La région du Tchologo (nord de la Côte d’Ivoire), une entité territoriale aux potentialités touristiques inexploitées

Résumé

La réorientation de la politique économique ivoirienne depuis la récession mondiale de 1980 a consisté à diversifier les activités génératrices de revenus. Cependant, des  obstacles s’opposent à l’expansion de secteurs clés comme le tourisme. Cet article se propose de montrer les entraves à la mise en place d’une industrie touristique viable dans la région du Tchologo en exploitant de façon efficiente les potentialités endogènes. Pour la réalisation de cette étude, une enquête par sondage à choix raisonné a été conduite auprès des populations de 36 localités appartenant aux 12 sous-préfectures. Des campagnes d’observations ont été effectuées pour compléter les données d’enquêtes. La démarche qualitative et la démarche quantitative ont été alternées. Cette étude relève que la région du Tchologo regorge un potentiel touristique riche et diversifié. Le folklore s’appuie sur des civilisations fondées sur les rites initiatiques, forme particulière du « poro » pratiquée par tout le peuple Sénoufo. Quatorze forêts classées sont disséminées sur l’étendue du territoire régional couplé du parc national de la Comoé, de monuments et des vestiges exploitables par l’industrie touristique. Cependant, l’insécurité grandissante dans la région consécutive aux remous sociaux et à la guerre militaro-politique de 2002 amenuise tous les efforts engagés par les acteurs dans ce secteur. Ainsi, la destination du Tchologo n’est plus incitative et aucun touriste n’envisage s’y aventurer. L’un des défis pour le conseil régional du Tchologo demeure la sécurisation des sites touristiques et la promotion de son potentiel folklorique pour asseoir un tourisme écologique viable et attractif. 

Abstract

The reorientation of Ivorian economic policy since the world recession of 1980 has consisted in diversifying income-generating activities. However, there are obstacles to the expansion of key sectors such as tourism. This article aims to show the obstacles to the establishment of a viable tourist industry in the Tchologo region by efficiently exploiting the endogenous potentialities. To carry out this study, a reasoned choice sample survey was conducted among the populations of 36 localities belonging to the 12 sub-prefectures. Observation campaigns were carried out to supplement the survey data. The qualitative approach and the quantitative approach have been alternated. This study notes that the Tchologo region has a rich and diversified tourist potential. Folklore is based on civilizations based on initiation rites, a particular form of "poro" practiced by all the Senufo people. Fourteen classified forests are scattered over the extent of the regional territory coupled with the Comoé National Park, monuments and remains that can be exploited by the tourist industry. However, the growing insecurity in the region following the social unrest and the military-political war of 2002 weakens all the efforts made by the actors in this sector. Thus, the destination of Tchologo is no longer an incentive and no tourist plans to venture there. One of the challenges for the Tchologo Regional Council remains securing tourist sites and promoting its folklore potential to establish viable and attractive ecological tourism.

Introduction

La Côte d’Ivoire regorge de nombreuses opportunités touristiques. Elle bénéficie de plus de 500 km de façade maritime favorable au tourisme balnéaire. Sa partie continentale offre des atouts exploitables pour le développement de l’écotourisme (N. ASSI-KAUDJHIS, 2017, p 243).  Conscient de ces avantages, l’Etat ivoirien a mis l’accent sur l’expansion du tourisme en vue d’en faire un instrument de développement économique, culturel et social (A.M-L KOUAKOU 2009, p. 35). La décennie postérieure à son indépendance (1970-1980) a été caractérisée par l’expansion de l’industrie touristique. De  1975 à 1980, le nombre de touristes a connu une progression annuelle de 16,4%. Toutefois, le coup d’Etat militaire de 1999 aggravé par la guerre déclenchée le 19 Septembre 2002 a mis en berne les ambitions des autorités notamment  celle de vouloir, à l’instar du Sénégal, la Tunisie, le Maroc et l’Afrique du Sud, développer une véritable industrie. Il découle de cette crise militaro-politique  une chute importante des taux de remplissage des hôtels. De 80% à 93% entre 1975 et 1979, ils sont passés à 65% en 1980 et oscillent actuellement entre 35% et 40% (BNETD, 2007, p 72). Ce phénomène a conduit à la fermeture pure et simple de certains réceptifs hôteliers avec la dégradation des installations hôtelières à l’intérieur du pays. L’absence d’image touristique d’un schéma directeur du tourisme ivoirien et le manque de compétitivité, constituent des faiblesses  qui conduisent au déséquilibre de l’activité touristique en Côte d’Ivoire (K. A. KOUAME, 2009, p 20). Le secteur touristique traverse de nombreuses difficultés d’ordre interne. La région du Tchologo qui, en dépit des nombreuses potentialités naturelles, culturelles qu’elle regorge ne parvient pas à construire une industrie touristique viable pour son développement local n’en fait pas exception. Dès-lors, pourquoi le potentiel touristique de la région du Tchologo reste-t-il inexploité ?

Cet article se propose de montrer les entraves à la mise en place d’une industrie touristique viable dans la région du Tchologo en exploitant de façon efficiente les potentialités endogènes. Il s’agit de mettre en relief le potentiel touristique que regorge la région du Tchologo, de déterminer les facteurs limitatifs de la valorisation du potentiel touristique.

1. Matériel et méthodes

1.1 Localisation  de la région du Tchologo

La région du Tchologo est constituée de 187 villages et 137 campements regroupés autour de 12 sous-préfectures. Elle est localisée au Nord de la Côte d’Ivoire à la frontière du Mali et du Burkina-Faso (figure 1).

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La région du Tchologo est située à l’extrême centre-nord de la Côte d’Ivoire entre 9°35 N et 5°11 W. Elle est une circonscription administrative et une collectivité territoriale avec pour chef-lieu, la ville de Ferkessédougou. La Région du Tchologo couvre une superficie de 17 728 km² peuplée de 394 361 habitants, soit 22 habitants au km2 (RGPH, 2014).

1.2 Méthode et technique de collecte des données

Cette étude repose sur une recherche bibliographique effectuée sur internet et dans les bibliothèques de l’Institut de Géographie Tropicale et de l’Institut français de Recherche pour le Développement. Les documents statistiques ont été fournis par le conseil régional du  Tchologo. De même les mairies de Ferkessédougou, Kong, Ouangolodougou, Diawala, Niéllé  et Togoniéré  Koumbala  ont fourni des données sur le potentiel touristique exploitable sur leur territoire de compétence. Il en fut de même dans les Sous-préfectures (Bilimono, Kong, Sikolo, Nafana, Koumbala, Togoniéré, Ferké, Ouangolo, Kaouara, Diawala, Niellé et Toumoukoro). Dans les cantonnements forestiers de Kong, Ferkéssedougou et Kafolo, des informations sur les aires protégées furent collectées. La direction régionale du tourisme de Ferkessédougou a donné des orientations sur les acquis et les aptitudes à développer un tourisme viable local. Des campagnes d’observations ont été effectuées pour compléter les données d’enquêtes sur la période du 5 février au 13 avril 2020. Une enquête par sondage à choix raisonné a été conduite auprès 380 chefs de ménage répartis dans les 12 sous-préfectures. La taille de l’échantillon a été définie suivant la formule.

   n=Z²PQN(e2N-1+Z²(PQ))

n = Taille de l’échantillon ; N= Taille de l’échantillon mère ; Z= Coefficient de marge déterminé à partir du seuil de confiance ; e= Marge d’erreur ;

P= Proportion de ménage supposé avoir les caractères recherchés. Cette proportion variant entre 0,0 et 1 est une probabilité d’occurrence d’un événement. Dans le cas où l’on ne disposera d’aucune valeur de cette proportion celle-ci sera fixée à 50% soit 0,5, Q= 1-P

Pour l’application de la formule, nous pouvons présumer que :

Si P = 0,50, donc Q = 1-0,5 = 0,5 à un niveau de confiance de 95%, Z = 1,96 et la marge d’erreur e = 0,05. Ainsi pour déterminer le nombre de populations à enquêter, nous avons procédé de la manière suivante :

n=1,96²0,5x0,5N(0,052N-1+1,96²(0,5x0,5))   soit n=1,96²0,5x0,5 x 38344(0,05238344-1+1,96²(0,5x0,5))  = 380

Un total de trente-six (36) localités est retenu en raison de trois (3) localités par sous-préfecture (tableau 1).

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Le choix des localités s’est fait de manière raisonnée  selon des critères de disponibilité de ressources touristiques. Ainsi, tous les 12  chefs-lieux de sous-préfectures de la région du Tchologo (tableau 1) ont-ils été retenus du fait de la distribution des potentialités touristiques sur l’ensemble du territoire régional.  Au niveau de chaque sous-préfecture, deux villages témoins ont été retenus selon l’intensité de l’offre d’atouts touristiques naturels et humains. La combinaison de ces critères a permis de recueillir des données physiques et humaines qui constituent des traits touristiques

Les informations obtenues à partir des entretiens, des interviews et de l’administration d’un questionnaire, ont été saisies à l’aide des tableurs Word et Excel. . La réalisation des figures à partir des données statistiques reçues a été faite à l’aide du tableur  Excel. Le tableur Word a servi à la saisie des textes.  Les cartes ont été élaborées à partir des logiciels QGIS 3.12. Un appareil photographique a servi à la prise des images.

2. Résultats

2.1. Un potentiel touristique riche et diversifié

2.1.1. Le riche folklore, facteur du tourisme culturel de la région du Tchologo

La Région du Tchologo regorge d’énormes richesses culturelles fondées sur les rites initiatiques, forme particulière du « poro » pratiqué par tout le peuple Sénoufo. Il s’y observe des mosquées de type Soudanais qui offrent une spécificité folklorique et variée au cours des retrouvailles de sociabilité. Les masques et les danses traditionnelles constituent l’identité culturelle de cette entité territoriale. Le tableau 2 illustre la particularité de certaines danses pratiquées.

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Le tableau montre une diversité de danses dans la région. Le Balafon est la plus pratiquée lors des cérémonies festives, initiatiques, religieuses et funèbres. Ces danses obéissent à des critères qui sont fonction du rôle social de l’évènement et de la personne morale ou physique qui incarne la cérémonie. Parmi les masques, certains sont sacrés et ne sont accessibles que par les initiés. Par contre, ceux qui ne revêtent pas la sacralité apparaissent au grand public au cours des événements de réjouissance. Ces ressources traditionnelles permettent le développement du tourisme culturel et religieux.

 Il s’agit  parfois d’un pèlerinage religieux. Dans le Tchologo, celui-ci se caractérise par les tombes des Saints de l’Islam sur lesquelles les musulmans du pays et ceux d’ailleurs viennent faire des vœux et des sacrifices de remerciements à Kong, Bilimono, Korola, Cisséra, Nafana et Barola. Dans le département de Ouangolodougou, la plupart des sites touristiques reste méconnus des populations. L’étude identifie à proximité de Tiogo, village situé près de Pogo à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Mali, un cours d’eau sacré appelé Gninlougo. Ce cours d’eau, selon les villageois ne tarit jamais depuis son existence et même en saison sèche. Il constitue une ressource en eau importante pour les éleveurs et les pêcheurs artisanaux. Quant à la ville historique de Kong, elle renferme de nombreux édifices touristiques au nombre desquels figure la mosquée de Samory Touré (planche photo 1).

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Cette mosquée est construite au XVIIIème siècle en terre battue. Pour sa réhabilitation elle est renforcée par des bois qui servent aussi d’échelles lors des travaux d’étanchéité. La ville dispose d’un espace culturel sur lequel se trouve la case de Louis Gustave Binger (photo 2) et une bibliothèque. La clôture de l’université islamique, la tombe de Moscovich sont identifiées dans la ville de Kong. Ces édifices sont fréquemment visités par les touristes de diverses origines.

2.1.2. Des sites touristiques variés source d’expansion du tourisme et de découverte  de la région du Tchologo

La région du Tchologo  abrite de nombreux sites touristiques qui font sa fierté. L’étude identifie des aires protégées, des monuments et des vestiges. La figure 2 présente les différents sites où sont localisés les édifices touristiques et hôteliers.

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La figure 2 montre l’existence de sites touristiques répartis sur tout l’espace régional. Ils présentent un intérêt à la fois écologique et touristique pour le Tchologo. Ces sites sont favorables au tourisme de découverte.  Il se développe dans les campagnes et les gîtes ruraux comme la Chaîne de montagne du Gorowi à Bilimono. Dans le département de Ouangolodougou, des tunnels existent à Kafoungo, un village situé à quatre (4) km de la Sous-préfecture de Toumoukoro et à trois (3) km du premier village Malien (planche 2).

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Ces tunnels (photo 3) sont des grottes du XIXème siècle qui servaient de cachettes aux habitants du village. Ils s’y retranchaient en cas de danger, surtout lors des attaques de Samory Touré. Avec plusieurs entrées, ceux-ci sont creusés dans des roches. Des fermetures (photo 4) adaptées aux entrées des tunnels étaient utilisées pour fermer les entrées. Une sentinelle avait la charge de la surveiller en étant cachée dans les grands arbres. Dans ce dit département, se trouvent les murailles de Sordi, un village situé à sept (7) km de Diawala (photo 5).

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L’étude révèle l’existence de grandes murailles formées d’impressionnants blocs de pierres et d’un mélange de boue. Celles-ci ont été construites depuis le XVIIème pour éviter l’invasion de l’ennemi en période de guerre. Le site de Sordi abritait au total trois (3) murailles dont la première, haute de cinq(5) mètres et ceinturant le village servait de premier rempart contre l’envahisseur, comme ce fut le cas lors des attaques des Sofas de Samory Touré au XIXème siècle. La deuxième muraille quant à elle, sert à protéger les différentes familles de Sordi, alors que la troisième muraille protégeait la cour du chef de village.

2.1.3 Une variété d’espèces fauniques à la base du tourisme écologique

Le Parc National de la Comoé renferme une diversité despèces typiques aux végétations de savanes et de forêts. Il existe également le bac de Gansé au carrefour Gawi, les Monts Yéwélé au Nord du Parc, la mare «gadjipery» aux crocodiles, les ponts gué piéton et gué auto, qui est une zone de prédilection des hippopotames. Selon des études menées sur les secteurs Sud, centre et Nord-Ouest de lOIPR, 798 espèces fauniques ont été dénombrées (figure 3).

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La figure 3 fait ressortir cinq types d’espèces fauniques. La proportion des oiseaux est la plus dominante avec un taux de 62,28 % soit 497 espèces suivit des mammifères (16,9%) pour une taille de 135 espèces. La part des amphibiens est de 4,39% soit 35 espèces puis 8,9% soit 71 espèces de reptiles, enfin 7,5% pour les espèces de poissons(60).

2.1.4. Des réceptifs hôteliers du Tchologo de type moderne

Dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration, le nombre d’hôtels ne cesse de croitre pour le bonheur des populations résidentes et des visiteurs dans les différentes chefs-lieux de Sous-préfectures du Tchologo. La planche photo 3. Illustre un complexe hôtelier.

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La photo 6 présente le restaurant et la salle de conférence de l’auberge de Kong autour desquelles sont disposées les chambres de haut standing. La photo 7 présente un bungalow du safari hôtel de Kafolo. Il est situé à Kafolo Bac, un village environnant du Parc National de la Comoé. Ce complexe offre une capacité d’accueil de 40 chambres réparties en 20 bungalows, une piscine, un restaurant, une bibliothèque, un aérodrome situé à l’extérieur de l’Hôtel à 30 mètres, un bar, un parc animalier qui donne un petit aperçu de la faune présente dans le parc et un zoo constitué de plusieurs animaux venus de l’extérieur du pays. Le tableau 3 donne les caractéristiques des grands hôtels  du Tchologo.

Le tableau 3 exprime un coût variable de la nuitée dans les différents hôtels de luxe de la Région. Il varie de 8100 F CFA à 100.000 F CFA en fonction du standing. Des hôtels de niveau moyen sont dispersés dans les différentes villes à des coûts allants de 5000 F CFA à 20.000 F CFA. Le confort et la présence des sites touristiques dans la Région attirent de nombreux clients dans ces hôtels. L’hôtellerie dans la Région du Tchologo est dominée par l’initiative privée.

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2.2. Les facteurs limitatifs de l’exploitation du potentiel touristique de la région du Tchologo

2.2.1. Le recul du patrimoine floristique

La Région du Tchologo a une riche culture restée longtemps renfermée sur elle-même, vu le caractère sacré qui domine dans la pratique de certaines activités. La majorité de ces danses tendent à disparaitre dans leurs localités originelles du fait de la forte influence des religions occidentales et orientales. Il s’ajoute à cela le manque de promotion des danses traditionnelles tant au plan local qu’à l’échelle nationale. Le mariage était jadis célébré de la même manière chez ces deux peuples (malinké et sénoufo). Le choix de la mariée ou du marié par les parents était subordonné par des cérémonies authentiques. Il s’observe aujourd’hui un contraste avec la liberté de choix du conjoint par les prétendants et l’approche plurielle de divergence entre ces cultures d’influence font peser un péril sur le riche potentiel folklorique d’antant. Les cérémonies funéraires sont organisées suivant les principes de la religion pratiquée par le défunt et son groupe ethnique. Cet environnement est parfois contraire au mode de célébration ancestrale des Sénoufo animistes. Même si cette hétérogénéité de pratiques s’appréhende comme une richesse locale, elle déstructure le folklore authentique local. Cependant, le syncrétisme religieux qui y est en vogue parviendra-t-il à ressusciter le potentiel folklorique qui est péril dans le Tchologo ?

2.2.2. Tchologo, une région en proie au risque sécuritaire

Dans la région du Tchologo, la curité et la protection civile constituent un défi majeur pour les autorités locales. La zone de Ouangolodougou et de Ferkessédougou sont identifiées comme des foyers à haut risque d’insécurité dans la Région. Depuis la crise militaro-politique, les armes de guerre et les armes légères circulent dans la Région. Des forêts et autres points d’animation ou névralgiques des villes du District des savanes abritent des bandits de tout genre. Le tableau 4 renseigne sur les infractions les plus fréquentes signalées dans la Région du Tchologo.

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Les vols de toutes catégories sont les infractions les plus récurrents suivis des infractions financières. Les homicides et les vols ont une tendance à la baisse avec le renforcement des patrouilles des forces de l’ordre et de sécurité. La concentration de maquis et bars facilite le développement d’une petite criminalité.

2.2.3. Une dégradation  accrue des forêts et aires protégées

L’étude relève la présence des hommes en armes dans certaines forêts classées et aires protégées après la crise militaro-politique. Ainsi, certaines espèces animales sont menacées d’extinction à cause du braconnage. Il n’existe pas de politique de protection locale de la faune et de la flore. Cette situation a pour conséquence l’exploitation illégale et abusive des ressources naturelles du PNC par les populations riveraines. L’une des conséquences de cette dégradation est la migration des animaux du Parc National de la Comoé (photo 8).

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Cette photo 8 illustre un babouin identifié dans le parc national de Comoé. Cette espèce est très menacée car l’intrusion des aires protégées par les éleveurs de bovin, les agriculteurs, etc. fait que les animaux s’évadent de l’aire de protection pour s’exposer aux pièges des paysans et aux braconniers. L’arrêt des activités de la GEPRENAF consécutif à la crise militaro-politique de 2002 qui a favorisé la création des plantations dans les forêts classées et aires protégées.

2.2.4. Une  dégradation des infrastructures et équipements touristiques

L’étude montre que trois  pistes d’atterrissage par avion sont construites pour faciliter l’accès à tous les hôtels qui se trouvent dans ce département par les touristes. Il s’agit respectivement de celle de Kafolo, de Ouango-Fitini et de Kakpin qui étaient auparavant pratiquées. Mais, elles ne fonctionnent plus selon le constat fait lors de l’enquête, du fait de leur proximité des habitations des villages. Un aérodrome situé à l’extérieur de l’Hôtel de Kafolo à 30 mètres permettait aux touristes d’accéder facilement à cet hôtel.

3. Discussion

Cette étude relève que la région du Tchologo regorge d’un potentiel touristique riche et diversifié. Le folklore s’appuie sur des civilisations fondées sur les rites initiatiques, forme particulière du « poro » pratiquée par tout le peuple Sénoufo. Il s’y observe de nombreux sites touristiques (des mosquées de types Soudanais, vestiges, tunnels… le parc national de Comoé). Ces nombreuses potentialités constituent une ressource substantielle au développement du tourisme écologique dans cette partie septentrionale ivoirienne. Ce qui amène la Côte d’Ivoire à manifester le désir de  tirer profit de ses richesses naturelles (parcs nationaux et réserves, lagunes, mers, climats…). Cette approche est soutenue par G N K APHING (2007, p.63).  Selon lui, les données naturelles du littoral ivoirien ont permis à cette partie du pays de bénéficier d’une industrie touristique. Outre les atouts culturels et géographiques, la région  bénéficie d’une infrastructure hôtelière relativement diversifiée, d’un réseau de transport et de communication assez développé et dispose d’avantages comparatifs qui le placent dans une situation favorable par rapport à d’autres pays de la sous-région (DCGTX, 1995, p.25). La dotation en  infrastructures conditionne l’investissement touristique (V M CHIEN, 2007, p.106).  La disponibilité des complexes hôteliers régionaux du Tchologo s’avère alors être un déterminant dans le développement du tourisme local.

Toutefois, force est de constater qu’en dépit de ce potentiel relativement important et diversifié dans la région du Tchologo, il reste inexploité pour le développement de l’industrie touristique. L’étude relève que l’une des raisons fondamentales des difficultés d’ascension de ce secteur réside dans l’état délétère de la situation sécuritaire dans la région du Tchologo. Les départements de Ouangolodougou et de Ferkessédougou sont identifiées comme des foyers d’insécurité. En effet, depuis la crise militaro-politique, les armes de guerre et les armes légères circulent dans la Région. Des forêts et autres points d’animation ou névralgiques des villes du District des savanes abritent des bandits de tout genre. Cet environnement n’incite pas les acteurs à investir dans ce secteur et les touristes n’envisagent pas s’aventurer au risque de se faire agresser. Ce résultat corrobore  les travaux du (BNETD, 2007, p 18) selon lesquels, la survenue de la crise a profondément affecté les installations et les équipements touristiques. En outre, réitère-t-il que la crise que vit cette industrie est la conséquence des incessants remous sociopolitiques observés depuis décembre 1999. Les établissements du secteur ont vu leurs chiffres d’affaires réduits de plus de 50% et contraints à adopter des mesures de mise en chômage technique et de licenciements. Les difficultés d’ordre internes au secteur du fait des problèmes de sécurité dans certaines régions ont réduit à néant les efforts entrepris pour la relance de l’industrie touristique (D. A. BOMISSO, 2013, p). Il déplore la mauvaise organisation et le manque de promotion de certaines grandes manifestations culturelles, l’insuffisance des infrastructures économiques et surtout touristique sur toute l’étendue du territoire national. Cette analyse confirme la situation alarmante des infrastructures dans le parc national de Comoé où les trois (3) pistes d’atterrissage par avion construites respectivement à Kafolo, Ouango-Fitini et à Kakpin ne sont plus praticables.

En outre, la région du Tchologo fait face à un recul des ressources naturelles. C’est ce que soutient E B IDO (2020, p.12) pour qui les dérèglements climatiques affectent les ressources naturelles et freinent le développement du tourisme.  

Conclusion

Au terme de cette analyse, l’étude montre que la Côte d’Ivoire, plus particulièrement la région du Tchologo dispose de potentialités pour le développement du secteur touristique. Le véritable atout du tourisme de cette entité territoriale réside dans le riche folklore. C’est ce qui a fait dire du tourisme ivoirien « un tourisme à visage humain ». Ce slogan à lui seul ne suffit pas, il faut des équipements d’exploitation du patrimoine culturel et le retour de la paix dans le pays reste une solution fondamentale pour la valorisation des richesses touristiques, ce qui améliorerait l’attrait de la destination « Côte d’Ivoire ». L’industrie touristique est donc devenue l’une des importantes et dynamiques industries au monde. La croissance constante dans ce secteur fait d’elle une branche d’activité importante participant ainsi à la réalisation des OMD. Cependant quel est son impact sur le développement économique, socioculturel et spatial ou environnemental de la région du Tchologo.

Références bibliographiques

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BOMISSO Deleto Achille, 2012,  tourisme et développement à Grand Bereby, Université Alassane Ouattara, Bouaké, 150 p. 

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KOUAKOU Aya Marie-Louise, 2009, Les données du tourisme dans la commune de Grand-Bassam, mémoire de maîtrise, université de Cocody, IGT, Abidjan, 132 p.

KOUAME Konan Arnaud, 2009, Impact de la crise sur l’industrie hôtelière dans la région du Bas Sassandra, Rapport de stage, 38 p.

VU MANH CHIEN, 2007, Tourisme, croissance et intégration dans l’économie mondiale: Les apports du concept de développement durable Thèse pour le Doctorat es-Sciences économiques, Université du sud Toulon-var, faculté de sciences économiques et de gestion, Laboratoire d’Economie Appliquée au Développement, 322 p.

 

 

Auteur

1Maître de Conférences, Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire), narcissekaudjhis@gmail.com


 

Catégorie de publications

Date de parution
30 juin 2021