Les inondations constituent aujourd’hui une menace potentiellement majeure pour l'environnement et le développement durable au Bénin. Ces inondations causent d'énormes dégâts matériels et de nombreuses pertes en vies humaines dans la ville de Cotonou chaque année. L’objectif de cette recherche est de caractériser les effets des travaux d’asphaltage sur la gestion des inondations à Cotonou : cas du bassin XX d’Agla. L’approche méthodologique utilisée est basée sur la collecte des données, leur traitement et l’analyse des résultats. La recherche documentaire et les enquêtes de terrain sont les méthodes de collecte des données utilisées. Le questionnaire, les guides d’entretien, la grille d’observation et un appareil photo numérique sont les outils et matériels utilisés pour la collecte des données. L’analyse des résultats est faite par le modèle FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces). Les résultats montrent que malgré les 14 rues asphaltées, il y a une insuffisance d’infrastructures d’assainissement pouvant permettre le drainage des eaux. L’incivisme de la population constitue le principal facteur ne permettant pas l’éradication du phénomène d’inondation. En effet, 25 % des enquêtés pratiquent l’incinération, 22 % l’enfouissement, 18% ont recours aux dépotoirs sauvages et seulement 35 % des enquêtés sont abonnés à une structure de collecte des déchets. Les travaux sont des mesures efficaces d’atténuation pour lutter efficacement contre les inondations.
Mots-clés
Floods are now a potentially major threat to the environment and sustainable development in Benin. These floods cause enormous material damage and numerous losses of human life in the city of Cotonou each year. The objective of this research is to characterize the effects of asphalting works on flood management in Cotonou: the case of Agla basin XX. The methodological approach used is based on data collection, processing and analysis of the results. Documentary research and field surveys are the data collection methods used. The questionnaire, interview guides, observation grid and a digital camera are the tools and materials used for data collection. The analysis of the results is done by the FFOM model (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats). The results show that despite the 14 asphalted streets, there is a lack of sanitation infrastructure that can allow water drainage. The incivility of the population is the main factor preventing the eradication of the flood phenomenon. Indeed, 25% of respondents practice incineration, 22% burial, 18% use illegal dumps and only 35% of respondents are subscribed to a waste collection structure. The works are effective mitigation measures to effectively combat flooding.
Keywords
Introduction
Les inondations sont des phénomènes naturels qui se produisent dans plusieurs régions du monde. À certains endroits, elles amènent de l’eau aux régions desséchées qui profitent de l’événement. Quand le même événement se produit dans un milieu habité, les résultats sont plus défavorables, M. BEAUDOIN (2018, p.1). L’Afrique de l’Ouest est confrontée à de sérieux problèmes d’inondations de plus en plus récurrentes dans un contexte de variabilité et de changements climatiques persistants.
Les manifestations des inondations s’observent aussi bien à l’échelle des bassins hydrographiques intérieurs des pays que des bassins hydrographiques transfrontaliers. Les inondations permettent de rendre compte de la durée d’apparition des évènements climatiques exceptionnels dont la non maîtrise augmente la vulnérabilité des populations surtout les plus pauvres. Ces inondations emportent sur leurs passages des champs, des habitations, des infrastructures socioéconomiques faisant de nombreux réfugiés climatiques avec ses multiples conséquences dont la santé des populations d’après A. H. BANGBOCHE (2018, p. 11).
Au Bénin, les inondations constituent les catastrophes naturelles les plus récurrentes et elles deviennent de plus en plus sévères ces derniers temps en raison des effets pervers des changements climatiques. Celles de 2019 ont occasionné d’importants dégâts notamment 27 décès, 317 576 personnes sinistrées et plusieurs hectares de cultures emportées, PNUD (2020, p.4).
Dans le bassin versant de la Sota à l’exutoire de Coubéri au nord du Bénin, D.H. KOUMASSI (2014, p152-153) a démontré que les inondations récurrentes ont pour conséquences les infrastructures routières qui se trouvent en état de dégradation avancée. Il pense aussi que cette situation est d’autant plus criarde que les moyens de transport utilisés par la population en ces périodes de crise sont surtout les barques et pirogues. Les marchés sont inaccessibles compte tenu de l’état des voies. Aussi, plusieurs villages sont-ils enclavés du fait de l’impraticabilité des voies d’accès.
Pour T.T. ADJAKPA (2016, p.141), lors des inondations de 2010 à 2013, les pistes dégradées ont isolé les paysans dans leurs villages avec leurs productions qui ne peuvent plus être commercialisées dans la Commune de Karimama. Il a été observé une faible fréquentation des marchés dans les localités qui sont du coup, enclavées par les eaux d’inondation, créant ainsi la mévente avec un manque à gagner pour les populations.
Dans la Commune d’Athiémé au sud-ouest du Bénin, G. W. A. AHOUANSOU (2014, p. 45) a montré que les inondations rendent impraticables certaines voies de circulation de la localité isolant ainsi les paysans dans leur village avec leurs productions qui ne peuvent plus être commercialisées. Il fait également le constat d’une faible fréquentation des marchés qui sont enclavés par les eaux d’inondation créant ainsi de mévente et un manque à gagner pour les producteurs.
Dans la Commune d’Athiémé toujours, T. E. A. FOLLY (2019, p. 42) a prouvé que les inondations entraînent une paralysie totale de toutes les activités génératrices de revenus, de développement et de survie des populations à travers la dégradation totale des voies d’accès, la destruction massive des biens, des cultures et des pertes en vies humaines. Pour M. J. KOUKPO (2019, p.46), l’impraticabilité des pistes rurales impactent les activités socioéconomiques et sanitaires dans les Arrondissements de la Commune d’Athiémé.
Toujours dans la Commune d’Athiémé, K. I. OUMBOUKE (2019, p.38 et p.39) a démontré que lors des inondations pluviales, on assiste à la stagnation des eaux dans les habitations dans beaucoup de quartiers et des voies disparaissent sous l’eau. Les populations sont obligées de faire des ponts de fortune en mettant des planches ou en alignant des briques afin de sortir de leurs maisons. Elles éprouvent d’énormes difficultés pour vaquer à leurs activités et leur état de santé est menacé.
A Cotonou au sud du Bénin, P.C. BLALOGOÉ (2014, p. 107) a démontré que pendant les inondations, les voies sont remplies d’eau et cela entraîne leurs dégradations et des dégâts matériels. Il ajoute que les difficultés liées à la circulation s’expriment par l’inondation de certaines voies du fait de la stagnation des eaux et de l’affaissement des ponts. Pour P. C. BLALOGOÉ (2014, p.109) dans la capitale économique du Bénin (Cotonou), pendant les inondations la dégradation ou le mauvais entretien de la voie contribue davantage à l’appauvrissement des ménages suite à l’augmentation des coûts de transport. Ainsi, les ménages situés en zone inondable subissent les conséquences des inondations du fait de l’élévation des coûts de transport et de la durée du trajet. Il est aisé de constater que la ville de Cotonou n’est pas épargnée des difficultés et désagrément causées pour ses habitants au cours des inondations qui dégradent les voies d’accès.
Pendant que les inondations sont devenues plus structurelles avec des périodes de séjour de l’eau pour plusieurs mois, les réponses proposées sont souvent spontanées, éphémères et peu durables. Les initiatives prises ne permettent donc pas de renforcer la résilience et les capacités d’adaptation des communautés de l’agglomération de Cotonou, CREDEL (2012, p.6). C’est ce qui justifie l’étude sur les travaux d’asphaltage à Cotonou plus précisément au niveau du bassin XX d’Agla.
