Située dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, la Sous-préfecture de Daloa compte 319 427 habitants dont 23, 19% vivent en milieu rural (INS, 2014). Les populations éprouvent d’énormes difficultés à accéder aux soins de santé malgré l’instauration d’une couverture d’assurance maladie depuis 2011. Cette circonscription administrative reconnue comme une zone endémique à l’ulcère de Buruli, n’est pas épargnée par d’autres maladies dont la plus importante est le paludisme. Il se présente en effet comme la première cause de décès dans le district sanitaires de la zone avec une proportion de 23% (District sanitaire de Daloa, 2016, p.32). L’étude a pour objectif de montrer l’impact des assurances maladies sur l’accès aux soins de santé dans les localités rurales de la Sous-préfecture de Daloa. L’exploitation des données démographiques, des registres de consultation et l’entretien avec les populations ont permis d’avoir des données nécessaires à la réalisation de cet article. Les résultats de l’étude montrent que les taux d’utilisation (40,56%) et de fréquentation (32,50%) aux services de santé demeurent faibles. La raison de l’inaccessibilité aux assurances maladies explique ces faibles taux. Nos résultats révèlent également que les ruraux ont recours à la médecine traditionnelle et à l’automédication (26,94%).
Mots-clés
Located in the centre-west of Côte d'Ivoire, the sub-prefecture of Daloa has a population of 319,427, 23.19% of whom live in rural areas (INS, 2014). The population experiences enormous difficulties in accessing healthcare despite the introduction of health insurance cover since 2011. This administrative district is recognised as an endemic area for Buruli ulcer, but is not spared from other diseases, the most important of which is malaria. Malaria is the leading cause of death in the health district, accounting for 23% (Daloa Health District, 2016, p.32). The aim of the study is to show the impact of health insurance on access to healthcare in the rural localities of the Daloa sub-prefecture. Demographic data, consultation registers and interviews with the population provided the data required for this article. The results of the study show that the rates of use (40.56%) and attendance (32.50%) at health services remain low. The reason for these low rates is inaccessibility to health insurance. Our results also show that rural people rely on traditional medicine and self-medication (26.94%).
Introduction
La protection de la santé constitue l’un des piliers de la protection sociale (R. TRAUB-MERZ et M. ÖHM, 201, p.2). Or, la protection sociale s’appréhende comme un ensemble de dispositifs d’accompagnent permettant à chaque individu de faire face tout au long de sa vie en cas de maladie. Parmi ces dispositifs, se trouve l’assurance maladie qui se définit comme une opération par laquelle une personne s’engage à la réalisation d’une prestation dans le cadre d’un contrat (OIT, 2019, p.85). C’est aussi une branche de sécurité sociale chargé d’assurer la totalité ou la partialité d’un individu des dépenses de soins en cas de maladie. L'assurance maladie est un mécanisme contributif, chargé d'assurer l'individu une protection face à des risques financiers de soins en cas de maladie. Elle est à cet effet conçue pour alléger la charge financière gérée par une altération de la santé, qu'elle soit causée par une maladie ou un accident. Dans la plupart des pays occidentaux, une grande partie de l'assurance maladie est prise en charge par l'État.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement offrait gratuitement les soins les médicaments aux populations de 1960 à 1980. Mais, à partir de 1980, suite à la suite de la crise économique, l’Etat va abandonner la politique de gratuité et adopter pour une participation communautaire au développement sanitaire avec la tarification et le recouvrement des coûts de santé (Initiative de Bamako en 1987). Avec la fin de l’état de providence, seuls les fonctionnaires et les travailleurs du secteur privé bénéficient d’une protection sociale. Les autres catégories de populations sont exclues de ce système. Face à cette restriction, le gouvernement à travers loi N° 2001-636 du 9 octobre 2001, a institué 2001 l’Assurance Maladie Universelle (l’AMU), (C. F. J. N’GUESSAN, 2008, p .102) puis une mesure exceptionnelle d’exemption totale des frais médicaux, dite «gratuité totale», dans les services sanitaires publics en 2011. Après un épisode de gratuité universelle entre 2011 et 2012, il a opté depuis 2012 pour la gratuité ciblée, puis pour un mécanisme d’assurance maladie obligatoire à l’échelle nationale, dénommé Couverture Maladie universelle (CMU). Pour la mise en œuvre de cette structure, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) fut créée par le décret n° 2014-395 le juin 2014 en vue de gérer et réguler le système de CMU. L’objectif visé par ces différentes politiques sanitaires est de contribuer à la lutte contre la pauvreté par la prise en charge des dépenses de santé des populations notamment les plus pauvres en vue d’améliorer les conditions de vie de la population ivoirienne, en particulier, celle qui vit en milieu rural.
Daloa l’une des sous-préfectures du district sanitaire de Daloa n’est pas en marge des difficultés d’accès aux services de santé. Localisée au Centre-Ouest du pays, cette circonscription administrative compte 319 427 habitants dont 23,19% vivent en milieu rurale (INS, 2014). Ces populations, surtout celles des espaces ruraux éprouvent d’énormes difficultés à accéder aux soins de santé malgré la création de la CNAM depuis 2014. Cette entité administrative, reconnue comme une zone endémique à l’ulcère de Buruli, n’est pas épargnée par d’autres types de maladies dont la plus importante est le paludisme. Il se présente en effet comme la première cause de décès dans le district sanitaires de la zone avec une proportion de 23% (District Sanitaire de Daloa, 2016, P.32). Le problème de recherche que pose cet article est l’inaccessibilité à l’assurance maladie dans la zone rurale de Daloa. La question qui découle de ce problème est la suivante : pourquoi les ruraux de la sous-préfecture de Daloa n’ont-ils pas accès à l’assurance maladie ? L’objectif de cette étude est de montrer l’impact des assurances maladies sur l’accès aux soins de santé dans les localités rurales. Il s’agit spécifiquement d’analyser le taux d’accès aux soins de santé des populations rurales de la sous-préfecture de Daloa et d’expliquer le faible taux accessibilité aux soins de santé des populations rurales de cette sous-préfecture de Daloa.