Gestion des eaux usées et risques sanitaires à Abobo sud 3eme tranche (Abidjan - Côte d’Ivoire)

Résumé

La gestion des eaux usées domestiques et pluviales est une préoccupation majeure pour les populations du quartier Abobo Sud 3ème Tranche. Le présent article pose le problème de la mauvaise gestion des eaux usées et ses conséquences sanitaires. L’objectif de l’étude est de montrer les risques sanitaires liés à la mauvaise gestion des déchets liquides au quartier Abobo Sud 3ème Tranche. Pour atteindre cet objectif, la méthodologie s’est appuyée sur la recherche documentaire et l’enquête de terrain. L’enquête de terrain a été menée auprès de 246 chefs de ménages obtenus à l’aide de la formule de Fisher. Les résultats montrent que ce quartier est confronté à une gestion irrationnelle des déchets liquides liée à l’absence d’équipements d’assainissement adéquats. Dans ces conditions, les populations de cette zone sont confrontées à des maladies infectieuses. Le paludisme (89,84%), la diarrhée (47,97%) et les IRA (27,24%) sévissent dans les ménages enquêtés. Cette étude montre que les populations vivant à proximité des points de rejets des eaux usées et de stagnation des eaux pluviales enregistrent plus de cas de maladies que celles résidant loin de ces déchets liquides.

Abstract

Domestic and storm wastewater management is a major concern for Abobo Sud 3e Tranche population. This article deals with the difficulty of wastewater (domestic and storm) management and its consequences for health. The study is designed to present health risks related to the poor management of liquid waste in Abobo Sud 3ème Tranche  area. To reach that objective, we resorted to the documentary research and the field investigation methodology based on a survey of 246 householders using Fisher formula. The results of the study showed that the mentioned area is facing an irrational management of liquid waste associated with the lack of adequate sanitation equipments. In such conditions, the population of the area are confronted with some infectious diseases. Malaria (89.84 %), diarrhea (47.97 %) and ARF (27.24 %) are prevalent in the surveyed households. The study also indicates that the people living near sewage discharges and stormwater stagnation points are more exposed to diseases.

Introduction

Dans les villes africaines en développement, il existe plusieurs facteurs qui entravent la maîtrise de la gestion de la salubrité. Parmi ces facteurs figurent la croissance démographique (G. K. NYASSOGBO, 2005 cité par K. KOUASSI (2013, p. 14). Cette croissance démographique s’est accompagnée d’une urbanisation galopante.

La Côte d’Ivoire est l’un des pays de l’Afrique de l’Ouest dont le taux d’urbanisation a connu une ascension rapide depuis son indépendance. En effet, ce taux est passé de 32% en 1975 à 39% en 1988 soit une augmentation 7% pendant une période de 13 ans. Il est passé de 43% en 1998 à 48% en 2009, soit une augmentation de 5% en 11 ans. En 2014 le taux d’urbanisation de la Côte d’Ivoire était de 50,3% (RGPH, 2014).

La ville est bidonvillisée par une urbanisation accélérée qui est à la fois, le fruit d’un exode massif des populations rurales attirées par les mirages des villes vers les centres urbains et d’un taux de croissance naturel élevé. En 1940, la Côte d’Ivoire ne comptait que 3% de citadins, contre 15% en 1950 et 32% en 1975. Aujourd’hui, près de la moitié de la population vit en ville (R. BRUNET, 1994, p. 13). Yamoussoukro est sans doute la seule ville du continent, avec Abuja au Nigéria, dont les équipements pour les services urbains ont précédé le peuplement escompté (R. BRUNET, 1994, p. 16). L’arrivée massive des populations rurales et leur installation dans les villes ne se sont pas accompagnées d’une extension et d’une amélioration des VRD (Voirie et Réseaux Divers). Avoir un cadre de vie salubre est la préoccupation majeure des populations qui avec l’absence de réseaux linéaire et de système tout à l’égout connaissent des difficultés d’élimination des ordures et l’évacuation des eaux usées et eaux vannes. La vie à proximité des ordures, des eaux usées et des eaux vannes pose le problème de santé des populations.

Abidjan « perle des lagunes » façonnée par l’efficace planification ivoirienne n’échappe pas aux conditions sanitaires qui se détériorent, surtout en bordure de lagune (R. BRUNET, (1994, p. 16). Abobo, une commune du District d’Abidjan est, par le nombre de population, la deuxième commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire avec 1 200 000 habitants après celle de Yopougon (INS, 2014).

Des populations rurales qui arrivent en ville, par manque de moyens financiers, s’installent sur des sites non aménagés par l’Etat. La réalisation des programmes d’assainissement demande l’expertise des ingénieurs et des spécialistes de la santé pour un meilleur cadre de vie.

Dans la commune d’Abobo, seul le quartier 112 hectares a bénéficié d’un linéaire et d’un système tout à l’égout réalisé par l’Etat. Dans les autres quartiers de la commune, à l’exception de la SOGEFIA (Société de Gestion et de Financement Immobilier à Abidjan), des populations ont construit un système d’assainissement collectif ou individuel. Ces infrastructures respectent très peu les normes de l’Institut National de l’Hygiène Publique (INHP) qui sont de 4 m de longueur sur 1 avec 1,5 m de profondeur pour 8 à 15 personnes pour une fosse septique toutes eaux. Nombre de population vivent dans des conditions qui ne respectent aucune norme sanitaire.

A l’analyse des difficultés de gestion et d’évacuation des eaux usées, le cadre de vie insalubre pourrait avoir une incidence sur la santé des populations. Quelles sont les risques sanitaires liés à la difficile gestion des eaux usées et pluviales au quartier Abobo Sud 3ème Tranche ?

1. Matériels et méthodes

1.1 Zone d’étude

Le quartier abobo sud 3ème tranche se situe dans la partie sud de la commune d’Abobo (au nord d’Abidjan) (Figure 1).

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Le quartier est limité au Nord par le quartier Banco sud 2ème tranche, au Sud par la commune d’Adjamé, à l’Ouest par la forêt du Banco, à l’Est par les quartiers par Anador et Dokui. Sa population était de 20 465 habitants en 2014 (RGPH, 2014).

1.2 Méthode de collecte des données et de traitement

La collecte des données est basée sur la recherche documentaire et les enquêtes de terrain. La recherche documentaire a permis de faire le point des recherches sur la gestion des déchets ménagers et les conséquences qui affectent la santé de la population. La recherche documentaire a été complétée par l’observation et l’enquête par questionnaire. L’observation de terrain a permis d’apprécier l’état de l’environnement dans lequel les populations de ce quartier vivent quotidiennement. Pour la détermination de la taille de l’échantillon, nous avons eu recours à la formule de Fisher : n = t2 x p (1-p) / e2. Avec un niveau de confiance de 95%, t = 1,96, p = 36, e = 6%, la taille minimale de ménages à enquêter est n = (1,96)2 x 0,36 x 0,64 / 0,0036 = 246. Le facteur déterminant pour le choix des ménages à visiter a été le critère de proximité des points de stagnation des eaux usées et pluviales, les dépôts sauvages d’ordures ménagères, la présence de boues de vidange. Les enquêtes auprès des ménages se sont déroulées du 30 novembre 2019 au 08 janvier 2020.

Au terme de la collecte des données, les informations recueillies ont subi un dépouillement 1manuel et informatique. Le masque de saisie a été élaboré avec le logiciel Sphinx V5. Les logiciels Word et Excel ont servi respectivement à la saisie du texte et à l’élaboration de tableaux et de graphiques.

2. Résultats

2.1. Une dissémination des points d’eaux usées et pluviales au quartier Abobo Sud 3ème Tranche

2.1.1. Divers lieux de provenance des déchets liquides

 Au quartier Abobo Sud 3ème Tranche, les déchets liquides proviennent de diverses sources (Figure 2).

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Pour 192 chefs de ménages enquêtés, soit 78,05% de l'ensemble, les eaux usées proviennent des travaux ménagers (lessives, vaisselles, toilettes, etc.) (photo 1). les activités économiques informelles (photo 2) sont à l'origine de la prolifération des points d'eaux usées pour 17,89% des enquêtés.  Sur les 246 chefs de ménages enquêtés, 10 chefs de ménages estiment que la pluie est la source principale des déchets liquides dans la zone d’étude.

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2.1.2 Evacuation des eaux usées de douche : un problème crucial

Pour l’évacuation des eaux usées de douches, les ménages ont recours à divers endroits (Figure 3).

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La majorité des chefs de ménages (47,97%) ont recours aux fosses septiques ou aux puits perdus pour évacuer les eaux usées issues des douches. Ceux qui éliminent ces eaux usées dans les rues ou sur des terrains vagues (Photos 3 et 4) sont au nombre de 94 chefs, soit 38,21% des enquêtés. Les ravins sont utilisés par 34 chefs de ménages (13,82% de l’ensemble) comme lieu d’évacuation des eaux usées de douche.

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2.1.3. La lessive et la vaisselle : source de production des eaux usées

Les ménages du   quartier Abobo Sud 3ème Tranche  sont confrontés à une difficile gestion des eaux usées issues des activités domestiques telles que la lessive et la vaisselle (Figure 4).

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L’analyse de la figure 6 montre que 110 ménages, ce qui donne 44,72% des enquêtés déversent les eaux usées issues de la lessive et de la vaisselle dans les rues (Photos 5 et 6). Les ravins ou les rigoles sont utilisés par 31,70% de l’ensemble pour éliminer les eaux usées domestiques. La cour constitue un endroit favorable à l’évacuation des eaux usées pour 24 ménages.

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2.1.4. Absence d'ouvrages d'assainissement: Cause de dégâts en cas de pluie

Le quartier Abobo Sud 3ème Tranche est caractérisé par une absence d’ouvrages d’assainissement (caniveau ou égout). Les populations sont en période de pluies confrontées à plusieurs désagréments (Photos 7 et 8).

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2.2. Des ménages en cohabitation avec les déchets liquides

Les habitants du quartier Abobo Sud 3ème Tranche sont confrontés à un problème crucial d’assainissement. Cette situation les oblige à vivre avec les eaux usées et pluviales (Tableau 1).

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L’analyse du tableau 1 montre que sur les 246 chefs de ménages enquêtés, 192 chefs vivent à moins de 20 mètres des eaux usées et pluviales, soit 78,05% de l'ensemble (Photo 9). Une part non négligeable (13,82% des enquêtés) réside à plus de 50 mètres des eaux usées tandis que 08,13% vit à une distance comprise entre 20 et 50 mètres des déchets liquides. 

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2.3. La perception des chefs de ménages par rapport aux risques sanitaires liés à leur gestion des eaux usées domestiques et pluviales 

2.3.1. La perception des chefs de ménages en fonction du niveau d'instruction

Le tableau 2 met en évidence la perception des chefs de ménages enquêtés selon leur niveau d’instruction.

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Le niveau d’instruction est déterminant dans la gestion du cadre de vie des populations. La majorité (69,92%) des chefs de ménages enquêtés pense que leur mode de gestion des eaux usées présente un risque pour leur santé. Tous les chefs de ménages interrogés ayant le niveau supérieur sont conscients des risques sanitaires liés à une gestion irrationnelle des déchets liquides. Sur les 123 chefs de ménages qui n’ont aucun niveau d’instruction, 86,99% savent que la mauvaise gestion des eaux usées impacte la santé des populations. Ceux du niveau primaire (53,63%) considèrent les points de rejets des eaux usées comme une source de maladies. Pour 52,27% des chefs de ménages ayant le niveau secondaire, il existe un lien étroit entre la mauvaise gestion des eaux usées et les maladies dont soufrent les populations. Les chefs de ménages (100%) qui ont fréquenté dans des écoles coraniques ignorent les risques sanitaires liés à leur mode de gestion.

2.3.2.La perception des chefs de ménages en fonction du statut d'occupation

Les habitations sont majoritairement occupées par des locataires. Ces derniers estiment que leur mode de gestion des déchets liquides est une source de nuisances sanitaires (Figure 5).

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Le statut dans le logement est un facteur qui joue dans la gestion des déchets liquides. L’analyse de la figure 5 montre que tous les chefs de ménages qui sont hébergés estiment que la cohabitation avec les eaux usées peut être source de maladies. La majorité des locataires (72,79%) et des propriétaires (61,80%) reconnaissent que la mauvaise gestion des eaux usées provoque des nuisances sanitaires telles que les odeurs nauséabondes, des maladies, la prolifération des moustiques, des mouches et dégrade le cadre de vie.

2.4. Les maladies qui affectent le plus les ménages

Les principales maladies déclarées par les ménages sont mises en évidence par la figure 6.

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Le paludisme (89,84%), la diarrhée (47,97%), les Infections Respiratoires Aigües (IRA) (27,24%), le rhume (17,48%) et les dermatoses (08,13%) sont les principales maladies déclarées par les ménages pendant les enquêtes de terrain.

2.5. Les cas de maladies liés à la proximité avec les points de rejets des eaux usées et pluviales

Les différents cas de maladies déclarés par les chefs de ménages ont été mis en relation avec la distance qui sépare le ménage des points de stagnation des eaux usées (Tableau 3).

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Sur les 483 cas de maladies enregistrés durant les 3 mois précédent l’enquête dans les 246 ménages enquêtés, 361 cas de maladies, soit 74,74% du total ont été dénombrés dans les ménages vivant à moins de 20 mètres des points d’eaux usées et pluviales. Les ménages situés à une distance comprise entre 20 et 50 mètres des points de rejets d’eaux usées et pluviales ont comptabilisé 81 cas de maladies, ce qui donne 32,93%. Une part non négligeable des cas de maladies (41 cas) ont étés enregistrés par les ménages vivant à plus de 50 mètres des points de stagnation des eaux usées.

Le problème des eaux usées stagnantes à proximité des domiciles se pose avec acuité au quartier Abobo Sud 3ème Tranche. La stagnation d’eaux grises auprès des habitations est propice au développement des germes de maladies. Plusieurs maladies (le paludisme, les maladies diarrhéiques, la fièvre typhoïde et les infections de la peau) dont souffre l’homme trouvent leur explication dans les composantes de l’environnement. Les eaux de ruissellement et eaux usées domestiques (bain, lessive, vaisselle et vannes) qui stagnent dans des coins de rues du quartier par manque d’infrastructures d’assainissement tels les caniveaux et fosses septiques constituent des lieux de vie des moustiques et autres agents pathogènes responsables des maladies telles que le paludisme et les maladies diarrhéiques.

3. Discussion

Le quartier Abobo Sud 3ème Tranche est confronté à un problème crucial d’assainissement. Cette situation se manifeste par l’écoulement des eaux usées à travers les rues et dans les cours. Ces eaux proviennent de plusieurs sources. Pour 78,05% des enquêtés, les eaux usées proviennent des travaux ménagers (lessives, vaisselles, toilette, etc.). Les activités économiques informelles sont à l’origine de la prolifération des points d’eaux usées pour 17,89% des enquêtés. Avec l’absence des ouvrages d’assainissement collectifs et individuels, les ménages évacuent les eaux usées domestiques dans les rues. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par P. TUO et al., (2019, p. 79) au quartier Kénnedy-Clouetcha dans la commune d’Abobo. Pour eux, la source prédominante des déchets liquides est l’eau usée domestique (73,5%) suivie des eaux de ruissellement (14,3%). Les résultats de l’étude montrent que les eaux usées issues des douches sont généralement recueillies dans un puits perdu (47,97%) ou déversées directement dans les rues, les ravins, les cours et les terrains vagues (38,21%). Cette pratique est due au manque de réseau d’égouts pour l’évacuation de ces eaux usées et à l’ignorance des populations en matière de gestion des eaux usées. Pour M. COULIBALY et al., (2019, p. 180), les ravins (32,76%) et les fosses septiques (31,03%) sont les principaux endroits où les ménages du quartier Plaque 1 et 2 évacuent les eaux usées de douches.

La mauvaise évacuation des eaux usées issues des activités ménagères (lessives et vaisselles) contribue à l’enlaidissement du cadre de vie des populations. Au quartier Abobo Sud 3ème Tranche, 44,72% des enquêtés déversent les eaux usées issues de la lessive et de la vaisselle dans les rues. Les ravins ou les rigoles sont utilisés par 31,70% de l’ensemble pour éliminer les eaux usées domestiques. Cette dégradation du cadre de vie est due au fait que certains propriétaires ne prévoient pas de fosses septiques et de puits perdus lors des constructions des bâtiments. Ce même constat a été fait par D. TRAORE, (2017, p. 105) à Anyama. Ses résultats indiquent que 34,68% des chefs de ménages déversent les eaux usées dans la rue. Ces eaux usées sont constituées des eaux de bain, de vaisselles, de lessives et des eaux issues de certaines activités économiques utilisant de l’eau comme la vente de cola, la teinture et le lavage des véhicules.

L’absence d’ouvrages d’assainissement cause des dégâts au quartier Abobo Sud 3ème Tranche. Le quartier souffre d’un manque d’infrastructures de drainage des eaux pluviales. L’absence du réseau de caniveau favorise également la stagnation des eaux pluviales dans les rues et autres espaces publics du quartier. Ce qui se traduit par la cohabitation des populations avec les eaux usées. Près de 78,05% des enquêtés vivent à moins de 20 mètres des points de stagnation des eaux usées et pluviales. Cet état de fait a été constaté par M. COULIBALY, (2018, p. 57) au quartier précaire Ayakro dans la commune de Yopougon. À Ayakro, plus de 91,43% des chefs de ménages résident à moins de 5 mètres des eaux usées issues des douches, des vaisselles, des lessives et des fosses septiques.

Confrontées au problème crucial de gestion des eaux usées dans leur cadre de vie, les populations du quartier Abobo Sud 3ème Tranche évoquent des problèmes de santé. Le paludisme (89,84%) et la diarrhée (47,97%), sont les principales maladies déclarées par les ménages. Le quartier est caractérisé par une prolifération des points de rejets des eaux usées et la stagnation des eaux pluviales. Ces points deviennent à leur tour des lieux de reproduction et de développement des moustiques, vecteurs du paludisme. Pour M. COULIBALY, (2017, p. 161), à Port-Bouët, le paludisme est la première cause de consultation dans les centres de santé. Il représente 67,89% des maladies infectieuses. La diarrhée aigüe sans déshydratation est la forme la plus répandue des maladies diarrhéiques. Elle donne un taux de 78,25% des types de diarrhée tandis que la diarrhée aigüe avec signe évident de déshydratation fait une proportion de 20,38% des cas de diarrhées.

Les résultats de cette étude montrent qu’il existe une relation entre la proximité avec les déchets liquides et la santé des populations du quartier Abobo sud 3ème Tranche. Le constat est que plus les ménages sont proches des eaux usées plus le nombre de cas de maladies augmente. D. TRAORE, (2017, p. 183) indique également qu’à Anyama, le paludisme est lié à la présence des déchets ménagers solides dans la ville.. Les déchets ménagers solides entassés pendant un temps plus ou moins long attirent des mouches, des moustiques, des cafards, des fourmis. Le rejet des boîtes de conserve ou des pneus de véhicules remplis d'eau favorise la formation de gîtes larvaires de moustiques, agents vecteurs du paludisme. Il faut en outre ajouter que l'obstruction des égouts, des caniveaux et des canalisations par les déchets ménagers solides rend difficile l'écoulement des eaux de pluie et provoque, outre les inondations, la stagnation des eaux emprisonnées dans des creux et de petites dépressions où se développent des gîtes pour les larves et les mouches.

Conclusion

Le quartier Abobo Sud 3ème Tranche dans la commune d’Abobo est confronté à une prolifération des points de rejets des eaux usées domestiques et la stagnation des eaux pluviales. L’absence des ouvrages d’assainissement collectifs et individuels est un facteur aggravant cette situation. Les drains pendant la saison pluvieuse se font de manière naturelle. Les eaux usées issues des activités ménagères et des douches ruissellent à travers le quartier, ce qui impacte le rayonnement du quartier. La gestion des déchets liquides étant problématique dans ce quartier, les populations vivent avec les eaux usées et pluviales, ce qui cause un risque pour leur santé.

Une gestion rationnelle des eaux usées et pluviales par les population et l’amélioration des ouvrages d’assainissement pourrait réduire les risques sanitaires.

Références bibliographiques

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COULIBALY Moussa, TUO Péga, AKE-AWOMON Djaliah Florence, 2018, « Insalubrité et maladies infectieuses dans les quartiers précaires de Yopougon Gesco-attié : Cas de Judé, Mondon et Ayakro (Abidjan, Côte d’Ivoire) », Vol. 1, No. 1, pp. 46- 65.

KOUASSI Konan, 2013, Insalubrité, Gestion des déchets ménagers et risque sanitaire infanto-juvénile à Adjamé, Thèse de doctorat Unique, Institut de Géographie Tropicale, Université Félix Houphouët-Boigny, 597 p.

TRAORÉ Drissa, 2017, Déchets ménagers et santé de la population dans le milieu urbain à Anyama, district d’Abidjan, Thèse de Doctorat Unique, Institut de Géographie Tropicale, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, 259 p.

TUO Péga, COULIBALY Moussa et AKE-AWOMON Djaliah Florence, 2019, « Gestion des eaux usées et nuisances sanitaires dans les cadres de vie des populations d’Abobo-Kennedy-Clouetcha (Abidjan, Côte d’Ivoire) », Revue Africaine des Sciences Sociales et de la Sante Publique (RASP), Volume (1) N°1, pp. 74-90

 

 

 

Auteurs

1Assistant, Département de Géographie, Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa, (Côte d’Ivoire), traordrissa501@yahoo.fr

2Docteur, Institut de Géographie Tropicale, Université Felix Houphouët-Boigny de Cocody, (Côte d’Ivoire), coulibalymamoutou19@gmail.com

3Maître-Assistante, Département de Géographie, Université Peleforo Gon Coulibaly, Korhogo, (Côte d’Ivoire), diobosabine@yahoo.fr

4Assistant, Département de Géographie, Université Peleforo Gon Coulibaly, Korhogo, (Côte d’Ivoire), coulsiby2015@gmail.com

 

Catégorie de publications

Date de parution
30 sep 2020