La zone humide Ramsar de Grand-Bassam est une zone à forts potentiels écologiques. Espace complexe et fragile, ce territoire est alimenté par un système fluvio-lagunaire dense formant le plus vaste estuaire du littoral ivoirien. Toutefois, sa proximité avec la métropole abidjanaise qui connait une croissance rapide entraine inévitablement des pressions et une concurrence sur la terre. Cette expansion urbaine grignote progressivement l’espace naturel périphérique. La présente étude a pour objectif d’évaluer sur une période de 20 années, l’ensemble des transformations spatiales dans la partie sud de la zone humide Ramsar de Grand-Bassam et de proposer une fine cartographie des changements d’occupation et d’utilisation du sol. Pour ce faire, une approche méthodologique reposant sur l’analyse diachronique de trois cartes d’occupation et d’utilisation du sol (2000, 2016 et 2020) est mise en œuvre à travers une approche de classification avec l’algorithme Random Forest du logiciel R. Les cartes résultantes dont les précisions globales sont satisfaisantes (87,38 % ; 88,18 % et 89,77 % pour les dates de 2000 ; 2016 et 2020) indiquent une anthropisation de plus en importante de la zone étudiée, avec la conversion des terres en zones résidentielles et sol nu au détriment des formations naturelles : 27,42 % en 2000 contre 43,71 % en 2020.
Mots-clés
The Grand-Bassam Ramsar wetland is an area with high ecological potential. A complex and fragile area, this territory is fed by a dense river-lagoon system forming the largest estuary on the Ivorian coast. However, its proximity to the Abidjan metropolis which is experiencing rapid growth inevitably leads to pressure and competition on land. This urban expansion is gradually eating away at the peripheral natural space. The present study aims to evaluate over a period of 20 years, all the spatial transformations in the southern part of the Ramsar wetland of Grand-Bassam and to propose a fine mapping of the changes in land cover and land use. To do this, a methodological approach based on the diachronic analysis of three maps of land cover and land use (2000, 2016 and 2020) is implemented through a classification approach with the Random Forest algorithm of the software R. The resulting maps with satisfactory overall accuracy (87.38 %; 88.18 % and 89.77 % for the dates 2000; 2016 and 2020) indicate an increasingly significant anthropization of the area studied, with the conversion of land into residential areas and bare soil to the detriment of natural formations: 27.42 % in 2000 compared to 43.71 % in 2020.
Keywords
Introduction
Les zones humides sont depuis plusieurs décennies parmi les écosystèmes les plus fragiles du monde, sensibles aux changements environnementaux et aux variations climatiques (IPCC, 2014). Or, ces zones humides sont d’une part, sous pression de la part des sociétés qui y vivent, qui les entourent et d’autre part, des sociétés plus lointaines dont les demandes diverses augmentent rapidement (A. ZARE, 2015, pp. 1-5). Plus encore, cet écosystème fragile est relativement rare et ne représente que seulement 2 %, soit 900 millions d'hectare de la surface terrestre du globe (W. G. BRAAKHEKKE et M. MARCHAND, 1987, p. 5).
En Côte d’Ivoire, de nombreuses études montrent que les zones humides sont soumises à des pressions et dégradations qui menacent de disparition les habitats écologiques et certaines espèces endémiques (Comité Ramsar, 2005, p.12 ; L. M-C. AKADJE et al., 2014, p. 255). Plus spécifiquement, sur la zone humide Ramsar de Grand-Bassam déjà réduite en raison de sa proximité avec la métropole abidjanaise, des études récentes ont lancé l’alerte sur la nécessité d’une plus grande implication des autorités pour sa sauvegarde (B. FONTAINE et al., 2011, pp. 85-86 ; C. HAUHOUOT et al., 2011, p. 335 ; L. M-C. AKADJE, 2016, pp. 15-20).
En effet, les villes secondaires du Grand Abidjan dont fait partie Grand-Bassam, traversées par d’importantes voies de communication constituent des cibles privilégiées dans la quête d’espace à bâtir ; la métropole abidjanaise étant sans cesse en croissance spatiale par le grignotage plus ou moins planifié de vastes zones rurales (D. SYLLA, 2021, pp. 33-35). C’est donc à juste titre que la présente étude porte sur la partie sud de la zone humide Ramsar de Grand-Bassam qui, suivant certains travaux, subit d’importantes pressions qui menacent son intégrité et sont susceptibles, à terme, de compromettre son existence (S. KONE et al., 2018, p. 18 ; L. M-C. AKADJE et al., 2021, p. 111). Il s’agit à travers une analyse multi-temporelle (20 ans) d’appréhender l’ensemble des transformations spatiales dans cette zone et de proposer une fine cartographie des changements d’occupation et d’utilisation du sol. En l’état actuel des connaissances aucune étude ne permet d’évaluer objectivement l’ampleur de ces transformations.