Les planteurs migrants de retour et le développement de l’habitat dans la sous-préfecture de Bocanda (Centre est de la Côte d’Ivoire)

Résumé

Suite au déclin de l’économie de plantation du café-cacao dans la région à la fin des années 1970, la sous-préfecture de Bocanda a été le théâtre de migration vers les nouvelles zones pionnières de ce binôme. Dès les années 1990, l’on a assisté au retour de façon périodique ou définitive de certains de ces migrants. D’autres participent au développement de l’habitat. Cette étude vise à montrer la contribution des planteurs migrants de retour de la sous-préfecture de Bocanda dans le développement de l’habitat dans leurs localités respectives. Les résultats proviennent des enquêtes dans 30% des localités de la sous-préfecture, auprès de 140 planteurs migrants de retour tirés par boule de neige. Des entretiens auprès des personnes ressources ont été faits. Il ressort des investigations que 59% des planteurs migrants de retour ont contribué à la construction d’habitats modernes dans la sous-préfecture de Bocanda ; 43% ont participé aux financements des infrastructures et équipements d’intérêt public. Les résultats indiquent également que parmi ces promoteurs d’habitations, 60% ont bâti avant leur retour définitif contre 20% après le retour définitif. Concernant les réalisations de bien commun, 72% ont contribué durant leurs retours périodiques contre seulement 28% qui ont participé au financement durant leurs retours définitifs. Ces investissements connaissent un ralentissement après le retour définitif de ces acteurs de développement local. L’on a enregistré 20% de baisse pour la construction de logement et 44% pour le financement des projets d’intérêt communautaire.

Abstract

Following the decline of the coffee-cocoa plantation economy in the region at the end of the 1970s, the sub-prefecture of Bocanda was the scene of migration towards the new pioneer areas of this pair. Since the 1990s, we have witnessed the periodic or permanent return of some of these migrants. Others participate in housing development. This study aims to show the contribution of migrant planters returning from the sub-prefecture of Bocanda in the development of housing in their respective localities. The results come from surveys in 30% of localities in the sub-prefecture, with 140 returning migrant planters drawn by snowball. Interviews with resource people were carried out. Investigations show that 59% of returning migrant planters contributed to the construction of modern housing in the sub-prefecture of Bocanda; 43% participated in the financing of infrastructure and equipment of public interest. The results also indicate that among these housing developers, 60% built before their final return compared to 20% after the final return. Regarding common good achievements, 72% contributed during their periodic returns compared to only 28% who participated in financing during their final returns. These investments slow down after the definitive return of these local development actors. A 20% drop was recorded for housing construction and 44% for the financing of projects of community interest.

Introduction 

À l’instar des pays de l’Afrique subsaharienne, l’économie de la Côte d’Ivoire est basée sur l’agriculture. Le binôme café-cacao est la mamelle de ce pays au point où les régions de production de ces cultures agricoles constituent des foyers d’immigration (S. Y. KONAN, 2009, p.32 ; S. YEO, 2017, p.41). L’agriculture est basée sur des pratiques traditionnelles (FAO, 2005, p.3). Les  planteurs de la première boucle de café-cacao (centre-est du pays) furent contraints de migrer vers le sud et l’ouest forestier à la recherche de zones pionnières suite au déclin de cette économie dans leur zone vers la fin des années 1970 (M.C.U. 1987 cité par K.A.KOFFI, 2019, p.16). Quoique migrants, la mise en valeur de leur lieu d’origine demeure l’un des objectifs de ces planteurs. Le retour au foyer constitue également l’un de leurs projets. Les paysans ressortissants de la sous-préfecture de Bocanda, circonscription faisant partie de la première boucle de cacao-café ne font pas exception (N. J. ALOKO et Y. F. KOUASSI, 2014, p.477-748). Ces paysans sont considérés comme des aristocrates dans leurs communautés d’origine (K. A. KOFFI, 2019, p.234).  Pour ce faire, il convient de se poser la question suivante :

Quel est le niveau de participation des planteurs migrants de retour au développement de l’habitat dans la sous-préfecture de Bocanda ?  L’objet de cette étude vise à montrer la contribution des planteurs migrants de retour dans le développement de l’habitat. Comme objectifs de recherche, il s’agit de :

-Déterminer le niveau de la participation des planteurs migrants de retour de la sous-préfecture de Bocanda dans le développement de l’habitat ;

- Analyser la période privilégiée de la participation des planteurs migrants de retour au développement de l’habitat dans la sous-préfecture de Bocanda.

La Sous-préfecture de Bocanda est située au Centre-Est de la Côte d’Ivoire entre le 7°4’60’’ N et le 4°19’60’’W.  Elle couvre une superficie de 800 Km² (Monograhie de la Sous-préfecture de Bocanda, 2015). Sa population est estimée à 59 242 habitants (INS, 2021). La figure 1 montre la localisation de  l’espace d’étude.

Catégorie de publications

Date de parution
30 sep 2023