008), WAAPP/PPAAO (2013-2014), PRARESP (2009-2015), le PUAPV (2016) et le PROPACOM (2017).

En dehors de ces stratégies, les paysans ont également diversifié leurs sources de revenu, par la mise en œuvre d’activités économiques complémentaires, non agricoles. Cette diversification des sources de revenu leur permet d’assurer la survie de leur famille. Dans cette région de Gbêkê, les producteurs ont modifié leurs habitudes alimentaires au fil du temps. Désormais, ils consomment d’autres aliments qui auparavant n’étaient pas intégrés à leur alimentation. En effet, l’igname était l’aliment de base de cette région. Toutefois, sa raréfaction les contraint désormais à se tourner vers des aliments moins préférés comme le riz, le manioc, le taro, la banane plantain.

3. Discussion

L’étude a montré une régression des indices pluviométriques dans la région de Gbêkê avec 0,12 mm/an. L’indice CWD a également connu une légère baisse de 1,01 jour/an. Aussi, a-t-elle montré que le nombre de jour des séquences sèches (CDD) est en baisse de 3,72 jours/an. Ces différentes tendances indiquent que la région enregistre une récession pluviométrique. Ces résultats sont similaires à ceux de R. BALLIET et al. (2016, p. 83). En effet, dans leur étude sur l’évolution des extrêmes pluviométriques dans la région du Gôh (Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire), ils ont montré que la région connaît une baisse des précipitations totales annuelles (PRCPTOT) et du nombre de jours de pluie. Ils corroborent aussi ceux de K.A. P. DIBI et al. (2015, p. 5) dans l’Est et le Sud et B. I. DIOMANDÉ et al. (2016, p. 148) au centre-Nord de la Côte d’Ivoire. Ces auteurs expliquent que l’évolution pluviométrique se traduit par une baisse avec une hausse exponentielle des températures dans ces régions. Ces similitudes du comportement des pluies seraient d’échelle planétaire, puisque la Bolivie (F. Laurent, 2007, p. 68, 69), le Sénégal (S. DIALLO et al, 2017, p. 712), le Bénin (J. B. K. VODOUNOU et al, 2016, p. 35, 36) enregistrent les déficits pluviométriques.

Cette situation du changement climatique par la baisse de la pluviométrique dans le Gbêkê a eu une conséquence négative sur la production vivrière (l’igname, le manioc et la banane plantain), car la plupart des spéculations est liée à la pluviométrie, surtout sa fréquence et sa distribution spatiale et aussi la longueur de la saison. Cela a été montré dans les études de N. R. YAO et al (2013, p. 53, 55, 56). Ils montrent que l’augmentation de la durée des saisons sèches et l’apparition de périodes sèches affectent significativement la mise en place des cultures d’igname, du manioc et de la banane plantain et réduisent les rendements. La réflexion menée par B. GOUÉ et N. R. YAO (1986, p. 11, 12) va dans le même sens, puisque la sécheresse réduit le taux de croissance pondérale, limitant ainsi la production de la plante. Les résultats de cette étude sont aussi similaires à ceux de F. O. KANOHIN et al (2012, p. 200). Ces derniers expliquent que dans le département de Daoukro, la production cacaoyère connaît une variabilité interannuelle importante causée en partie par la baisse et la mauvaise répartition des pluies au cours de l’année. La situation climatique a eu des impacts sur le développement de l’activité agricole qui a connu une irrégularité en termes de rendements.

Outre la baisse de la production de l’igname et de la banane, celle du manioc semble ne pas être trop affectée par cette variabilité pluviométrique, puisque sa production connaît une augmentation de 26%. Cela s’explique par la vulgarisation de nouvelles variétés améliorées qui sont très résistantes à la variabilité pluviométrique en cours. Cette tendance est conforme aux résultats de K.A. P. DIBI et O. H. J. AMON (2015, p. 10) dans l’Est et le Sud de la Côte d’Ivoire. Ils ont démontré que l’irrégularité des pluies ne constitue pas un facteur limitant qui pourrait entraver la production du manioc. Il s’adapte à la situation, puisque le niveau de production augmente et est supérieure à ceux des autres spéculations étudiées.

Face à la régression des pluies avec ces corolaires sur la production vivrière, les paysans ont adopté diverses stratégies allant du changement du calendrier cultural, à la modification des techniques culturales et l’adoption de nouvelles variétés résistantes. Ces résultats corroborent ceux de K. F. KOUASSI et al. (2015, p. 359) en Côte d’Ivoire, J. B. K. VODOUNOU et Y. O. DOUBOGAN, (2016, p. 50) au Bénin et S. Diallo et al. (2017, p. 711, 712, 713) au Sénégal. Ils ont montré que suite à la récession pluviométrique avec ses conséquences sur la production agricole, les producteurs ont développé des stratégies d’adaptation.

Conclusion

Cette étude a montré que la pluviométrie est perturbée dans la région de Gbêkê. L’analyse des indices pluviométriques de la région a montré une baisse générale. Cette régression des quantités de pluies est confirmée par les indices CDD et CWD. La relation entre l’évolution des indices pluviométriques et les productions (banane plantain et igname) a montré une dépendance positive, mais celle du manioc est négative. Cette situation affecte la production agricole et la sécurité alimentaire des ménages, en termes de faible production et d’insuffisance de vivriers. Face à ce problème, diverses stratégies résilientes sont développées, notamment la modification de calendrier de culture et des techniques culturales, l’adoption de nouvelles variétés améliorées.

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Auteurs

1Doctorant, Institut de Géographie Tropicale (IGT), Université Félix Houphouët Boigny de Cocody (Abidjan-Côte d’Ivoire), gabineffo@gmail.com

2Maître-Assistant, Institut de Géographie Tropicale (IGT), Université Félix Houphouët Boigny de Cocody (Abidjan-Côte d’Ivoire), adayeakoua@yahoo.fr

3Professeur Titulaire, Institut de Géographie Tropicale (IGT), Université Félix Houphouët Boigny de Cocody (Abidjan-Côte d’Ivoire), bikpoceline@yahoo.fr

 

 

 

Catégorie de publications

Date de parution
30 juin 2020