L’insécurité dans la ville de Lomé au Togo, une entrave au développement des activités socioéconomiques

Résumé

Au lendemain de son accession à l’indépendance en 1960, le Togo était considéré comme un havre de paix où régnaient la tranquillité et la sérénité. Ces dernières années, ces sentiments ont progressivement fait place au grand banditisme avec les vols à mains armées, les braquages, les cambriolages, etc., créant un sentiment d’insécurité. Cela est le plus observée dans les grandes villes avec des incidences sur le développement socioéconomique. Cette étude vise à analyser l’incidence de l’insécurité sur la vie socioéconomique de la ville de Lomé.

La méthodologie de la recherche utilisée pour cette étude s’articule autour des recherches documentaires, des enquêtes de terrain, du traitement et de l’analyse des données et des informations recueillies. Pour les entretiens, des commissariats de police et des brigades de gendarmerie de la ville ont été concernés. Il en est de même pour les boutiques et hôtels de Lomé.

Les recherches ont permis d’établir que la métropole togolaise est victime d’insécurité. De jour comme de nuit, Lomé enregistre des braquages, des vols à mains armées, des cambriolages, etc. Des interpellations des malfrats ont lieu au quotidien. Pour lutter contre ces crimes, des stratégies sont mises en place : des patrouilles sont organisées, l’opération « araignée » et des numéros verts sont mis à disposition pour une prompte intervention des forces de sécurité. Malgré ces stratégies, la ville n’est toujours pas épargnée de ces actes crapuleux.

Abstract

After its independence in 1960, Togo was considered a haven of peace where tranquility and serenity reigned. In recent years, these feelings have gradually given way to organized crime with armed robberies, robberies, break-ins, etc., creating a feeling of insecurity. This is most observed in large cities with implications for socioeconomic development. This study aims to analyze the impact of insecurity on the socioeconomic life of Lomé.

The research methodology used for this study revolves around desk research, field surveys, processing and analysis of the data and information collected. For the interviews, police stations and gendarmerie brigades of the city were involved. The same goes for shops and hotels in Lomé.

Research has established that the Togolese metropolis is a victim of insecurity. At any time, Lomé records robberies, armed robberies, burglaries, etc. Arrests of thugs take place on a daily basis. To fight against these crimes, strategies are invented: patrols are organized, the "spider" operation and free numbers are available for prompt intervention by the security forces. Despite these strategies, the city is still not spared from these heinous acts.

Introduction

Au cours des trente dernières années, l’insécurité urbaine est devenue un enjeu majeur dans le débat métropolitain (J-P. HUCHON, 2010, P. 4). Elle est apparue au-devant de la scène alimentée par des images de violence urbaine. Le sentiment d’insécurité est assimilé à la déviance, à la pauvreté et à la maladie.  P. M-A. de MONTCLOS (2004, p. 81) considère l’insécurité urbaine comme le point de convergence disciplinaire où le médecin rejoint ainsi l’urbaniste, le juge et le policier pour prévenir les désordres sociaux et organiser la ville. L’insécurité est devenue une « préoccupation sociale » dans de nombreux pays au cours de la dernière décennie (A. GAROSCIO, 2006, p 33). En effet, l’insécurité désigne le sentiment fait d’anxiété ou de peur que peut ressentir un individu ou une collectivité devant ce qui peut advenir, le fait de ne pas être sûr, d'être soumis à différentes formes de dangers ou de délinquance (S. A. SOGBO, 2013, p.19). L’insécurité urbaine résulte également des mutations sociétales qui provoquent aujourd’hui un sentiment de mal-être et qui dissout les liens sociaux (R. CASTEL, 2003, p 11). L’insécurité joue un rôle important dans les décisions de la population ou des consommateurs de fréquenter un lieu, de se promener dans un quartier ou de voyager dans un pays plutôt que dans un autre (R. ROULEAU, 1997, p 1). Elle est un véritable défi pour les grandes villes de la planète.

La ville de Lomé n’est pas en marge de ce phénomène. Elle connaît une insécurité de plus en plus grandissante avec des cambriolages, des vols à mains armées, des assassinats, des viols, toutes sortes de violence qui mettent à mal la tranquillité de la population. En effet, autour des années 1970, il régnait à Lomé une sécurité et une sérénité indéfectible. Les populations des villes et des campagnes pouvaient vaquer librement à leurs activités sans se soucier de leur sécurité. Le cambriolage, le vol à mains armées, les braquages, etc., étaient presque inexistants. La vie était paisible à Lomé et cela a permis l’amorce d’un développement économique et social harmonieux. Cela a amené Y. MARGUERAT (1992, p. 295) à proclamer que la population de Lomé est fondue dans la communauté éwé qui rejette la violence, donc un peuple pacifique, hospitalier. Ce climat de paix et de sécurité a permis le développement commercial avec surtout la vente du tissu pagne par les « Nana Benz », des femmes qui ont vendu des pagnes pour s’offrir des voitures de marque Mercedes-Benz. Elles ont fait pendant longtemps la fierté du Togo en termes de leadership féminin.

Ces dernières années les populations redoutent la recrudescence des cambriolages, des vols à mains armées, des assassinats, des violences de tout genre. La peur d'être la prochaine victime d’un cambriolage, de vol ou d'une agression hante la majorité des citadins surtout ceux des quartiers dits dangereux, notamment Adawlato, Amoutivé, Tokoin-hôpital, Aflao-Gakli, Togblékopé et Sagbado. (P. KAROUE, 2011, p. 7). D’après P. M-A de MONTCLOS (2004, p. 81), depuis une trentaine d’années, le phénomène n’en a pas moins pris une ampleur sans précédent, qui a suscité un nombre grandissant d’études et provoqué une prise de conscience des décideurs, en particulier lors de la conférence d’Habitat II à Istanbul en 1996. Les violences urbaines ont abordé une courbe en « J » depuis quelques années simultanément au développement urbain (P. M-A de MONTCLOS, 2002, p. 81). Pour cet auteur, la violence et l’insécurité accompagnent toujours le développement urbain et elles en font même intrinsèquement partie, mettant en évidence une forte corrélation avec la taille des villes.

On enregistre dans la ville de Lomé presqu’au quotidien des comportements, soit délictueux, soit criminels (S.A. SOGBO, 2013, p. 6). Les viols, les assassinats des personnes pour les trafics d’organes humains, ne peuvent être passés sous silence. Tout cela a des incidences négatives sur la vie socioéconomique de la ville et du pays. Les activités économiques prennent un coup, la population vit dans une psychose totale. En effet, la sécurité dans les grandes agglomérations ne peut jamais totalement être efficace, d'une part à cause de l'accroissement sans cesse de la population et de la dégradation de l'environnement socioéconomique, et d'autre part à cause d'une politique de suivi des mesures négligées (W. M. KOFFI, 2008, p. 13).

Cette étude vise à analyser l’incidence de l’insécurité sur la vie socioéconomique dans la ville de Lomé. Cela passe par une méthodologie de recherche bien déterminée

  1. Méthodologie de la recherche

La méthodologie de la recherche utilisée s’articule autour des recherches documentaires et des enquêtes de terrain. Les recherches documentaires ont permis de mieux circonscrire le sujet à travers des auteurs qui se sont intéressés au sujet dans d’autres villes, qu’elles soient africaines ou non. Pour confirmer ou infirmer les informations issues de la recherche documentaire, des enquêtes ont été menées sur le terrain. Six quartiers ont été identifiés pour l’enquête: Adawlato et Amoutivé choisis parmi les quartiers centraux, Tokoin hôpital et Aflao Gakli parmi ceux péricentraux, Togblékopé et Sagbado parmi les quartiers périphériques (figure 1).

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Dans tous ces quartiers ciblés, un échantillon de 50 personnes a été enquêté, soit au total 300 personnes pour les six quartiers concernés par les enquêtes de terrain. Dans chacun des quartiers, 50 % des enquêtés résident à proximité des banques, des boutiques et magasins où l’on enregistre souvent des cambriolages ou des pillages. Les 50% restant ont été tirés de façon aléatoire.

Les services en charge de la sécurité de la ville ne sont pas en marge des enquêtes. Ainsi, certains postes de police de la ville de Lomé ont été enquêtés, notamment le commissariat central de la ville où les crimes du centre-ville sont signalés, les brigades de gendarmerie à proximité des grands marchés de la ville qui constituent des centres d’affaires, notamment Adawlato et Hédzraanaoé. La brigade antigang où certains criminels sont interpelés, les brigades de gendarmerie ou de police de la périphérie de la ville : Agoenyivé, Togblékopé et des quartiers situés le long de la frontière entre le Togo et le Ghana, notamment Sagbado et Adidogomé, du fait que les gens commettent des crimes à Lomé et se retrouvent à la minute près de l’autre côté de la frontière. 80 détenus répartis dans les brigades sus citées, soit 10 détenus par brigade ont été entretenus pour déterminer les causes et les circonstances dans lesquelles les crimes ont été commis. De façon aléatoire 10 cambrioleurs, 10 braqueurs, 30 voleurs dont 10 à mains armées, 10 violeurs et 10 assassins ont été choisis. Les enquêtes ont porté sur les différents cambriolages, vols, viols, violences exercées sur des citadins et les braquages, perpétrés dans la ville de Lomé depuis les quinze dernières années, les causes de ces crimes, l’âge et le sexe des criminels et les conséquences sur le développement socioéconomique de la métropole togolaise. 15 boutiques dont 5 au centre-ville, 5 dans les quartiers péricentraux et 5 à la périphérie de la ville ont été enquêtées ; il en est de même pour les hôtels, ceci pour avoir une idée sur l’incidence du sentiment d’insécurité sur les activités économiques. Après cette étape, on est passé au traitement et à l’analyse des données et informations recueillies. Le logiciel Microsoft Word a servi pour le traitement de texte, Excel pour la conception des graphiques, les logiciels ArcGis et QGis pour l’établissement des cartes. Cette démarche méthodologique a permis d’atteindre certains résultats.

2. Résultats et analyse

 Sur le terrain, les 300 personnes enquêtées, les différentes brigades de gendarmerie et commissariats de police, les magasins, les boutiques et les hôtels parcourus ont reconnu que le sentiment d’insécurité est une réalité à Lomé. Les enquêtes auprès des détenus ont permis d’identifier les causes des différents crimes dans la ville de Lomé, de déduire que les cambriolages, les vols, les braquages, la violence à Lomé sont liées à la limitation ou à l’inégalité de l’accès aux opportunités économiques, ainsi qu’à plusieurs facteurs contextuels, tels que le trafic et à la consommation de stupéfiants.

Au Togo, l’insécurité est devenue une préoccupation, un défi à relever ; ce qui  a amené les autorités du pays à sortir le portefeuille de la sécurité de l’administration territoriale pour en faire un ministère à part entière. Cette situation donne l’impression que les crimes et violences de tout genre relèvent d’un certain boycott de tout l’effort fourni par le pouvoir en place.

2.1. Les causes de l’insécurité dans la ville de Lomé

Les travaux de terrain ont permis d’identifier certaines causes de l’insécurité urbaine. Il s’agit, entre autres, de l’accroissement rapide de la population urbaine à travers les mouvements internes et externes de la population, dont la plupart des jeunes sont frappés par le chômage et la pauvreté. Cette indigence des jeunes est un facteur d’intensification de la criminalité, des violences, des activités des gangs, des trafics illicites, de la recherche du gain facile, de la consommation des drogues, etc.

2.1.1. La mutation sociétale, un facteur d’insécurité

L’insécurité urbaine provient également des mutations sociétales contemporaines et contraignantes, de l’adoption de nouveaux styles de vie contraires à ceux qui existaient dans les collectivités d’antan. Pour les jeunes d’aujourd’hui, les valeurs éducatives traditionnelles qui régissaient l’éducation dans les familles et sociétés traditionnelles sont dépassées. Pour eux, il faut vivre le modernisme, vivre avec son temps, vivre avec ses convictions, la liberté de faire ce dont on a envie. Ce modernisme dans les années 1990, avec l’avènement de la démocratie mal cernée, a été à l’origine des violences à Lomé. Pour les jeunes, la démocratie était l’avènement d’une période de libertinage où chacun pouvait faire ce qu’il voulait. Cela a amené la métropole togolaise à basculer dans une série de violences, de troubles, d’actes de vandalisme, de pillage avec accentuation de l’insécurité, de l’incivisme et leur cortège de crimes. La capitale togolaise a payé le prix fort avec la naissance du grand banditisme, des vols à mains armées, des cambriolages, des braquages des boutiques, des supermarchés, des banques. Faut-il le rappeler, le cambriolage des banques n’est pas chose facile, car très bien gardées par des forces de l’ordre. Le cambriolage d’une banque ne s’est passé qu’une seule fois à Adidogomé, un quartier périphérique à l’ouest de Lomé et l’on peut s’imaginer l’ampleur. Cette instabilité ne peut pas favoriser le développement des activités économiques. La population reste cloitrée chez elle et c’est la vie socioéconomique qui en pâtit. Au-delà de la violence des jeunes, il faut aussi noter leur nombre de plus en plus élevé dans les grandes villes du pays à la recherche du mieux-être.

2.1.2. La croissance rapide de la population, un indicateur de l’insécurité

À l’accession du Togo à la souveraineté internationale, la population était peu nombreuse (figure 1) et les ressources étaient assez disponibles. Les conditions de vie étaient assez favorables, comparées à celles d’aujourd’hui où la population est relativement importante avec un grand nombre dans la pauvreté. Jusqu’autour des années 1990, le prix des produits sur le marché était abordable et la population était assez aisée. La baguette de pain était à 30 francs CFA, la bouteille de bière à 70 francs, la tonne de ciment à 1500 francs. Les salaires qui permettaient de faire face à ces dépenses n’ont presque pas bougé. Même avec la dévaluation du franc CFA en 1994, il n’y a eu aucune mesure d’accompagnement. Les prix des articles sur le marché ont augmenté. Aujourd’hui, la baguette de pain est à 100 francs, la tonne de ciment à 80 mille francs. Pas de premiers soins dans les hôpitaux comme c’était le cas auparavant, les établissements scolaires publics assez abordables sont bondés d’élèves et les privés très coûteux. Les parents ne pouvant pas supporter les coûts, les jeunes abandonnent les classes et se lancent dans la débrouillardise avec pour conséquence l’indigence. Cette situation inconfortable dans laquelle vit une frange importante de la population de la capitale les amène à commettre des cambriolages, des braquages, des vols à mains armées. Cela est dû à une augmentation exponentielle de la population jeune dont une grande partie est au chômage et se bat pour sa survie. (Figure 2).

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Cette figure montre une croissance démographique assez rapide, la population a augmenté d’un peu plus de 100 000 habitants en 10 ans, entre 1960 et 1970. Elle a doublé en 11 ans, de 1970 à 1981. Aujourd’hui, la population croît à un rythme exponentiel de 2,4% par an alors que la disponibilité des ressources s’amenuise. Selon l’Institut National de la Statistique et des Etude Economiques et Démographiques (INSEED)  60% de cette population a moins de 25 ans. Les emplois deviennent de plus en plus rares à cause du manque d’entreprises. Le taux de chômage est de 3,4% et le taux de sous-emploi se stabilise à 24,9% selon les chiffres rendus publics à l’issue d’une étude du questionnaire des indicateurs de base du bien-être (Quibb). L’indigence gagne une grande partie de la population qui n’exerce que des métiers de subsistance, notamment la menuiserie, la chaufferie, la couture, la cuisine, la mécanique des engins à deux roues, etc., avec de maigres salaires surtout quand ils sont engagés dans la fonction publique. En ville, tout est à acheter alors que les salaires sont très insuffisants pour la survie.

Les populations sont obligées de se démener pour leur survie, ce qui les conduit vers une « économie souterraine », notamment le commerce de stupéfiants, des pierres précieuses, les activités de vol et de tout genre de commerce illicite. D’après les travaux de terrain, le niveau d’étude de 85 % de jeunes ne dépasse guère le niveau de Brevet d’étude du premier cycle (BEPC). Ils ne peuvent qu’assurer des emplois peu rémunérateurs et n’ayant aucune stratégie de développement de leur métier alors qu’ils sont très ambitieux. Pour vite s’enrichir, ils se jettent dans des affaires louches : contrebande, drogue, vols, trafic d’organes, etc., au risque de leur vie. Pour eux, soit ils réussissent leur coup soit ils échouent et finissent en prison. Ces individus se moquent éperdument de la prison, la mort ne leur fait pas peur. Parfois ils commettent des crimes à visage découvert, une sorte de défi à l’autorité.

​​​​​​​2.2. Les manifestations de l’insécurité

Le sentiment d’insécurité se manifeste par des braquages, des cambriolages, des vols à mains armées, des viols, des assassinats, des violences de tout genre. Les criminels opèrent très souvent à l’aide des motos sans immatriculation pour ne laisser aucune trace. Ils sont pour la plupart du temps munis de fusil de fabrication artisanale ou d’armes blanches : poignard, coupe-coupe,  des barres de fer, etc., bref tout ce qui peut faire peur ou mal à leur victime. Le choix de la moto pour ce genre d’activité s’explique par son aisance à faufiler, elle passe partout à travers les sentiers, les petits couloirs, permet d’aller très vite dans une ville avec des rues encombrées à tout moment.

Les travaux de terrain ont également permis de retenir qu’aucun braquage n’a été fait sans succès, sans que les malfrats aient eu gain de cause. Dans les brigades de gendarmerie ou de commissariat de police où ils sont détenus, les 10 braqueurs interrogés ont été unanimes par rapport à cette assertion. Ils ont toujours réussi leurs coups, emportant toujours de gros butins qui se chiffrent souvent à des dizaines de millions de francs CFA. C’est un exercice qui se fait de façon prompte, très rapide, maximum 5 minutes d’après des personnes ressources qui ont été enquêtées. Ce qui explique que les forces de l’ordre n’arrivent sur les lieux seulement que pour constater et ouvrir l’enquête. Le vol de véhicules de luxe est aussi récurrent à Lomé. Lorsque les malfrats les repèrent, ils les suivent jusqu’à un endroit où ils peuvent opérer sans grand risque. Ils utilisent bien de stratégies, lorsque ce véhicule est garé surtout dans l’obscurité, ils saisissent également la brèche. L’un des malfrats se positionne à une vingtaine de mètres du véhicule, l’autre reste caché dans l’obscurité au niveau de la portière côté non chauffeur. Dès que le propriétaire actionne le déblocage automatique des portières, le malfrat y entre et pointe l’arme sur le propriétaire qui est contraint de lui remettre les clés du véhicule. C’est pour cela qu’il est conseillé de faire le tour de son véhicule avant de débloquer les portières pour démarrer.

Au-delà du vol de voiture à Lomé, des opérateurs économiques venant d’une banque après une opération ou allant à la banque pour un dépôt sont parfois braqués. Comment expliquer cela ? Il est possible que la bande des malfrats s’étende aux banquiers ou aux proches des victimes et que ce soit ces derniers qui vendent la mèche, exposant ces opérateurs économiques aux braquages. En effet, l’ensemble des braquages ont été commis sur des monnayeurs, des commerçants, qui, après avoir vendu toute la journée, sont soit attaqués sur le chemin de la banque où ils vont faire le dépôt avant 16 heures ou sur le chemin de la maison où ils préfèrent le garder en vue du versement à la banque en fin de semaine. Le braquage est un exercice très dynamique exécuté par des individus jeunes dont l’âge est compris entre 18 et 45 selon les enquêtes menées. Sur 100 malfrats arrêtés, 90 % ont entre 17 et 35 ans, une tranche d’âge d’action, de vigueur. D’après les travaux de terrain, ces individus appartiennent quelquefois à des bandes organisées réparties dans différentes zones de la ville. Chaque bande organisée a une zone d’intervention bien déterminée où elle effectue ses crimes, notamment les cambriolages, les vols à mains armées, les viols, les assassinats, etc. Ces crimes sont généralement commis en journées ou en pleine nuit entre 23 heures et 3 heures du matin. En 2005, les services de renseignement de la gendarmerie ont avancé le nombre de 3738 et ceux de la police 4569 (tableau 1).

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Ce tableau présente des chiffres alarmants qui montrent que l’insécurité est de plus en plus grandissante. Ces chiffres vont de façon croissante de 2005 à 2007 sauf en 2006 au niveau de la police où on note un petit creux (figure 3).

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La figure 3 présente l’allure des crimes perpétrés entre 2005 et 2007. Plus de 10 ans après, l’impression de l’évolution des crimes à Lomé est une réalité. Les lamentations, les cris de détresse sont quotidiens : braquage ici et là, cambriolage dans un quartier ou dans plusieurs quartiers en même temps. Les chiffres croissent (tableau 2) et la ville est mise à rude épreuve.Les données du tableau font état de tous les délits et crimes confondus, notamment les cambriolages, les braquages, les vols et les vols à mains armées, les viols, les problèmes de tout genre : escroquerie, violence sur des personnes, forfaits, usurpation d’identité, fraudes de tout genre, etc. Il en est de même pour les données du tableau 1.

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Cependant, les écarts sont grands. Dans l’ordre de 4000 dans les années 2005 à 2007, ces chiffres sont passés à 7000, voire 8000 entre 2013 et 2017. Alors que les chiffres du tableau 1 sont des données centralisées, ceux du tableau 2 sont partiels et l’on peut se faire une idée des données centralisées des années 2013 à 2017. C’est indéniable, le nombre des crimes augmente d’année en année. Tous ces délits et crimes sont des infractions qui créent la psychose au sein de la population. C’est une preuve de l’évolution de la criminalité dans la ville de Lomé au fur et à mesure que les années passent (figure 4). 

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La figure 4 montre une évolution croissante des délits et des crimes perpétrés dans la ville de Lomé depuis 2005. La figure ne fait aucun état des crimes commis des années antérieures à 1990 où le Togo était qualifié de « Suisse d’Afrique ». Avant 1990, les enquêtes de terrain ont confirmé que le Togo était un pays de sécurité, d’accueil où le sentiment d’insécurité était faible. Il y régnait la sérénité et le pays était la destination des touristes. Lomé était l’une des villes les plus sécurisées et des plus propres de la sous-région ouest africaine. Ce qui explique que Lomé était retenu pour de grandes rencontres régionales, sous-régionales et internationales, en témoigne les conventions entre les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et la Communauté économique européenne (CEE), aujourd’hui Union Européenne (UE). Les données du commissariat central de la ville de Lomé vont plus loin dans les années 2000 (tableau 3).​​​​​​​

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Les moments où les populations de la capitale dormaient à la « belle étoile » sont terminés. Le Togo, la « Suisse africaine » n’est plus le même. Les crimes évoluent de façon croissante et ont franchi le seuil de la centaine pour certains crimes en une année, ce que fait ressortir le tableau 3. Les chiffres du commissariat central et du Ministère de la sécurité et de la protection civile n’ont pas pris en compte les vols au grand marché de Lomé et dans les quartiers frontaliers et littoraux dont les auteurs ne sont quasiment pas mis aux arrêts. Dès qu’on les interpelle ou dès qu’ils commettent le forfait, ils se retrouvent de l’autre côté de la frontière ou ils plongent dans l’océan ; ce qui complique l’activité des forces de l’ordre. Cette situation explique suffisamment le fait que les quartiers littoraux et frontaliers soient les plus en proie à l’insécurité, notamment Kodjoviakopé, Nyékonakpoe, Agbadahonou, etc. En considérant les différentes données des services des forces de l’ordre, il est clair que la criminalité évolue de façon croissante et si rien n’est fait le pays risque d’atteindre des maxima qui risquent de mettre à mal la décence de la vie de populations. Les travaux de terrain révèlent que les mois de novembre et décembre sont les plus concernés par l’insécurité à Lomé, car tout le monde prépare les fêtes de fin d’année. Le phénomène d'insécurité atteint son paroxysme dans la société et les citoyens s'interrogent perpétuellement sur les moyens adéquats à mettre en œuvre pour éviter les retombées de ces comportements déviants qui déstabilisent le paysage économique et social. Les autorités en sont conscientes et ont mis en place des dispositifs pour lutter contre ce fléau.

2.2.1. Incidence de l’insécurité sur la vie socioéconomique de la ville de Lomé

Le sentiment d’insécurité a des conséquences sur les activités socioéconomiques, éducatives, sanitaires, etc. Avec la recrudescence des crimes à Lomé, il s’installe au plan social la méfiance et la peur au sein de la population. Les souvenirs d’un crime ne s’oublient pas encore quand un autre plus coriace et parfois plus meurtrier se produit. Les populations craignent pour leur vie. L’insécurité a une incidence négative sur la famille, cellule de base de toute société humaine, elle traumatise l’individu. L'insécurité pose également le problème de l'éducation, un fait social, dans la mesure où elle inculque de mauvaises mœurs aux enfants avec les délinquants qui foulent au pied, les normes et valeurs sociales en s'attaquant aux biens des autres. Il y a aussi un autre fait social non négligeable, l’alcoolisme.

L’insécurité a un impact négatif sur les activités économiques de la ville. La croissance économique d’un Etat ne peut éclore que s’il existe un climat de sécurité, de sérénité. Aucun opérateur économique ne peut investir dans une ville agitée à tout moment par des violences, des vols à mains armées répétitifs. Les enquêtes de terrain ont montré que les chiffres d’affaire chutent drastiquement. Il faut donc travailler à minimiser ce sentiment d’insécurité afin de mettre la population en confiance pour ses activités socioéconomiques. Au-delà de la sécurité collective assurée par les forces de l’ordre, chaque ménage à Lomé se démène pour assurer sa sécurité. Des agents de sécurité sont engagés par des ménages aisés pour garder la maison de jour comme de nuit. D’autres utilisent des chiens, construisent de hautes clôtures achevées par des barbelés ou des tessons de bouteilles. La clôture garantit un minimum de sécurité contre les vols (E. Atchole, 2016, P. 202). Malgré tous ces efforts, l’on n’est pas à l’abri des malfrats. Ils arrivent dans la maison, prennent ce qu’ils veulent et peuvent tuer à la moindre résistance, violer et repartir sans que les victimes ne puissent lancer une alerte aux forces de l’ordre.

Par mesure de sécurité, les véhicules sont aussi munis d’un système d’alarme. L’alarme peut être juste l’alerte au vol ou bloque tout le système du moteur dès qu’elle est activée. Seul le détenteur du système peut débloquer ce système.

Des mesures sérieuses sont prises par les populations contre l’insécurité à Lomé mais le phénomène est loin d’être éradiqué. Cela a des incidences négatives sur le développement économique et social de la ville et du pays. L’insécurité urbaine empêche le développement économique en ce sens que les investissements deviennent difficiles. Quand on investit dans une ville ou dans un pays en proie à l’insécurité, on peut être amené à tout perdre un jour. En quelques secondes on vous prend la substance vitale de votre investissement et c’est l’échec, le projet tombe à l’eau. Tous les employés perdent leur travail et c’est une série de misère qui commence. Pour un développement économique harmonieux  d’une ville ou d’un pays, il est important de combattre ce fléau.

​​​​​​​2.2.2. Les stratégies de lutte contre l’insécurité

Les différentes manifestations de l’insécurité ayant été déroulées, il convient de noter que c’est un fléau qui crée la psychose et porte entorse au développement économique et social d’une ville ou d’un pays. Quand le vol est courant dans une ville, quand la violence est quotidienne, les assassinats partout dans la ville, aucun développement n’est possible. Cela étant, les autorités du pays ne lésinent pas sur les moyens de lutte pour la sécurité dans les villes et campagnes du Togo. Vu l’ampleur du phénomène, des stratégies ont été mises sur pied pour minimiser le mal ou l’éradiquer. Ainsi, il a été mis en place des numéros verts qui devaient permettre aux forces de l’ordre d’intervenir de façon prompte à toute attaque : cambriolage, braquage et tout autre crime. Des patrouilles des forces de l’ordre et de défense sont organisées  toutes les nuits, les patouilles des unités spéciales antigang sont effectives de jour comme de nuit. Il a été créé un système dit « Araignée » ; il s’agit des véhicules de police et de gendarmerie, chacun portant un numéro vert, prêt à intervenir à tout moment de jour comme de nuit. Dans les cars de transport, il y a deux ou trois agents de force de l’ordre armés, prêts à intervenir. Car les voyageurs font régulièrement l’objet d’attaque et sont dépouillés de leurs biens. C’est dire que des efforts sont faits pour éradiquer le phénomène de l’insécurité à Lomé et dans le pays mais les malfrats usent parallèlement des stratagèmes pour déjouer les forces de l’ordre. Dès qu’ils repèrent le véhicule du système « Araignée » dans une zone d’opération, ils sonnent le numéro vert de ce véhicule et le dévie vers un autre endroit très éloigné prétextant un crime, ce qui leur permet d’opérer en toute tranquillité et de façon éclair.

Cette stratégie des malfrats ayant été démasquée, le système « araignée » et tous les autres systèmes mis en place pour combattre l’insécurité ont été améliorés, mais cela est loin de dissuader les criminels. On note davantage des cas de braquage, de cambriolage, de vol à mains armées, de viol, etc. Les individus sont souvent interpellés ou mis aux arrêts mais cela ne met pas fin aux crimes. En effet, le concept de ville a toujours rimé avec les crimes. Cela est dû à la misère d’une population sans cesse croissante, qui croupit dans la misère et qui est prête à tout pour la survie. Les travaux de terrain ont permis de faire des constats. La lutte contre l’insécurité ne peut être efficace que si la population collabore de façon efficiente, au lieu d’avoir peur des malfaiteurs ou de diaboliser les forces de l’ordre comme étant seulement au service du pouvoir public. Les forces de l’ordre ont certes la logistique et la stratégie nécessaire, mais à quoi cela servirait si elles ne sont pas au courant des crimes qui se préparent ou qui sont en train de se dérouler dans un coin de la ville. De toute évidence, la population elle-même est souvent l’objet de vol, de viol ou de cambriolage. Dès qu’elle réussit à mettre la main sur le malfaiteur, elle se rend justice en brûlant le présumé malfaiteur. Dans ce processus, les populations tuent parfois des innocents. Un individu peut se retrouver en milieu ennemi et se faire molesté dès que l’alerte est lancée.

3. Discussion

La problématique de l’insécurité urbaine a été abordée par plusieurs auteurs, qui pour traiter de la sécurité routière, qui pour traiter de la sécurité alimentaire, etc. Dans la présente étude, il est question d’analyser l’incidence de l’insécurité en tant que sentiment de peur et action de cambrioler ou de braquer, sur les activités socioéconomiques de la ville de Lomé. En effet, les cambriolages, les braquages, les assassinats, les vols à mains armées, les viols et les violences urbaines de tout genre empêchent le développement socioéconomique d’une ville et, partant, d’un pays. Cette assertion est partagée par P. ECHEVERRIA (2010, p. 40) pour qui la criminalité constitue un problème de taille pour les entrepreneurs. Cet avis est partagé par W. M. KOFFI, (2008, p. 71). Pour l’auteur, la croissance économique à laquelle tout Etat aspire ne peut s’éclore et s’épanouir que dans un climat, un environnement où est assurée à chacun la sécurité d’existence.  J-F. BERNARDIN (1997) cité par W.M. KOFFI (2008, p. 71) abonde également dans le même sens, pour lui la sécurité est une condition de la croissance économique, mais aussi de l’activité des territoires. Dans un climat d’insécurité les opérateurs économiques exercent leurs activités avec peur, ce qui n’est pas de nature à booster leurs chiffres  d’affaires. De nombreux auteurs sont unanimes quant à l’insécurité urbaine. Pour P. KAROUE (2011, p. 81), la ville de Lomé connait des braquages, des cambriolages et bien d’autres crimes. Pour cet auteur, le phénomène est le plus récurent dans les quartiers dits dangereux, notamment Adawlato, Amoutivé, Tokoin-hôpital, Aflao-Gakli, Togblékopé et Sagbado. Les travaux de terrain ont permis d’infirmer l’hypothèse selon laquelle les six quartiers ayant fait l’objet d’enquête sont les plus dangereux en termes d’insécurité à Lomé. En effet, les quartiers les plus dangereux à Lomé en termes d’insécurité sont Adidigomé, Kodjoviakopé, Nyékonakpoe et Agbadahonou, des quartiers le long de la frontière Togo-Ghana.

Des auteurs sont unanimes sur la place de choix qu’occupe la croissance exponentielle de la population comme facteur de l’insécurité urbaine. D. DIOP (2016, p. 2) parle de criminalité sans limite au Sénégal, une insécurité due à la croissance rapide de la population de Dakar qui ne cesse de croître avec un taux de chômage élevé (14,1%). L’auteur évoque également tout comme la présente étude sur la ville de Lomé, la pauvreté, la corruption, la fraude, la consommation d’alcool et de drogue comme autant de facteurs qui favorisent l’insécurité. E.A. SOGBO (2013, p. 14) abonde dans le même sens en insistant sur la pauvreté comme la raison la plus récurrente de l’insécurité urbaine en parlant des villes du Bénin. L’auteur élargit le champ des causes de l’insécurité urbaine aux « gens anormaux ». S. COMMINS (2011, p. 3) n’est pas du reste. Il évoque également la croissance rapide des villes spatialement et démographiquement, ce qui crée l’indigence des jeunes qui constitue une menace d’intensification de la criminalité violente, les activités des gangs, le trafic illicite, les liens avec le crime organisé transnational et l’instabilité politique, dont les répercussions touchent quasiment chaque pays du continent. Pour l’auteur, les mécontentements liés au manque de services essentiels conduisent à l’intensification de l’insécurité, de la criminalité. Il en est de même pour la mutation sociétale (R. CASTEL, 2003, p 11). A. GROENEMEYER (2009, p. 9) partage le point de vue de R. CASTEL en évoquant le fait que les sociétés modernes sont caractérisées par des processus de détraditionalisation et par une complexité accrue des relations sociales et des orientations individuelles, dans laquelle les formes traditionnelles d’intégration sociale, de relations sociales, d’identités et de régulation sociale ont tendance à disparaitre. Hans BOUTELLIER cité par A. GROENEMEYER (2009, p. 8) identifie ces dimensions en tant que causes centrales de l’insécurité croissante dans la société moderne contemporaine.

L’insécurité urbaine n’est pas propre aux villes africaines, les villes occidentales en sont également menacées. Les causes sont similaires à celles identifiées dans les villes africaines. S. GUELTON et C. PAULIN (2012, p. 8) sont du même avis que S. COMMINS (2011, p. 3) et E.A. SOGBO (2013, p. 64) par rapport à la vulnérabilité de la population, physique (âge, sexe) ou sociale (revenu, chômage) comme un facteur important du sentiment d’insécurité. La question sécuritaire est un fléau qui doit être combattu. Pour ce faire, de nombreux acteurs interviennent dans cette lutte dans les villes togolaises ; il en est de même dans d’autres villes africaines et occidentales. K. OPADOU (2009, p. 75) a fait un constat selon lequel en Côte d’Ivoire les actions et missions de la police ne suffisent pas pour réguler cette question sécuritaire. Il a trouvé qu’il est possible de compléter celles-ci par la stratégie de la prévention situationnelle « intégrée » qui porte sur huit points complémentaires : Analyse des problèmes criminels ; intégration de la technologie de sécurité ; surveillance continue de précision ; restauration de sites à risques ; police de proximité anticipatrice ; actions coordonnées des régulateurs ; modification de l’attitude des victimes potentielles ; évaluation et adaptation des actions. Cette idée est partagée par bon nombre d’auteurs. Compte tenu de la complexité du phénomène d’insécurité, des solutions ne seront jamais définitives, il devient alors impérieux de répondre à la délinquance, aux crimes en développant des actions de prévention qui améliorent aussi la qualité de la vie quotidienne (F. CARRER, 2004, p. 464). Ainsi, I. LEFEVRE (2014, p. 27) et F. CARRER (2004, p. 470-472) sont unanimes et abondent dans le même sens que K. OPADOU (2009, p. 75) en proposant la synergie d’action des autorités, des forces de l’ordre et de la population pour combattre l’insécurité en vue d’un meilleur développement des activités socioéconomiques.

Conclusion

Le concept d’insécurité présente en lui des complexités. Mais dans le cadre de cette étude, il s’agit des vols à mains armées, des cambriolages, des viols, des violences de tout genre. Cette situation amène l’autorité à mettre en place une armature sécuritaire aussi importante que performante en vue de combattre le fléau pour le développement socioéconomique en vue d’une vie décente des populations. Pour ce faire, elles sont appelées à contribuer à la minimisation de la criminalité aussi bien à Lomé que dans les autres villes du pays.

La gestion de l’insécurité urbaine est une question collective. Elle n’est pas propre à la capitale togolaise.  Toutes les villes du monde connaissent des moments d’insécurité. Comme le dit si bien P. M-A de MONTCLOS, (2002, p. 81), elle est intrinsèquement liée à la ville. Nombre d’auteurs ont écrit pour présenter le tableau sécuritaire de leur ville ou de leur pays. Le cas de la ville de Lomé est loin d’être alarmant face à ce qui se vit ailleurs. Cependant, la lutte contre l’insécurité serait davantage efficace si les effectifs dans les brigades de gendarmerie et de police pouvaient être revus à la hausse.

Au cours des travaux de terrain dans les différentes unités de gendarmerie et de police, il a été constaté que le matériel de travail manque : insuffisance ou absence total d’ordinateurs pour l’archivage numérique des stratégies de criminels, leur identité, etc., insuffisance ou absence de logistique pour des interventions rapides en cas d’attaque, de cambriolage ou de braquage, etc. Cette étude aurait bien voulu avoir des données  de 1980 à 2019 mais ces données n’ont pu être obtenues pour cause de manque de données numérisées. Pour une efficacité d’action sécuritaire, il est important de doter les unités de forces de l’ordre de motos pour une intervention plus rapide et plus efficace en ces moments où le parc automobile de la ville de Lomé est de plus en plus important avec des embouteillages monstres surtout aux heures de pointe.

Il ressort de cette étude que l’insécurité à Lomé croît à cause du nombre de plus en plus élevé de la population, l’importance des jeunes en marge de la société, les sans domicile fixe, la pauvreté, etc. Ce sont visiblement des jeunes aigris qui pensent que leur sort tire ces racines de la société aisée ou nantie. Ils sont donc prêts à tout pour la survie : vol, cambriolage, escroquerie, etc. L’incivisme s’installe dans la ville avec des jeunes qui insultent et parlent mal aux aînés et aux autorités, des jeunes qui font tout à leur guise, tel que passer les feux de signalisation au rouge, rouler dans le sens interdit, ce qui crée une insécurité routière. Le sentiment d’insécurité constitue un défi non négligeable pour les pouvoirs en place, qui au même moment qu’ils luttent contre l’insécurité, doivent mettre en place des dispositifs pour minimiser l’indigence qui alimente l’insécurité urbaine.

Références bibliographiques

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Auteur

1Ecole Normale Supérieure (ENS),  Atakpamé, Togo, edouardatchole@gmail.com

 

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Date de parution
30 juin 2021