Espaces, Sociétés, Territoires

Le néré : de l’espace domestique vers un espace marchand dans la Région du Poro (au nord de la Côte d’Ivoire)

Introduction

Espèce typique des parcs agroforesteries, répandue dans les savanes soudaniennes, le néré dont le nom scientifique est le Parkia biglobasa présente de multiples usages et constitue une source inestimable de biens et services pour les communautés locales d’Afrique de l’ouest (S. SINA, 2006, p 6).  Dans la région du Poro, située au nord de la Côte d’Ivoire, les paysages agraires sont dominés par les parcs à karité (Vitellaria paradoxa C. F. Gaertn) et à néré (Parkia biglobosa Jacq Benth) (S. COULIBALY, 1978, p 34). La présence du néré dans les paysages agraires de la région montre l’attachement des populations à cet arbre. Des études ethnobotaniques de Parkia biglobasa ont été réalisées dans les pays de l’Afrique de l’ouest. Les aspects qui ont été les plus étudiés sont essentiellement l’aspect culturel du néré, l’identification des utilisations et la valeur nutritive de ses produits à partir des études de la phytochimie (A.S. TOURE, 2020, p 27). Une étude réalisée en Guinée (M. TOURE, 2018, p 11) a permis de mettre en évidence que le néré est un arbre du patrimoine. En Côte d’Ivoire et singulièrement à l’échelle de la région du Poro, peu de données existent sur le néré et sur ses modes d’exploitation.

Evolution des systèmes culturaux et dynamique des paysages ruraux dans l’Arrondissement de Nkondjock (Région Littoral-Cameroun).

Introduction

Avec l’accroissement continu et rapide de la population en Afrique subsaharienne, et les multiples crises (économiques, sociales et climatiques) qu’a connue cette partie du continent au cours des vingt-cinq dernières années, les questions d’intensification de l’agriculture et de la protection de l’environnement sont au cœur des préoccupations de développement (Milleville et Serpantié, 1994). En 2000 par exemple, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) constate que la production agricole a augmenté de façon soutenue. Cette croissance s’est faite principalement par l’expansion des surfaces cultivées et par l’utilisation d’une main d’œuvre agricole plus abondante, ce qui aura conduit à une relative augmentation des rendements (NEPAD, 2000). Les théories socio-économiques qui prennent en compte les paramètres démographiques et fonciers se trouvent en conséquence très sollicitées pour expliquer les mutations en cours dans les zones rurales.

Le Commerce alimentaire informel et stratégies de lutte contre le chômage dans la ville d’Adzopé

Introduction

La Côte d’Ivoire à l’instar de tous les pays du monde connait des problèmes sociaux d’envergures différentes. En effet, la Côte d’Ivoire est confrontée à plusieurs défis tels que le chômage, la santé, l’éducation, la lutte contre la pauvreté et l’emploi (KOUADIO, 2016, p12). Selon le Rapport National sur le Développement Humain (RNDH) (2013), le pays était classé au 116° rang sur 177 pays retenus sur l’indice de développement humain. Depuis 1980, le pays lourdement frappé par la crise économique a vu les conditions de vie de sa population se détériorer progressivement TOH et KOUYATÉ (2009, p10). Suite à cette crise, le taux de chômage est passé de 8,9% en 1998 à 13,1% en 2002, puis de 15,7% en 2008 avant de descendre à 9,4% en 2012 RNDH (2013). 

La Région des Grands ponts à proximité d’Abidjan : chances et risques

Introduction

Le système productif ivoirien est caractérisé par une hégémonie de la ville d’Abidjan dans le réseau urbain. Cette suprématie est facteur de croissance, mais pose problème pour la ville elle-même et pour ses périphéries. Les espaces situés à proximité de la métropole d’Abidjan sont ainsi marqués par des externalités positives et négatives qui sont à ce jour peu ou mal connues.

La coopération policière et la sécurité des espaces transfrontaliers en Afrique centrale : le cas de la région des "trois frontières" Cameroun, Guinée-Equatoriale, Gabon

Introduction

Ce texte interroge la coopération policière de l’Afrique centrale, dans ses rapports à la sécurité des espaces transfrontaliers, en ciblant celui constitué par les portions des territoires du Cameroun, de la Guinée-Equatoriale et du Gabon, communément désigné région des "trois frontières". Il convient au préalable de souligner qu’une coopération policière est

 « (…) un ensemble convergent des activités des polices nationales qui, motivées généralement par les mêmes enjeux de sécurité, ont décidé, dans un cadre réglementaire, d’une collaboration qui les engage, à la fois, dans leurs missions générales, de prévention et d’investigations. Il s’agit, respectivement, de simples contrôles administratifs, des échanges d’informations, des opérations conjointes de recherches et d’arrestations. » (S. MEYE NDONG, 2020, p. 341).

Système de commercialisation du cacao dans la Sous-préfecture de Méagui (sud-ouest de la Côte d’Ivoire)

Introduction

Pratiqué à l’origine en Amérique Central et en Amérique du Sud, le cacao s’est répandu sur plusieurs continents (F. HÜTZ-ADAMS et al, 2016, p. 7, E. Freud et al, 2000, p 14). Parmi les continents qui abritent les foyers de production du cacao, l’Afrique de l’Ouest représente plus de (80%) de la production mondiale soit 3,47 millions de tonnes (A. FOUNTAIN, F. HUETZ-ADAMS, 2020, p. 12). La Côte d’Ivoire, depuis la fin des années 1970, est à la tête du peloton des producteurs et exportateurs de cacao (J. ESSO, 2009, p. 5). La filière cacao est l’une des principales sources de revenu et contribue à environ 10% du produit intérieur brut représentant (30%) des recettes d’exportations du pays (R.  AMARI, 2012, p. 12).

Approvisionnement en viande des espaces de vente de porc au four de la ville de Bouaké et production porcine locale

Introduction

L’alimentation des populations urbaines demeure une question cruciale et d’actualité dans un monde de plus en plus urbain. En effet, la population urbaine est passée de 30 % des habitants de la planète au milieu du XXème siècle à la moitié de la population mondiale en 2007 (J-P. PAULET, 2017, p. 3) à 57% d’urbains en 2021 (BANQUE MONDIALE, 2021). Sous l’insigne de la durabilité urbaine définie comme « une démarche et un processus qui engagent tous les représentants de la société, des décideurs à la population, et qui impliquent fondamentalement la négociation entre différents acteurs sociaux comme base d’un projet urbain » (F. LIEBERHERR-GARDIOL, 2007, p. 376), l’on assiste au retour en milieu urbain des productions alimentaires végétales et animales dans les pays du Nord (A. BAYSSE-LAINE, 2017) et à la pérennisation de ces productions dans et autour des villes des pays du Sud (K. KONAN, 2017 ; O. ROBINEAU, 2018) dans un « mouvement d’institutionnalisation et de massification du consommer local » qui prend de l’ampleur (D. CONARE et N. BRICAS, 2021, p. 228 ; A. BOUREIMA, 2020, p. 3).

Dynamique urbaine et problématique des équipements sanitaires dans la ville de Gagnoa (Côte d’Ivoire)

Introduction 

Après soixante années d’existence, l’urbanisation de la Côte d’Ivoire est passée d’un faible niveau à une position explosive et remarquable (B. C. ZANOU et D. YEO, 2001, p.10). En effet, de 2,1% en 1921, puis 12,5% en 1955, le taux d’urbanisation de la Côte d’Ivoire atteint 42,5% en 1998, Ce taux d’urbanisation est estimé à 49,7% en 2014 (INS, 2014). Dans le même temps, la population urbaine est passée progressivement de 2 146 293 habitants en 1975 (RGP, 1975) à 4 220 000 habitants en 1988 et à 8 383 000 habitants en 1998 (INS, 1988 et 1998) (J.L. BOUTILLIER, 1971, p.3 et B. C. ZANOU, 2010, p.2). En 2014, la population urbaine est estimée à 11 408 413 habitants soit 50,3% de la population totale (INS, 2014). Aussi, le taux de croissance urbaine qui tourne actuellement autour de 2,55% était   de 5% par an avant l’indépendance, de 32% en 1975, de 39% en 1988 et de 42,5% en 1998. Le taux de croissance des villes de l’intérieur pendant cette période était de l’ordre de 7,5% par an et à 10,5% pour la seule ville d’Abidjan.  (INS, 2014 et S.N. BOHOUSSOU, 2014, p.40).

Analyse de la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs dans une société à tradition « non-éleveur » : exemple du Département d’Attiégouakro (District de Yamoussoukro, Côte d’Ivoire)

Introduction

La gestion des ressources naturelles constitue un des défis les plus importants auxquels sont confrontés les pays en voie de développement (J. J.Y. KOFFI, 2013, p.101 et B.K. KOUASSI, 2019, p. 297). Cette gestion est encore plus problématique quand il s’agit de la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs. De 1969 à 1974, les pays sahéliens ont connu une grande sécheresse qui a provoqué un afflux massif d’éleveurs peulhs vers la Côte d’Ivoire à la recherche d’eau et de pâturage MINARA (1999, p. 21) et (M. N. K. YOMAN, 2016, p. 209). Cette transhumance n’est pas sans conséquence sur les régions d’accueils surtout à tradition non éleveur. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette réalité régionale. En effet, elle a connu au cours de ces dernières décennies une forte variabilité annuelle et spatiale de la pluviosité. Cette variabilité climatique s’inscrit dans le phénomène général de la sécheresse observée depuis 1970 en Afrique de l’Ouest (M. OUEDRAOGO, 2001, p. 111). C’est le cas du département d’Attiegouakro où l’avènement des éleveurs va faire naitre une pluralité d’utilisateurs des ressources pastorales.

Plantes médicinales et prise en charge communautaire de la gale chez les populations de Yopougon

Introduction

La gale ou scabiose (de galla, « galle », ou de scabies, « gale ») est une maladie infectieuse de la peau causée par un parasite de type acarien microscopique, le sarcopte (Sarcoptes scabiei). Selon le sous-type de ce parasite, on distingue la gale humaine, spécifique de l'Homme, et les gales spécifiques d'autres mammifères. La gale humaine, objet de notre étude, est l’une des affections dermatologiques les plus fréquentes, représentant une part importante des maladies de peau dans les pays en développement. L’infestation par la gale peut se compliquer d’une infection bactérienne, provoquant des lésions cutanées qui, à leur tour, peuvent entraîner des conséquences plus graves telles qu’une septicémie (présence de bactérie dans le sang), une cardiopathie ou une insuffisance rénale chronique.

La gale existe dans le monde entier et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2022) estime à plus de 200 millions le nombre de personnes touchées par cette maladie. Toutefois, ce sont les groupes les plus vulnérables, les jeunes enfants et les personnes âgées des communautés défavorisées- qui sont particulièrement exposés à la gale et aux complications secondaires de l’infestation. Dans les régions défavorisées, jusqu’à 10 % des enfants sont atteints de cette affection (OMS, op cit).