Dynamique des paysages, services écosystémiques dans la réserve de biosphère transfrontalière du delta du fleuve Sénégal (RBTDS) : cas des communes de Ndiébéne Gandiol et de Diama.

Résumé

La Réserve de Biosphère Transfrontaliére du Delta du fleuve Sénégal(RBTDS) se localise de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Elle contribue à la fourniture de services écosystémiques. En effet, ces milieux sahéliens plus particulièrement les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol subissent depuis plusieurs décennies de fortes perturbations liées à la péjoration climatique, mais surtout aux artefacts. Cette contribution analyse les facteurs de la dynamique des paysages, services écosystémiques dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol situées dans la Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du fleuve Sénégal (RBTDS). Son objectif est de montrer comment les services écosystémiques, important tant au plan du développement économique que de l’équilibre écologique se sont comportés entre 1997 et 2017. La méthodologie mobilise le test de rupture et l’utilisation des images du satellite LANDSAT de 1997 et 2017. Les résultats issus de cette analyse révèlent que la dynamique d’ensemble des services écosystémiques est marquée par une tendance régressive entre 1997 et 2017, soit sur une période de 30 ans dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol. Les cartes diachroniques et les statistiques obtenues à partir de 1997 et 2017 ont montré une relative évolution marquée par une réapparition progressive des écosystèmes dans les deux communes. Les facteurs déterminants de la dynamique des paysages, services écosystémiques dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol semblent être le déficit pluviométrique et l’impact des grands aménagements.

Abstract

The Senegal River Delta Transfrontal Biosphere Reserve (RBTDS) is located on either side of the border between Senegal and Mauritania. Thus, it contributes to the provision of ecosystem services. In fact, these Sahelian environments, more particularly the municipalities of Diama and Ndiébéne Gandiol, have been suffering for several decades from strong disturbances linked to climatic deterioration, but above all to artefacts. This contribution analyzes the dynamic factors of landscapes, ecosystem services in the communes of Diama and Ndiébéne Gandiol located in the Transfrontal Biosphere Reserve of the Senegal River Delta (RBTDS). Its objective is to show how ecosystem services, important both in terms of economic development and ecological balance, behaved between 1997 and 2017. The methodology mobilizes the rupture test and the use of images from the 1997 LANDSAT satellite and 2017. The results of this analysis reveal that the overall dynamics of ecosystem services is marked by a regressive trend between 1997 and 2017, i.e. over a period of 30 years in the municipalities of Diama and Ndiébéne Gandiol. The diachronic maps and statistics obtained from 1997 and 2017 showed a relative evolution marked by a gradual reappearance of ecosystems in the two municipalities. The determining factors of the dynamics of landscapes and ecosystem services in the municipalities of Diama and Ndiébéne Gandiol seem to be the rainfall deficit and the impact of major developments.

Introduction

L’approche écosystémiques consiste en une gestion intégrée reconnaissant toute la gamme des interactions dans un système, les actions anthropiques plutôt que de considérer séparément, les problèmes, les espèces ou les services écosystémiques (L. VASSEUR et R. SIRON, 2019, p.6). La RBTDS est caractérisée, comme le reste de la vallée et du Delta du Sénégal par une forte irrégularité pluviométrique et une variété climatique marquée par de fortes températures qui varient entre 25°C et 35 °C selon les périodes de l’année (D. D. BA, 2018, p. 67 ; Ba et al. 2018, p.65 ; C. FAYE et al., 2019, p. 113 ; D. CISSOKO et al., 2019). Ainsi, le delta est marqué par l’aridité du fait de sa pluviométrie relativement faible et des températures élevées.

La population a connu une nette évolution au cours des dernières décennies. La commune de Diama elle seule a vu sa population évoluait de 18 555 habitants en 1988  à 36 693 habitants en 2018 (ANSD, 2018) soit le double en 30 ans. Cette évolution de la population entraine une augmentation des pressions sur les ressources naturelles dans un contexte de variabilité climatique et de grands aménagements qui ont remodelé l’occupation du sol. De ce fait, les actions anthropiques et naturelles ont accéléré la dynamique des paysages, services écosystémiques dans ces deux communes, surtout avec l’avènement des artéfacts qui se traduisent par des aménagements et la modification du delta et de son estuaire.

Cependant la mise en eau du barrage de Diama en 1986 et les ouvrages connexes ont modifié fondamentalement les ressources naturelles du Delta ainsi que les  les écosystèmes sous l’effet de la double hydrodynamique fluviale et maritime (M. DIAKHATE, 1988, p.103). Ceci menace les services écosystémiques qui jouent un rôle fondamental pour le bien-être des populations locales.

Face au contexte du changement climatique et aux impacts des artefacts, les populations des deux communes sont vulnérables et adoptent des stratégies de résiliences.

Cette contribution, vise à analyser les facteurs de la dynamique des paysages, services écosystémiques de 1997 à 2017. A partir d’une analyse diachronique de l’occupation du sol, cet article permet de déceler les transformations subies par les services écosystémiques.

1.  Méthodologie

1.1.  La zone d’étude

Les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol sont localisées respectivement dans le département de Dagana et de Saint-Louis. Elles sont situées dans la Réserve de Biosphère Transfrontalière du Delta du fleuve Sénégal (RBTDS).

Située dans la Région de Saint-Louis et le département éponyme, la commune de Ndébène-Gandiol s’étend sur 20 900 ha dans l’arrondissement de Rao entre 15° 52′ 52″ nord, 16° 30′ 00″ ouest. (figure 1).

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Cette collectivité est née en 2008 des flancs de l’ancienne Communauté rurales de Gandon par décret 2008-1495 du 31 décembre 2008. Elle se trouve à l’est de la commune de Gandon à 18 km à vol d’oiseau de Saint-Louis. Le Fleuve Sénégal et l’Océan Atlantique constituent ses limites occidentales.

Quant à la commune de Diama elle se situe au nord-ouest du pays plus précisément dans le département de Dagana de la Région de Saint-Louis. Reconfigurée en 2008, elle fait partie de l'arrondissement de Ndiaye ; c’est elle qui abrite le barrage de Diama dont l’impact sur les services écosystémiques est réel.

1.2. Données

Dans ce présent travail, il s’agit d’analyser la dynamique des paysages, services écosystémiques dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol. En effet, la question de la vulnérabilité des services écosystémiques  dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol est réelle. Il s’agit de déceler si la dynamique des paysages, services écosystémiques constitue une menace pour les activités de production.

Par ailleurs, l’hypothèse de recherche montre que la dynamique des paysages, services écosystémiques représente un facteur de vulnérabilité socio-économique des sociétés dans les communes de Diama et Ndiébène Gandiol. L’échantillon est constitué de cinq villages (Keur Barka, Tassinère, Mouit, Rone, Taba Tach) qui s’explique par leur accessibilité et la diversité des écosystèmes (eau, mangrove, typha…). Nous avons utilisé les données pluviométriques de la station de Saint-Louis de 1960 à 2017. L’enquête a été administrée auprès de 77 personnes. Le tableau 1 donne la répartition de l’échantillon ; le choix des acteurs interrogés est fait de manière aléatoire. Le questionnaire de l’enquête est réalisé de façon à pouvoir collecter des données sur la dynamique des paysages, services écosystémiques (tableau 1). 

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Le dépouillement des données collectées à travers le questionnaire est fait sous le logiciel Excel. Pour atteindre ces objectifs, la méthodologie adoptée se base sur trois types de données à savoir les données climatiques, les images satellites et les données de terrain. Les données climatiques ; collecte et traitement : l’analyse statistique est basée sur l’utilisation des différentes opérations et tests appliqués aux données et aboutissant à des résultats concrets. L’application de cette étude s’inspire des travaux faits dans le domaine d’étude et généralement au Sénégal et dans le Sahel.

1.2.1. Détection de rupture

Pour détecter d’éventuelles ruptures au sein des séries chronologiques un certain nombre de tests d’homogénéité est fait .Ils permettent de déceler les grands changements intervenus dans l’évolution normale des données et Kronostat est utilisé pour ces tests. Ce dernier est un logiciel qui regroupe les tests de Petit et Lee et Heghinian et la méthode de segmentation d’Hubert (A. BODIAN, 2014, p.81).Ces tests sont connus pour leur robustesse et leur sensibilité à un éventuel changement intervenu dans l’évolution normale de la série. En effet « si l’hypothèse nulle d’homogénéité de la série est rejetée, ils proposent une estimation de la date de rupture (A. BODIAN et al. 2011 ; p.14 ; A. BODIAN, 2014, p.63 ; D. D. BA et al. 2019).

1.2.2. Les données satellitaires

L’analyse de la dynamique des écosystèmes s’est faite par approche télédétection et systèmes d’informations géographiques (SIG). Les images issues des captures de Landsat MSS, ETM et ETM+ sont collectées selon deux périodes correspondant aux années 1997 et 2017. Le choix de cet intervalle de temps est dicté par le fait que durant cette période, la pluviométrie de la zone a connu des déficits et à un retour de la pluviométrie. Les images ont été téléchargées via le site de l’USGS ; elles n’ont pas la même résolution et sont souvent affectées par les effets de l’atmosphère. Pour les ramener à la même résolution et corriger les imperfections, nous avons procédé à des prétraitements par correction géométrique et calibrage radiométrique.

D’abord, le calcul de néo canaux, ACP et NDVI, est effectué d’une part pour réduire le volume de données et d’autre part, d’augmenter le contraste sol-végétation dans le but de faciliter la segmentation et de pouvoir discriminer autant d’unités paysagères possibles. La classification supervisée avec le maximum de vraisemblance a été effectuée pour déterminer les différentes unités de paysage du delta. Pour améliorer les résultats de la classification, la post classification par les méthodes « Clumping » a été opérée pour ajouter une cohérence spatiale aux classes existantes en combinant des zones classées semblables adjacentes et « Sieving » habituellement exécuté en premier pour enlever les pixels isolés fondés sur un seuil de taille.

La classification est validée par les échantillons de points GPS relevés sur le terrain. Nous avons réalisé la matrice de confusion, l’indice de Kappa et la précision d’ensemble pour apprécier la qualité de la classification. Et enfin, la détection de changement est opérée, qui d’après (A. SINGH 1989, p.127) est la procédure d’identification des différences d’état d’un objet ou d’un phénomène en l’observant à des moments différents.

Cependant, la phase de terrain par les enquêtes, les entretiens et relevés de points GPS, ont permis de comprendre la dynamique du milieu. De ce fait, d’après les populations locales, des stratégies de résilience sont mises en place pour faire face au changement climatique et aux impacts des grands aménagements. Elles présentent des avantages et des limites ; en plus de cela, les observations directes du terrain et les photos prises ont permis d’étayer notre étude. L’analyse des informations obtenues permet d’abou­tir aux résultats et discussions qui suivent.

2. Résultats

2.1. La variabilité climatique, facteur de dynamique du milieu

2. 1. 1. Variabilité pluviométrique des communes de Diama et de Ndiébéne-Gandiol

L’application des chroniques aux tests d’identification de rupture a détecté des dates de discordes en 1969. En effet, pour l’ensemble des stations, au moins un test a détecté 1969 comme année de rupture. Quant à la segmentation d’Hubert, elle a classé les séries en sous-séries. La fin de chaque segment détermine une date de rupture (tableau 2).

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Pour la confirmation d’une éventuelle rupture dans les chroniques, une sous-série est sélectionnée et appliquée au test. Cette série, part de l’année suivante, la première date de rupture à la fin de la chronique c’est à dire de 1970-2017. Les résultats de ce test sont formels, une seconde date de rupture est observée entre les années 1990 et 2000 dans toutes les stations du delta. En moyenne dans le delta, elle correspond à l’année 1997.

En fonction de ces dates de rupture, trois séquences climatiques sont décelées dans le milieu avec des moyennes, sur la base des écarts-types et des coefficients de variation. Il s’agit de 1960-1969 ; 1970-1997 et 1998-2017. Ainsi, l’analyse de cette étude s’opère en fonction de ces dates (tableau 3).

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La pluviométrie représente un paramètre fondamental permettant de scinder deux types de saisons distinctes au Sénégal. Ainsi, « l’état des précipitations est le principal facteur climatique qui détermine les régions menacées par la dégradation des sols », (OMM, 2005). En  outre, on distingue :

-une saison sèche caractérisée par la présence de l’alizé maritime sur le littoral sénégalais et l’ harmattan, vent chaud et sec, provenant du désert du Sahara (sud de la Mauritanie).

-une saison pluvieuse ou nous notons l’arrivée de la mousson vent frais et humide provenant au sud du pays, qui apporte la pluie.

Cependant, cette division de l’année climatique en saisons est le résultat des mouvements de l’Equateur Météorologique (EM) dont la circulation relève du dynamisme des différents centres d’action, notamment les anticyclones des Açores et de Sainte-Hélène ( SANE, 2003, p.132).  

L’analyse de l’évolution mensuelle de la pluviométrie dans la  station de Saint-Louis de la zone d’étude montre que la saison des pluies dure trois mois : juillet, août, septembre (figure 2).

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La figure montre que des années déficitaires alternent avec des années excédentaires. Ces fluctuations sont liées à la dynamique de la mousson africaine qui est marquée par une très  forte variabilité. On note trois phases :

 Durant la période qui  va de 1960 à 1969, la pluviométrie est relativement excédentaire avec  le  total  le  plus  élevé  qui  est  noté  en  1969,  année  d’une bonne  pluviométrie  avec  un  cumul  de 550 mm.  Les  années humides  de  la  période  sont  1962  (340 mm),  1963  (350 mm),  1964  (340 mm),  1965 (330 mm), 1966 (450 mm), et 1967 (430mm).

La deuxième phase de 1970 à 1997 se manifeste par une variabilité de la pluviométrie avec un pic de 380 mm en 1975. Cela correspond aux années de sécheresse dans le Sahel. Cette période, considérée comme celle de la grande sécheresse du siècle en Afrique de l’Ouest (H. H. DACOSTA, 1992, p.121) ou la pluviométrie est déficitaire avec 60 mm en 1992,100 mm en 1977, 1983,1984.

La troisième phase de 1997 à 2017 correspond au retour à la pluviométrie avec un pic de 590 mm en 1992. L’année 2014 a enregistrée la plus faible pluviométrie avec 120 mm. Ainsi, elle est classée comme année à sécheresse forte à Saint-Louis.

2.1.2. Variabilité des températures

Les données des températures de la station de Saint-Louis de 1960 à 2017 sont analysées (figure 3).

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Par ailleurs, la variabilité climatique se fait sentir aussi au niveau des températures. En effet, l’évolution  des températures moyennes mensuelles décrit une tendance générale à la hausse dans la station de Saint-Louis comme nous le montre la figure. Elles sont variables dans le temps et dans l’espace.

La station de Saint-Louis se particularise par une tendance régulière à la hausse des températures moyennes mensuelles entre mai et octobre, c'est-à-dire durant la saison pluvieuse. Les valeurs les plus élevées y sont notées en août (28,5°C), septembre (28,9°C) et octobre (28,9°C) qui représentent les mois les plus chauds pour cette ville. En outre, les mois de décembre (24.2°C), janvier (23.3°C) et février (24.4°C) montrent une baisse des températures correspondant à la saison sèche. La clémence des températures moyennes mensuelles observées entre novembre et mai peut s’expliquer par la présence de l’alizé maritime durant cette période et les influences océaniques.

Dans l’ensemble, l’évolution des températures moyennes annuelles de 1960 à 2017 est marquée par une grande variabilité d’une année à une autre.

2. 2. Les facteurs anthropiques

2. 2.1. Effets sur les écosystèmes estuariens

La mise en eau du barrage de Diama est réalisée en 1986. En effet, si la dégradation des paysages végétaux est corrélée à la dimension biogéographique de la sécheresse (A. COLY, 1996, p.121),  les  grands aménagements  dans  l’estuaire  ont  également  contribué  à modifier  le  couvert  végétal.  Dans  un  contexte  de mutation  rapide,  l’évolution  de  l’espace estuarien  est en déphasage  avec  le  contexte naturel. Le  paysage  actuel  reflète  fortement l’empreinte de l’homme sur le milieu car les aménagements réalisés dans la partie terminale du  fleuve  Sénégal  ont  fortement  perturbé  le  fonctionnement  hydrologique  naturel  et  pose avec  acuité  le  problème  de  développement  des  espèces  végétales  de  type  halophyte modifiant  de  ce  fait  le  paysage.  De  surcroît , l’ouverture  de  la  brèche  a contribué  à  une dégradation de  l’environnement  avec  l’apparition  de  nouvelles  espèces  végétales.  Au paysage  d’eau  douce  de  céanes,  se  substitue  un  paysage marqué  par  des  points  d’eau salés, ensevelis ou asséchés et une végétation relictuelle. Les paysages se détériorent par altération  ou  par  perte  d’éléments  biocénotiques,  par  des  modifications  physiques  et chimiques,  allant  dans  le  sens  d’une  simplification  des  services écosystémiques  et  d’une  baisse  de productivité. 

2.2.2. Impacts  des  aménagements  sur  les  activités  socio-économiques

La vulnérabilité  des services écosystémiques est une réalité grâce aux modifications de l’environnement,  mais  l’aptitude  des hommes et des sociétés à s’adapter et à survivre à ces changements est très variable. Le système socio-environnemental du bas estuaire a vite réagi par rapport aux grands aménagements surtout avec l’ouverture de la brèche. 

D’après les populations, les effets ont commencé à se faire sentir l’année suivant  la coupure de la Langue de Barbarie. Cependant, dans certains villages comme Ndiébène Gandiol, Tassinère, Keur Barka des problèmes de  fertilité des sols sont  notés  depuis  la  mise  en  eau du  barrage  de  Diama. D’ailleurs, les populations de ces villages ont leur champ au niveau des villages de Lakhdar, Gouye Reine, Rima,  Ribot.  Le  maraîchage  occupe  une  place importante  dans  les  activités  des populations de la zone. Dans certains cas, il est pratiqué comme complément de revenus, et est  associé  à  d’autres  activités  telles  que  la  pêche  tandis  que  dans  d’autres  cas,  elle constitue  l’activité  principale.  Les  enquêtes  par  questionnaire  et  les  entretiens  que  nous avons effectué auprès  des maraîchers,  les pêcheurs et  les agents de la Direction Régional du Développement Rural (DRDR) et de  l’Agence National de Conseil et d’Appui Rural (ANCAR) qui  interviennent  dans  la  zone  nous  permettent  de  mettre  en  évidence  les  impacts  des  grands aménagements sur les activités socio-économiques.

En effet, la baisse des rendements agricoles demeure une réalité dans la commune de Ndiébéne Gandiol et de Diama liée à la salinisation des terres qui constitue un  probléme réel. D’une  manière  générale, le recul des terres cultivables entraîne une baisse des rendements. D’après nos enquêtes de terrain, avant l’ouverture de la brèche, ces derniers étaient, en moyenne, de 25 tonnes par ha ; aujourd’hui  ils ne sont que  de  20  tonnes/ha  pour  certaines  cultures. On note aussi une modification du calendrier cultural dans ces deux communes. Aujourd’hui  les cultures s’effectuent à un pas de temps beaucoup plus réduit et s’étalent d’octobre à mars dans  les zones qui ne sont pas encore affectées  par  la  salinité  (Kalassane,  Rao  Peulh,  etc.).  Certains  maraîchers,  environ  30%, préfèrent même attendre la saison pluvieuse, avec le lessivage des sols, pour pratiquer leurs activités agricoles.

2.3. Dynamique des écosystèmes

La dynamique des écosystémes est déterminée par deux facteurs essentiels à savoir la variabilité climatique et les actions anthropiques. Au cours de son évolution, le delta a connu plusieurs situations. Ces dernières sont déterminées par la longue période de sécheresse des années 1970-1997, l’artificialisation du régime hydrographique par les grands aménagements  réalisés (1980-1990). La mise en évidence de cette dynamique porte sur sept (7) unités écosystémiques (eau, terre salée, terre nue, végétation continentale, végétation aquatique, plan d’eau végétalisée, zones de cultures).

2.3.1. Situation des écosystèmes

Durant leur évolution, les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol ont connu plusieurs situations en rapport avec l’évolution du climat et les réponses anthropiques. Les résultats des classifications des images entre 1997 et 2017 (figure 4) montrent une évolution dans l’occupation du sol des différentes unités spatiales : la végétation continentale, la végétation aquatique, les terres salées, les terres nues, les terres de cultures, le plan d’eau végétalisé et l’eau. Ces unités paysagères ont subi de plein fouet les actions naturelles et anthropiques.

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La dynamique des paysages, services écosystémiques dans la commune de Diama est marquée par une évolution positive avec l’augmentation des terres salées (19% en 1987 et 21% en 2017),de la végétation aquatique(9% en 1987 et 11% en 2017),végétation continentale(9% en 1987 et 12% en 2017) ;terres de cultures(20% en 1987 et 40 % en 2017);plan d’eau végétalisé(6% en 1987 et 12% en 2017).Depuis la mise en eau du barrage de Diama en 1986,les plantes aquatiques(typha) envahissent le plan d’eau. L’amélioration de la pluviométrie durant la période 1997-2017 et l’intervention de l’homme sont la cause de cette dynamique.

Par conséquent, une régression des unités écosystémiques est notée dans la commune de Diama :  eau ( 5% en 1987 et 3% en 2017) ; terres nues (32% en 1987 à 4%) pour la même période (Figure 5).

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L’évolution de l’occupation des sols de Ndiébène Gandiole, en vingt ans est révélatrice de la dynamique spatiotemporelle des unités écosystémiques (Tableau 4).

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Ces représentations spatiales monodates favorisent une bonne compréhension de la répartition géographique de la dynamique des paysages, services écosystémiques. L’analyse croisée des différentes cartes permet ainsi d’identifier les zones les plus sensibles aux contraintes anthropiques comme naturelles s’exercant sur le milieu. L’analyse des changements subis par les écosystémes de Ndiébéne Gandiol de 1987 à 2017 montre une évolution de la végétation aquatique,de la végétation continentale et du plan d’eau végétalisé (respectivement 17 % ,1% et 3% en 1987 et 26%,52% et 4% en 2017). Ceci est du à l’édification des ouvrages hydrauliques qui ont causé la prolifération de plantes hydrophytes.Cette tendance évolutive va entrainer la baisse des services écosystémiques : terres salées (13% en 1987 et 3% en 2017 ; terres nues(3% en 1987 et 1% en 2017) ; terres de cultures(47% en 1987 et 10% en 2017) ; eau (17% en 1987 et 4% en 2017).

2.3.2. Evaluation des résultats des classifications

D’une manière générale les cartes de la commune de Diama montrent une certaine pertinence et une précision dans les classifications. Par ailleurs, toutes les classifications ont un coefficient de Kappa supérieur à 0.75. Ceci montre que 75% de la classification ne sont pas dû au hasard et on le calcule par une division dont le résultat varie entre 0 et 1. C’est un indice statistique qui exprime un niveau de concordance d’autant plus croissant que sa valeur est proche de 1.

Les écosystèmes ainsi que les unités écosystémiques de la commune de Diama ont connu d’importantes évolutions au cours des dernières décennies. Cela résulte des facteurs naturels (sécheresse, changement climatique) et anthropiques (barrages, brèches..). L’étude montre une dynamique évolutive de la végétation aquatique et celle continentale mais nous notons une tendance régressive des terres salées, des terres nues et des terres de cultures dans la commune de Diama.

Dans les trois matrices de classifications de la commune de Ndiébéne Gandiol, on remarque que la précision globale est supérieure à 80 %. Les classes présentant un coefficient de Kappa supérieur à 0.75 c’est-à-dire de 75 % de la classification ne sont pas dues au hasard.

Les écosystèmes de la commune de Ndiébéne Gandiol ont subi des dynamiques évolutives et régressives au cours des dernières décennies (1979,1987 et 2017). En somme, l’étude de la dynamique d’occupation du sol montre des dynamiques positives de la végétation continentale et de la végétation aquatique ; on note aussi une baisse de la superficie des terres salées (Tableaux 5 à 8).

Fig17_10.pngFig17_11.png

D’une manière générale, on constate que les résultats sont satisfaisants avec les quatre classifications.

3. Discussion

Cet article permet de montrer la dynamique des paysages, services écosystémiques dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol de 1997 à 2017. Cela apparait sur le domaine du développement économique et de l’équilibre écologique.

Les résultats des tests de rupture concernant la pluviométrie sont en conformité avec ceux des études précédentes menées dans le Sahel et plus particulièrement au Sénégal (H. DACOSTA et al. 2002, p.11 ; M. A SARR, 2010, p.103 ; A. BODIAN, 2011, p.71 ; et al., 2018, p.65 ; D. D. BA et al. 2019, p. 130 ; ).

La Réserve de Biosphére Transfrontaliére du Delta du fleuve Sénégal(RBTDS) suscite un intérêt majeur pour la communauté scientifique. Nos résultats montrent que les paysages, services écosystémiques ont subi une dynamique dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol. Ceci résulte des facteurs naturels et anthropiques. Si la réserve a eu un impact positif, il n’en demeure pas moins que la gouvernance adaptative des services écosystémiques nécessite de faire davantage appel aux ressources et aux acteurs locaux comme le suggèrent L. VASSEUR et R. SIRON (2019). Nos résultats confortent, quelque part, l’idée d’une transition entre les régions désertiques du Sahara et la région de climat soudanien, largement marquée par les péjorations climatiques qui ont contribué à fragiliser des sociétés largement agropastorales (B. A. SY, 2008, p.127). Ceci confirme encore une fois les travaux antérieurs réalisés par rapport à cette question concernant la dynamique paysages, services écosystémiques qui peuvent être multiples tant en terme de prélèvement, de régulation, d’irrigation, de protection et de conservation de la biodiversité (B. CHEVASSUS-AU-LOUIS et R. PIRARD, 2011, p. 584-586 ; O THEROND, 2017, p. 11 ; A. SOW 2020) dans le delta du Sénégal notamment dans les communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol.

La sécheresse des années 1970-1980 et l’impact des artefacts ont affecté considérablement les écosystémes (P. CECCHI, 1992, p.231 ; M. DIAKHATE, 1988, p.162).

Cependant, la montée en puissance de problèmes environnementaux est constaté comme la salinisation des terres dans les deux communes et les conflits (J. P. BARUSSEAU et al., 1993, p.16 ; A. KANE, 1997, p.241 ; T. DIOP et al. 2019 ; D. CISSOKHO et al. 2019). Cette dynamique soutenue a eu un impact négatif sur les sociétés des communes de Diama et de Ndiébéne-Gandiol. Toutefois, grâce au retour de la pluviométrie au Sahel à partir de 1997, on constate une réapparition des écosystémes par endroits. Globalement, on obtient des résultats satisfaisants notamment pour toutes les quatre classifications.

Conclusion

Les unités paysagères des communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol ont subi d’importants changements dus aux facteurs naturels et anthropiques. Malgré la sévérité de la sécheresse qui a frappé l’ensemble du Sahel, les grands aménagements réalisés sur le fleuve, notamment dans le delta, sont parvenus  à maintenir les eaux à un niveau élevé et pendant toute l’année. Ceci a permis le développement des activités socio-économiques dans le milieu durant la longue et persistante sécheresse. Cependant, comme toute évolution, la dynamique des paysages, services écosystémiques a conduit à de nombreux impacts dans le milieu du point de vue hydrologique, pédologique, végétal, donc des activités économiques.

Notre contribution, montre que la dynamique des paysages, services écosystémiques dans les  communes de Diama et de Ndiébéne Gandiol, représente un handicap réel pour les sociétés établies depuis fort longtemps dans cette zone. Ceci doit étre l’affaire des autorités étatiques afin de trouver des réponses idoines face aux facteurs naturels et anthropiques.

Le delta du Sénégal risque de subir les effets de l’exploitation des hydrocarbures ; les impacts de l’exploitation gazière sur les services écosystémiques de la zone constituent une importante perspective pour la recherche universitaire. En effet, la construction du port de Ndiago situé à 250 km au Sud de Nouakchott s’inscrit dans le cadre du protocole d’accord entre le Sénégal et la Mauritanie pour une gestion des ressources halieutiques issues des licences de pêche. Ce port militaire et maritime, localisé à 15 km du populeux quartier de Goxumbaac(Sénégal), peut avoir un impact considérable sur la RBTDS notamment sur la Langue de Barbarie avec le processus du transfert sableux.

Références bibliographiques

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Auteurs

1Laboratoire Leïdi «Dynamiques des territoires et développement», Section de Géographie, Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis ; sowarona2005@yahoo.fr

2Laboratoire Leïdi «Dynamiques des territoires et développement», Section de Géographie, Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis ;  djibrirouba@yahoo.fr

3Université Assane Seck de Ziguinchor, U F R Sciences et Technologies, Département de Géographie, Laboratoire de Géomatique et d’Environnement, BP 523 Ziguinchor, Sénégal ; babacasyllas@gmail.com

 

 

Catégorie de publications

Date de parution
31 déc 2020