Lamto : maillon important du réseau d’aires protégées en Côte d’Ivoire, classé essentiellement pour la recherche scientifique

Résumé

En Côte d’Ivoire, les aires protégées (AP) constituent l’instrument que s’est donné l’État pour redorer sa couverture forestière assez dégradée par les activités humaines. Cependant, la réserve de Lamto constitue une particularité car créée essentiellement pour soutenir la recherche scientifique. À partir d’une prospection menée par deux scientifiques français en 1961, l’existence de la réserve ne sera confirmée que sept ans après, c'est-à-dire en 1968. Elle compte en son sein deux stations de recherches. La station de recherche en Écologie et la station de recherche en Géophysique. La station d’écologie est gérée par le Centre de Recherche en Écologie (CRE) de l’Université Nangui Abrogoua. Quant à la station de Géophysique, elle est intégrée à un réseau international de suivi des séismes. La réserve doit sa création à la présence de la station d’Écologie pour les besoins de recherche du laboratoire, d’où le nom de réserve scientifique de Lamto. Cet article a pour objectif de montrer l’importance de la réserve de Lamto au sein du réseau des AP de la Côte d’Ivoire.  La recherche documentaire, les observations de terrain et les entretiens ont montré que cette AP présente des particularités naturelles qui constituent un atout pour la recherche scientifique et la protection de l’environnement. Grâce à sa situation sur la limite de la forêt et de la savane, elle est dotée d’une richesse faunistique et floristique impressionnante qui sert de support à la recherche et à la formation. C’est un réservoir exceptionnel de biodiversité car elle abrite plusieurs espèces en danger. Environ mille cinq cents (1500) thèses et publications scientifiques sont produites sur Lamto. De plus, une zone de savane de100 hectares est mise en protection contre les feux de brousse depuis 1962 pour les besoins de la recherche sur la dynamique de la savane en dehors des feux.

Abstract

In Côte d’Ivoire, protected areas (PA) are the state’s tool for restoring its forest cover, which has been fairly degraded by human activity. However, the Lamto reserve is a special case, created essentially to support scientific research. Although two French scientists carried out a survey in 1961, the reserve’s existence was not confirmed until seven years later, in 1968. It has two research stations. The ecology research station and the geophysics research station. The ecology station is managed by the Ecology Research Centre (CRE) at Nangui Abrogoua University. As for the geophysical station, it is part of an international earthquake monitoring network. The reserve owes its creation to the presence of the ecology station for the laboratory’s research needs, hence the article is to show the importance of the Lamto reserve with in the network of Pas in the Ivory coast. Documentary research, field observations natural features that constitute an asset for scientific research and environmental protection, thanks to its location on the boundary between the forest and the savannah, it is endowed with a wealth of biodiversity. It is exceptional reservoir of diversity because it is home to several endangered species. Around one thousand five hundred (1500) theses and scientific publications are made about Lamto. Moreover, a 100 hectares savanna area is protected against bush fires since 1962 for the research needs about savanna dynamic out of fires.

Introduction

Les AP de Côte d’Ivoire comprennent les parcs nationaux et les réserves naturelles. Elles constituent l’instrument que s’est donné l’État pour redorer sa couverture forestière assez dégradée par les activités humaines. La création d’AP est aujourd’hui reconnue comme un outil fondamental pour parvenir à la protection de l’environnement en général et des écosystèmes en particulier (K. O. DIEN, 2018, p. 94).

Selon la loi n°2002-102 du 11 février 2002 relative à la création, à la gestion et au financement des parcs nationaux et des réserves naturelles du pays, l’AP est une portion de terre, de mer, de rivière et/ou de lagune géographiquement délimitée qui est définie, réglementée et gérée pour la protection et le maintien du patrimoine naturel et culturel (RCI, loi n0 2002-102 :2). Partant de cette définition, l’on peut retenir que l’objectif assigné aux AP en Côte d’Ivoire est la protection et le maintien du patrimoine naturel et culturel.

Le volet scientifique qui a été à la base de la création de certaines réserves comme Lamto n’est pas mis en exergue. En effet, Lamto est une aire de forêt et de savane protégée spécialement créée pour soutenir la recherche scientifique. Elle a été fondée par deux scientifiques français, Maxime Lamotte de l’École Normale Supérieure (ENS) de Paris et de Jean-Luc Tournier, Directeur de l’Institut Fondamental pour l’Afrique Noire (IFAN). La réserve doit son nom Lamto à ces deux fondateurs : Lam=Lamotte et To=Tournier. Commencée en 1961 par une prospection dans le but de trouver un site favorable à conduire la recherche sur la structure et le fonctionnement des biocénoses herbacées qui avait débuté depuis 1942 sur les prairies d’altitude du Mt Nimba, ce site a été choisi grâce à sa situation géographique et la variété de ses milieux herbacés (R. VUATTOUX et L. ABBADIE, 1996, p.62). Lamto revêt donc un intérêt tout particulier parmi les AP. Sa diversité biologique et la recherche scientifique effectuée font de Lamto une AP à haute valeur de conservation. Cependant, à l’instar de toutes les AP cette diversité biologique est de plus en plus menacée par les populations riveraines.

Plusieurs chercheurs dont A. N’GUESSAN confirment que les forêts en Côte d’Ivoire sont en danger, les parcs nationaux, les réserves et les forêts classées sont menacés de disparition. Dans ce contexte de dégradation généralisée Lamto doit faire l’objet d’une politique spéciale de conservation. Cette présente étude qui se veut une contribution aux efforts de conservation de la biodiversité de cette réserve a pour objectif de mettre en lumière l’importance de la réserve de Lamto afin que des actions particulières soient menées pour sa sauvegarde.

Catégorie de publications

Date de parution
31 déc 2023