Analyse des sécheresses hydrologiques et météorologiques de la sous-préfecture de Korhogo, zone tropicale soudanienne du nord de la Côte d’Ivoire

Résumé

La sous-préfecture de Korhogo, située au nord de la Côte d'Ivoire, a connu des périodes de sécheresse. Dans un contexte ou le changement climatique perturbe de plus en plus les activités anthropiques, il est indispensable d’analyser les épisodes secs en vue de proposer aux populations des mesures d’atténuation ou d’adaptation en matière de gestion de l’eau. Dans cette perspective, le test de Pettitt appliqué sur les séries des précipitations et des débits des cours d’eau de 1960 à 2010 de la zone d’étude, montre une rupture unique en 1971, avec une période excédentaire de 1960 à 1971 et une longue période déficitaire de 1971 à 2010. L’indice standardisé des précipitations SPI appliqué sur la série pluviométrique et l’indice standardisé des écoulements SSFI appliqué sur la série des débits montrent que la période excédentaire est caractérisée par des séquences d’humidité modérée et forte. Par contre, la longue période déficitaire présente une alternance de séquences de sécheresse modérée, forte et extrême, avec par endroit, un peu d’humidité modérée.   Les sécheresses les plus remarquables de par leur intensité, leur durée et leur fréquence ont été observées durant la période 1971-1976 et 1979-1982 pour l’indice SPI et 1978-1990 et 2000-2007 pour l’indice SSFI.  Nous pouvons conclure que la période déficitaire est une période sèche.

Abstract

The Korhogo sub-prefecture, located in the north of Cote d'Ivoire, like most tropical regions, has experienced periods of drought. In a climatic context increasingly disturbed by anthropogenic activities, it is essential to analyze dry spells in order to propose mitigation or adaptation measures to the populations in terms of water management. In this perspective, the Pettitt test applied to the series of precipitation and river flows from 1960 to 2010 in the study area shows a unique break in 1971, with a surplus period from 1960 to 1971 and a long deficit period from 1971 to 2010. The standardized precipitation index SPI applied to the rainfall series and the standardized runoff index SSFI applied to the flow series show that the surplus period is characterized by sequences of moderate and high moisture. In contrast, the long period of deficit shows alternating sequences of moderate, strong and extreme drought, with some moderate moisture in places.   The most remarkable droughts in terms of intensity, duration and frequency were observed during the period 1971-1976 and 1979-1982 for the SPI and 1978-1990 and 2000-2007 for the SSFI.  We can conclude that the deficit period is a dry period.

Introduction

La sécheresse est définie comme un déficit de précipitations sur une période de temps prolongée qui provoque une pénurie d'eau pour une activité dans un secteur de l'environnement (OMM, 2012, p 15). Elle est un phénomène universel qui touche plusieurs pays dont la Côte d’Ivoire en fait partie. Le centre, le nord et l’est sont caractérisés par des diminutions très considérables des pluviométries depuis des années 1970 (B.T.A. GOULA, 2006, p. 5). Elle a des effets néfastes sur l’ensemble des secteurs, à savoir l’environnement, le social et l’économie. Sa gestion nécessite de mettre à la disposition des organes concernés les informations nécessaires de son suivi afin de prendre les mesures d’atténuation et les programmes de réponses qui permettent de minimiser ses impacts (C. FAYE et al, 2015, p. 21).

Depuis quelques années, plusieurs études ont porté sur les changements climatiques, dont plusieurs se sont attardées sur les sécheresses. Selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), de 1967 à 1991, 1,4 milliards de personnes ont été affectées par les sécheresses et 1,3 milliards en sont mortes de causes directes ou indirectes (OMM, 2012 p 17). Selon certains scénarios des changements planétaires, l’occurrence et l’impact des sécheresses risquent d’augmenter dans les années à venir (OMM, 2012, p. 20). L’augmentation de la population humaine qui entraîne une pression accrue sur l’environnement y contribue grandement. Dans plusieurs régions du globe, une pratique agricole non-adaptée aux conditions environnementales et climatologiques, combinée à la surexploitation des réserves hydriques accélèrent le processus des sécheresses et entraînent parfois, une situation irréversible, la désertification (M. RODOUAN et al. 2018, p. 180). Il est à noter que la sécheresse est un phénomène naturel complexe et ne dispose pas d’une définition précise. Ainsi, elle se manifeste uniquement par certains indices et paramètres dont plusieurs chercheurs ont essayé de les identifier.

En effet, ces indices permettent d’identifier les différents types de sécheresse (météorologique, agricole, hydrologique et économique), son intensité, sa durée, son étendue spatiale et sa probabilité de récurrence. La plupart de ces indices sont fondés sur deux concepts à savoir : l’année normale, et le seuil qui indique la sécheresse. Les sécheresses dites météorologiques sont basées sur le degré d’aridité d’une période sèche par rapport à la normale (L. MOHAMMED, 2008, p. 15). C’est donc un déficit des précipitations sur une longue période dans une localité. Ces définitions doivent être considérées spécifiques à une région puisque les conditions météorologiques normales changent grandement d’une région à l’autre (I JOULIT et al, 2013, p102).

La sécheresse hydrologique est due à un déficit en eau de surface et souterraine. Les sécheresses en eaux souterraines existent lorsque la recharge des aquifères est inférieure à la recharge annuelle moyenne sur une période de plus d’un an. Puisque peu de données concernant les aquifères sont disponibles, ce type de définition est peu utilisé.  Les sécheresses agricoles : quant à elles, font un rapport entre les caractéristiques des sécheresses météorologiques ou hydrologiques et les impacts sur le milieu agricole. Elles portent sur l’insuffisance des précipitations, la différence entre l’évapotranspiration réelle et le manque en eau des sols et des réserves hydriques. La difficulté de définir la sécheresse pousse les chercheurs à définir des indicateurs de ce phénomène. Ces indicateurs permettent de déterminer d’une façon scientifique le seuil indiquant la sécheresse à différentes échelles de temps et de définir des classes d’appartenance à cet événement en fonction de sa sévérité (R. MIRABBASIA, et al, 2013, p39). Ils assurent également le suivi de la sécheresse et la détection à différents stades de son évolution. Certains scénarios des changements planétaires indiquent que l’occurrence et l’impact des sécheresses risquent d’augmenter dans les années à venir. Dans un tel contexte climatique, il est question d’analyser les séquences de sécheresse météorologique et hydrologique dans la sous-préfecture de Korhogo, zone tropicale des savanes nord de la Côte d’Ivoire, en vue de proposer aux populations, des mesures d’atténuation ou d’adaptation.

L’objectif de ce travail est donc d’analyser la dynamique hydrologique et pluviométrique de la région à travers l’évolution des débits des cours d’eaux et des pluies, afin de mettre en évidence les effets des sécheresses hydrologiques et météorologiques par l’estimation de certains indicateurs de sécheresse. Il est spécifiquement question de mener une étude de sécheresse hydrologique et météorologique dans la sous-préfecture de Korhogo.

Catégorie de publications

Date de parution
30 juin 2023