Côte d’Ivoire

Urbanisation de la Côte d’Ivoire : analyse spatiale de la dynamique urbaine des origines à nos jours

Introduction

L’urbanisation est un phénomène historique qui traduit une modernisation des sociétés humaines (MEMPD, 2006, p. 71). Elle est caractérisée par une création de villes dont la dynamique se manifeste par une poussée démographique et territoriale. Créés à partir de comptoirs commerciaux et de postes militaires pour les besoins de l’exploitation et l’administration de la colonie (1893-1955), les villes de Côte d’Ivoire ont connu après l’indépendance (en 1960), un accroissement rapide. Ainsi, en un demi-siècle, le nombre de villes a-t-il été multiplié par 50 (de 10 en 1955 à 512 en 2018) et la population urbaine multipliée par 34 (de 331 000 en 1954 à 11 408 413 en 2014) selon le MEMPD (2006, p.73), et l’INS (2014). Depuis 2014, 50,3% de la population ivoirienne sont urbanisés (INS, 2014). Mais, si l’urbanisation s’appuie sur une croissance des villes anciennes et une érection de grosses bourgades en centres administratifs, la création, la répartition et l’évolution des villes sur le territoire révèlent des déséquilibres qui interrogent sur la politique urbaine nationale. Comment s’opère la dynamique urbaine sur le territoire ivoirien ? Qu’est-ce qui explique les disparités spatiales qui accompagnent l’urbanisation du pays ? Telles sont les questions auxquelles le présent article tente de répondre.

Se loger, une entreprise contraignante aux impacts sociaux et spatiaux perceptibles à Korhogo (nord de la Côte d’Ivoire)

Introduction

L’urbanisation de l’Afrique connaît un essor spectaculaire. De 14,5 % en 1950, le taux d’urbanisation a atteint 40 % en 2010, et sera de 61,60 % en 2050 (ONU, 2015). En Côte d’Ivoire, de 5 % en 1950, le taux d’urbanisation est passé à 32 %, 39 % et 42,5 % respectivement en 1975, en 1988 et en 1998 pour atteindre 50,3 % en 2014 (RGP, 1975 ; INS, 1988, 1998 et 2014). Aujourd’hui, un ivoirien sur deux réside en ville. Ce processus d’urbanisation semble affecter toutes les villes du pays. La ville de Korhogo, capitale régionale du nord de la Cote d’Ivoire, connait de plus en plus une forte croissance démographique. La population urbaine est passée de 142 039 habitants en 1998 à 243 048 habitants en 2014, soit une progression globale de 71 % (INS, 2014). Les lotissements s’ouvrent sur des espaces ruraux et agricoles périphériques pour faire face à la forte demande de terrain à bâtir. C’est ainsi que, de 2 500 ha en 1985, la superficie urbanisée de la ville de Korhogo est passée à 3 300 ha en 2000 pour atteindre 8 700 ha en 2016 (Y.S.K. KOFFI, 2017, p. 1). Avec le nombre de plus en plus important des nouveaux arrivants, les structures d'accueil de la ville sont largement dépassées : la demande de logement a explosé alors que l'offre reste faible. De ce fait, la problématique du logement est une préoccupation majeure à Korhogo.

Populations, autorités locales et développement durable à Sassandra (littoral sud-ouest de la Côte d’Ivoire) : un examen de la gouvernance environnementale

Introduction

Dans la définition normative du concept de gouvernance donné par la Banque mondiale vers la fin des années 1980, celui-ci correspond à une situation idéale de bonne administration (J.C. Nguinguiri, 1999, p.2). Ramenée à l’environnement, la gouvernance est définie comme un comportement collectif visant à une meilleure prise en compte de l’environnement (C. Beaurain, 2004). Prise dans ce sens, la gouvernance environnementale se situe en droite ligne de la logique du développement durable puisqu’elle favorise une meilleure gestion des ressources pour le bien non seulement des générations actuelles, mais aussi des générations futures (D. M. B. Backouyanga, 2013, p.62). C. Beaurain (Op. Cit.) affirme, à cet effet, que le thème de la gouvernance semble depuis quelques années irréductiblement lié à la réalisation du développement durable et plus précisément aux interrogations de nature sociétale sur les problèmes environnementaux. Par ailleurs, pour O. Godard (2004, p.314), le plus important dans le concept de gouvernance environnementale, c’est le « jeu de gestion multi-acteurs» qu’elle suppose c’est-à-dire la multiplicité d’acteurs. Actuellement, la tendance est à la participation de tous les acteurs concernés dans les projets de développement et par conséquent de gestion de l’environnement. Ces acteurs sont notamment l’État, le privé, la société civile, les populations et les « partenaires au développement (D. M. B. Backouyanga, 2013, p.52).