Les mauvaises pratiques en matière d’évacuation des eaux usées, excréta et eaux pluviales constituent le problème environnemental majeur dans la ville de Grand-Bassam. Le déficit d’ouvrages d’assainissement collectif a poussé les populations à mettre en place une hygiène de proximité à travers des infrastructures n’obéissant pas aux normes de construction dans une zone à faibles pentes (moins de 1 %). Cette étude vise analyser les risques sanitaires induits par la défaillance des systèmes d’assainissement dans la ville de Grand-Bassam. Pour atteindre cet objectif, la méthodologie s’est appuyée sur la recherche documentaire, l’enquête de terrain et l’observation directe le tout selon une démarche à la fois systémique et écologique. L’étude a porté sur un échantillon de 200 chefs de ménages repartis selon les ensembles constitués par les quartiers de la ville. Les résultats montrent que les pratiques dangereuses d’une hygiène de proximité très défaillante mise en place par les ménages augmentent les risques sanitaires. 47,83% des ménages évacuent leurs eaux usées dans des fosses uniques qui constituent un fort potentiel de pollution de l’environnement, 26,47% ont des fosses d’une profondeur inférieure à 1,5 m, 66% des fosses septiques des ménages de la ville de Grand-Bassam ont leurs parois non étanches facilitant l’infiltration des eaux usées contenant des excréta dans le sol. Les populations sont ainsi plus vulnérables aux maladies environnementales (74,81% des cas paludisme) et autres gastro-entérites (diarrhée 13,15%, fièvre typhoïde 6.28%), 12.85% IRA. Cette étude montre que ces maladies sont exacerbées par les pratiques à risque des populations et la particularité topographique du site.
The poor management of sewage, faeces and rainwater is a major environmental problem in the city of Grand-Bassam. The lack of collective sanitation facilities has led the population to introduce local hygiene through infrastructures that do not comply with construction standards in an area with gentle slopes (less than 1%). The aim of this study is to analyse the health risks caused by the failure of sanitation systems in the city of Grand-Bassam. To achieve this objective, the methodology was based on documentary research, field surveys and direct observation, using a systemic and ecological approach. The study involved a sample of 200 heads of households, divided into the different neighbourhoods of the city. The results show that the dangerous practices of poor local hygiene adopted by households increase health risks. 47.83% of households dispose of their waste water in individual pits with a high potential for environmental pollution, 26.47% have pits less than 1.5 m deep, and 66% of household septic tanks in the city of Grand-Bassam have leaky walls, making it easier for waste water to seep into the ground. The population is therefore more vulnerable to environmental diseases (74.81% of malaria cases) and other gastroenteritis (diarrhoea 13.15%, typhoid 6.28%), 12.85% ARI. This study shows that these diseases are exacerbated by the high-risk practices of the local population and the particular topography of the site.
Introduction
Dans les pays en voie de développement, on assiste à une défaillance du système d’assainissement marqué par une inégale répartition spatiale du réseau collectif très souvent concentré dans le centre-ville. Ce constat est fait également par E. GASPYISI (1987), qui note que dans plusieurs villes africaines, les réseaux d’évacuation n’existent que dans les centres « modernes » et sont quasi insuffisants.
Selon l’OMS, (1995, p. 3), l’assainissement est une démarche visant à améliorer la situation sanitaire globale de l'environnement en supprimant toute cause d'insalubrité. Grand-Bassam est un terrain idéal pour l’étude des rapports entre environnement et risques sanitaires. Le milieu écologique dans lequel est installée la ville nous donne les raisons de problématiser son rapport avec la santé. La ville de Grand-Bassam présente un site à relief plat développé sur des sables quartenaires à forte porosité, mais où la nappe phréatique est peu profonde et où les marécages sont très étendus (E. ROOSE, 1966, p. 59). Cette dominance des marais et des eaux lagunaires laisse supposer que le milieu naturel est un facteur à risque de la santé de la population. La ville est confrontée à un déficit d’assainissement qui diffère selon la structuration des quartiers et elle est régulièrement sous les eaux pluviales. Les populations, face à cette absence d’assainissement collectif, ont mis en place une hygiène de proximité qui est elle-même fort défaillante. Cette défaillance se matérialise aussi bien par un dénuement en infrastructures, une stagnation longue des eaux pluviales, que par la prolifération de fosses qui ne respectent pas les normes de construction. Cet instrument d’assainissement autonome qui reste non conventionnelles pose le problème de la pollution diffuse difficilement maîtrisable et le risque de sanitaire encouru par les populations de la ville de Grand Bassam.
Cette étude a pour objectif d’analyser l’impact de la défaillance du système d’assainissement collectif sur la santé des populations de la ville de Grand Bassam.