La croissance de la population et l'intensification des activités économiques favorisent la production de toutes sortes de déchets dans la ville de Kétou. La gestion des déchets et l’assainissement constituent une véritable préoccupation dans la ville. Ce travail met en exergue la gestion des déchets et l’assainissement de la ville de Kétou au Bénin.
La méthodologie de recherche est basée sur une enquête de terrain réalisée auprès de 125 ménages sélectionnés dans les quartiers de la ville et des entretiens individuels avec des responsables de la gestion des déchets. L’observation directe a permis de voir les dépotoirs sauvages. Le questionnaire, les guides d’entretien, un appareil photo numérique et un appareil GPS (Global Positioning System) sont les outils et matériels utilisés pour la collecte des données. L’analyse des résultats a été faite par le modèle PEIR (Pression, État, Impact et Réponse).
Il ressort de l’analyse des résultats que les ménages et les activités économiques produisent quotidiennement des déchets solides et liquides. Les activités agricoles génèrent 58% des déchets putrescibles constitués de déchets végétaux ; la menuiserie du bois et la scierie génèrent 30 % des déchets du bois et les déchets plastiques occupent 24%. L’abonnement, la brûlure et le rejet des ordures dans la nature sont les modes d’évacuation de ces déchets.
Il urge d’adopter des stratégies pour la gestion durable des déchets de la ville de Kétou.
The growth of the population and the intensification of their economic activities favor the production of all kinds of waste in the city of Kétou. Waste management and sanitation are a real concern in the city. This work highlights the management of waste and sanitation in the city of Kétou in Benin.
The research methodology is based on a field survey carried out with 125 households selected in the districts of the city and individual interviews with waste management officials. Direct observation allowed to see the wild dumpsites. The questionnaire, interview guides, a digital camera and a GPS (Global Positioning System) are the tools and materials used for data collection. The analysis of the results was done by the PEIR model (Pressure, State, Impact and Response).
Analysis of the results shows that households and economic activities generate enough solid and liquid waste daily. Agricultural activities generate 58% of putrescible waste consisting of plant waste; wood joinery, sawmill, sewing and food processing respectively generate 30% of wood waste and plastic waste occupy 24%. Subscription, burning and dumping of garbage in the wild are the means of disposal of this waste.
It urges to adopt strategies for the sustainable management of waste in the city of Kétou.
Keywords
Introduction
L’extension urbaine constitue un phénomène d’actualité. La croissance de la ville ne s’appréhende pas seulement à travers l’augmentation de la population. Elle prend aussi la forme d’une croissance spatiale qui résulte de la combinaison de la croissance démographique et de l’augmentation de la consommation d’espace par individu (S. A.VISSOH, 2012, p.19). La croissance des villes se fait avec l’extension de nouveaux quartiers périphériques, du fait de la mobilité résidentielle des populations qui se déplacent des centres-villes vers les périphéries. Cette expansion urbaine pose le problème de la maîtrise de la croissance démographique et spatiale (T. VIGNINOU, 2010, p.13). Avec la croissance de la population urbaine suivie de l’extension, parfois spontanée, de l’espace, les populations n'ont pas accès à un système d’assainissement. En outre, les centres urbains constituent des milieux où se pratiquent diverses activités humaines (commerce, industrie, éducation, etc.) et où se concentre une population importante qui produit d’importantes quantités de déchets. En effet, les populations développent diverses activités économiques qui génèrent des déchets dans la ville. Ces déchets s'entassent au fil du temps et aggravent l’insalubrité. Le mode de gestion des déchets solides se résume à la mise en décharge sur des sites qui restent encore non aménagés. Les eaux usées sont déversées dans la nature. La problématique de l’augmentation des déchets de toutes sortes dans les centres urbains a suscité l'intérêt des Etats africains qui placent cette préoccupation au cœur des débats (B. S. DANSOU, 2018, p.11).
La ville de Kétou n’est pas en marge de cette réalité. La pollution de l’environnement urbain est devenue inquiétante au cours de ces dix dernières années dans la ville de Kétou. La ville est confrontée à de sérieux problèmes d’aménagements. L'intensification des activités économiques favorise l’augmentation de la consommation et la production de toutes sortes de déchets avec des effets perceptibles sur l’environnement. Les modifications des habitudes de consommation contribuent également à l'augmentation du volume des déchets. Cette situation préoccupante se caractérise par un paysage jonché de déchets qui polluent le cadre de vie, des déchets éparpillés qui obstruent les canaux d'écoulement des eaux.
La question est de savoir si le développement des activités économiques a une incidence sur la production des déchets dans la ville ?
Les stratégies d’évacuation des déchets contribuent-elles à assainir l’environnement de la ville ?
1. Matériels et méthodes
La méthodologie utilisée dans le cadre de cette recherche comprend la collecte et le traitement des données.
Les données démographiques collectées à l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique ont permis de voir l’évolution de la population de 1979 à 2013. Des données sur les types de déchets et les modes de gestion des déchets sont collectées auprès des ménages sur le terrain.
Les techniques de collecte des données utilisées sont l’observation directe et les entretiens individuels. L’observation directe de 13 dépotoirs a permis de constater la mauvaise gestion des déchets sur ces dépotoirs. Les entretiens individuels ont été réalisés avec les responsables des structures de gestion des déchets. Ces entretiens individuels ont permis d’avoir des informations sur la gestion des déchets et l’assainissement dans la ville de Kétou. Les questionnaires ont été adressés à une population cible constituée essentiellement de 125 ménages pour avoir des informations sur les modes de gestion des déchets. La méthode d’échantillonnage utilisée a été celle du choix raisonné. Les dix quartiers de la ville ont été retenus. Les critères de choix des ménages enquêtés sont : être chef de ménage, avoir au moins 18 ans, exercer une activité économique.
En outre, un appareil photographique numérique a été utilisé pour les prises de vues instantanées quand l’appareil GPS (Global Positioning System) a servi pour la prise des coordonnées géographiques des dépotoirs sauvages.
Le traitement des données a été fait à l’aide des logiciels Micro soft Word 2010 pour le traitement de texte, Microsoft Excel 2010 pour la réalisation des tableaux synthétiques et figures et Arc-view 3.2 pour l’élaboration des cartes. Le modèle PEIR (Pression, Etat, Impact, Réponse) a été utilisé pour analyser les résultats. Il a permis de connaître les pressions exercées sur l’environnement, l’état de l’environnement, les impacts des pressions sur l’environnement et les réponses pour l’amélioration de la gestion des déchets et l’assainissement.
1.1. Situation géographique de la zone d’étude
La ville de Kétou est située au sud-est du Bénin dans le département du Plateau. Elle est située entre 7°18’0’’ et 7°24’0’’ latitude nord d’une part et entre 2°36’0’’ et 2°39’0’’ longitude est d’autre part (IGN, 1992) (figure 1). La recherche a porté sur toute la ville.
2. Résultats
2.1. Production des déchets dans la ville de Kétou
2.1.1. Typologie des déchets produits dans la ville de Kétou
Les déchets proviennent des activités usuelles des ménages dans la ville et des activités socio-économiques. Il s’agit des déchets du secteur primaire, des déchets du secteur secondaire et des déchets du secteur tertiaire.
2.1.1.1. Déchets du secteur primaire
Les activités du secteur primaire (secteur qui rassemble l'ensemble des activités qui produisent des matières premières non transformées) génèrent plusieurs types de déchets (enquêtes de terrain, avril 2019). Les activités agricoles génèrent 58 % des déchets putrescibles constitués de déchets végétaux (restes de légumes, céréales, épluchures, pelures de fruits, peaux de bananes, fruits et épis de maïs, etc.) et 36 % des déchets plastiques (sacs d’engrais et de provende, de sachets). L’élevage produit 32% des déchets putrescibles constitués de déchets animaux (des restes de viandes, de poissons, graisses, fientes, os, etc.), 12% des matières inertes et 18% des déchets plastiques. Les proportions des autres types de déchets sont très faibles (environ 4 %). Ces déchets constituent des sources de pollution de l’environnement.
2.1.1.2. Déchets du secteur secondaire
Plusieurs types de déchets sont générés dans le secteur secondaire (secteur qui regroupe les activités liées à la transformation des matières premières issues du secteur primaire: industrie manufacturière, construction ) selon les enquêtes de terrain d’avril 2019. La menuiserie du bois, la scierie, la couture et l’agro-alimentaire génèrent respectivement 30% des déchets du bois. Ce sont des chutes de bois, des sciures, etc. Les déchets métalliques (résidus et chutes de ferraille, boîtes de conserve de jus, etc.) qui occupent 41 %, les déchets textiles (coupons de tissus, pagnes déchirés, etc.) occupent 23 %. Les autres types de déchets comme papier et carton, etc. sont faiblement produits (environ 6 %).
2.1.1.3. Déchets du secteur tertiaire
Le secteur tertiaire qui produit desservices regroupe les activités commerciales, les activités de services, etc. Selon les enquêtes de terrain d’avril 2019, ces activités génèrent des déchets putrescibles (épluchures, peaux de bananes, fruits, restes de condiments, etc.) qui occupent une proportion de 12 %, des déchets plastiques (bouteilles d’eau, pot de yaourt vide, sachets d’emballage, les mèches, etc.) qui occupent 24 % , des déchets papiers et cartons (les cartons et papiers d’emballage, papiers de journaux et magazines, etc.) qui occupent 14 %, des déchets métalliques (boîtes de conserve, ustensiles de cuisine, pièces de rechange usagées, etc.) qui occupent 17 % , des déchets verres (tessons de bouteilles, les bouteilles et flacons, etc.) qui occupent 10 %, des déchets pneumatiques (pneus usés, caoutchouc, etc.) qui occupent 8 %, des déchets autres (déchets d’équipement électrique, les récepteurs radios, les écrans de TV, les piles, etc.) qui occupent 9 %. Les matières inertes et les déchets du bois sont faiblement produits.
2.2.1. Facteurs de production des déchets dans la ville de Kétou
- Evolution de la population de la ville de Kétou
Les données démographiques des recensements de 1979, de 1992, de 2002 et de 2013 ont révélé que la ville de Kétou comptait respectivement 8027 habitants en 1979 (RGPH1, 1979), 15651 habitants en 1992 (RGPH2, 1992), 25102 habitants en 2002 (RGPH3, 2002) et 39 626 habitants en 2013 (RGPH4, 2013). Le coefficient de multiplication de la population de Kétou entre 2002 et 2013 est de 1,58. La figure 2 montre l’évolution de la population de la ville de 1979 à 2013.
L’analyse de la figure 2 révèle que l’augmentation de la population est rapide à Kétou. La croissance de la population s’explique par le croît naturel et les mouvements migratoires. Cette évolution continue de la population entraine le développement des activités économiques qui génère des déchets dans la ville de Kétou. En effet, selon 88 % des responsables de gestion des déchets enquêtés, la production des déchets est élevée dans les quartiers centraux tels que Odiaro, Dagbandji, Oguidigbo et Iradigban alors qu’elle est moins importante dans les quartiers périphériques tels que Idadjè, Idénan, Iguiolou, Massafè, Atchoubi et Idjabo. Cette variation de production des déchets dans les différents quartiers est due au fait que les activités économiques se développent plus dans les quartiers centraux où la population est concentrée que dans les quartiers périphériques où elle ne l’est pas.
La quantité de déchets produite dépend de plusieurs d’autres facteurs à savoir : l’installation en zone urbaine, en zone périphérique, les saisons et le niveau de vie :
- l’installation en zone urbaine et en zone périphérique : les quantités de déchets produites sont plus considérables (plus de 78 %) dans les quartiers à forte densité de populations du centre-ville par rapport à la périphérie selon l’enquête de terrain. Car les activités économiques sont développées au centre-ville;
- la saison : la production d’ordures ménagères est forte en saison sèche dans toute la ville en raison de la défeuillaison et de l’abondance des fruits. Toutefois, en saison des pluies, une importante quantité de nouveaux déchets produits est déversée directement dans certains quartiers certains centraux et périphériques de la ville pour le remblai des voies et maisons inondées.
- le niveau de vie : la production des déchets croît avec le niveau de vie des populations dans les quartiers résidentiels. Dans la ville de Kétou, certains quartiers centraux sont habités par une couche sociale aisée qui produit assez de déchets car elle dispose les moyens financiers le développement des activités économiques, organisation des cérémonies, etc. Les déchets issus des activités économiques et manifestations sont mal gérés. D’autre part, la couche pauvre produit moins de déchets car elle ne dispose pas assez de moyens pour le développement des activités économiques, pour organiser des cérémonies, etc.
2.1.3. Variation journalière des déchets ménagers
Les déchets générés dans les ménages varient selon les jours de la semaine et les classes sociales. Selon 75 % des personnes enquêtées, la saison, les fins de semaine, les jours fériés et le niveau de vie déterminent la quantité des déchets produits.
En effet, les ménages qui ont un niveau de vie élevé et un niveau de vie moyen produisent plus de déchets (60 %) les samedis et les dimanches. Ces jours sont généralement des jours de repos ou de réjouissance où les familles se réunissent autour des repas de diverses qualités et quantités. Il y a aussi les cérémonies coutumières accompagnées de réception qui se déroulent les fins de semaine. Les restes alimentaires et divers sachets plastiques sont mal gérés pendant ces moments et ils polluent l’environnement.
Par ailleurs, selon 80 % des personnes enquêtées, les jours ouvrables enregistrent de faibles quantités de déchets produits (40 %) quelle que soit la classe sociale. La figure 3 présente la proportion de déchets produits les jours ouvrables et les fins de semaine.
Il ressort de l’analyse de la figure que les ménages produisent plus de déchets les fins de semaine (60 %) tandis que la quantité de déchets produite les jours ouvrables est faible (40 %). Cela s’explique par le fait que les fins de semaine représentent des jours de repos où les familles se réunissent autour de divers repas. Les cérémonies accompagnées de réception se déroulent souvent aussi les fins de semaine.
2.2. Gestion des déchets dans la ville de Kétou
2.2.1. Gestion des ordures ménagères
La gestion des ordures ménagères pose de véritables problèmes à Kétou. Selon plus de 75 % des responsables de gestion des déchets enquêtés, la ville produit plus de 40 tonnes de déchets par jour. Parmi ces déchets, il y a ceux dégradables qui représentent 60 à 70 % de l’ensemble selon 75 % des personnes enquêtées. Les modes d’élimination des ordures varient d’un ménage à un l’autre dans la ville. On distingue trois modes d’évacuation des ordures ménagères à savoir l’abonnement, la brûlure et le rejet des ordures dans la nature.
Selon 75 % des responsables de collecte des déchets enquêtés, 8 % seulement sont abonnés à la structure de collecte, 30 % brûlent leurs ordures et 62 % jettent leurs ordures dans la nature. Le rejet des ordures dans la nature constitue le système d’évacuation des ordures le plus pratiqué par les populations à Kétou. Les populations des quartiers résidentiels sont les plus abonnées aux structures de pré-collecte. 72 % des 22 places publiques de la ville de Kétou sont devenues des dépotoirs sauvages d’ordures qui rendent l’environnement insalubre. Les dépotoirs sauvages d’ordures exposent la population à des risques sanitaires (fièvre typhoïde, méningite…) à cause des odeurs désagréables qu’ils dégagent.
L’abonnement à la structure de collecte des ordures constitue le système d’évacuation le moins approprié. L’ONG Association Béninoise pour l’Initiative et le Développement durable (ABID) s’occupent de la collecte des déchets. Le mode de collecte des ordures est le porte à porte, à l’aide de charrettes à motricité humaine. La photo 1 montre une charrette de collecte des déchets utilisée par l’ONG ABID à Kétou.
Selon le responsable de l’ONG ABID, l’effectif des ménages abonnés à la structure de collecte n’est pas stable : 350 ménages étaient abonnés à la date du 11 juin 2019.
Les enlèvements se font généralement 2 fois par semaine et le coût de l’abonnement mensuel est de 500 FCFA. Les ordures pré-collectées sont regroupées devant ou à côté des habitations, puis évacuées vers les sites de décharges réservés à cet effet pour être complètement éliminées. La gestion des déchets biomédicaux n’est pas facile que celle des déchets ménagers. Généralement, ce sont les agents de santé qui les mélangent aux ordures ménagères pour leur incinération. Selon le responsable de l’ONG ABID, après la collecte, les ordures ménagères sont acheminées vers les sites identifiés pour la décharge finale.
La photo 2 montre un dépotoir sauvage dans la ville de Kétou.
Les déchets sauvages sur ce tas d’ordures créent de nuisances aux populations. La quantité de déchets collectée dans la ville augmente depuis 2009, selon les investigations, même s’il n’y a pas de données sur la question à Kétou (enquêtes de terrain, avril 2019). Il y a des différences tant dans la production que dans la collecte des déchets entre les quartiers résidentiels et les quartiers populaires de la ville. La quantité de déchets collectée est inférieure à celle produite dans la ville selon le responsable de l’ONG ABID, car tous les ménages n’ont pas les moyens pour s’abonner à la structure de collecte. Ces ménages jettent les déchets sur les terrains non encore bâtis ou sur les voies. La figure 4 présente l’abonnement ou non des ménages à la structure de collecte.
8% des ménages enquêtés sont abonnés à la structure de collecte contre 92 % qui ne se sont pas abonnés. Selon 62 % des ménages non abonnés enquêtés, les raisons qui expliquent le non abonnement des populations aux structures de collecte sont le prix élevé, le manque de volonté, l’existence des dépotoirs sauvages et le manque de moyens financiers (figure 5).
De l’analyse de la figure, il ressort que 46 % des ménages préfèrent jeter leurs ordures sur les dépotoirs sauvages situés à côté de leur maison. 28 % de ceux-ci estiment qu’ils n’ont pas la volonté de s’abonner à la structure de collecte; 17 % des ménages refusent de s’abonner vu que la collecte est coûteuse. Enfin, une proportion de 9 % des ménages manquent de moyens financiers pour s’abonner à la structure de collecte.
La figure 6 présente la proportion des ménages qui reconnaissent ou non l’existence de structures de collecte des ordures dans la ville.
Seulement 12% des ménages interrogés sont informés de l’existence des structures de collecte contre 88 % des ménages qui n’ont pas connaissance de l’existence des structures de collecte à Kétou. Cela est dû au manque d’information autour des structures de collecte. Ce fort pourcentage des ménages qui n’ont pas connaissance de la structure de collecte dans la ville explique la multiplication des dépôts sauvages d’ordures dans la ville, avec pour corollaire l’insalubrité et la pollution de la ville. La figure 7 montre les principaux dépotoirs sauvages dans la ville de Kétou.
Il existe plusieurs dépotoirs dans la ville. Les ordures ménagères s’amoncèlent aux coins des rues et entre les habitations. Les habitants sont inquiets de l’état d’hygiène de leurs quartiers. Le manque de poubelles et de dépotoirs publics est à la base de la mauvaise gestion des déchets ménagers dans les quartiers.
Par ailleurs, la gestion des déchets urbains consiste à les récupérer puis à les stocker sur un site aménagé à cet effet. Elle vise à réduire leurs effets sur la santé humaine et sur l'environnement et le cadre de vie. Les sceaux plastiques, les bassines, les paniers, etc. permettent d'en faciliter le stockage et le transport.
Les types de poubelles utilisées dans les quartiers de Kétou, selon les enquêtes de terrain de mai 2019, sont : les seaux plastiques (45 %), les paniers (15 %), les sachets (25 %), les bassines usées (5 %) et les tonneaux usés (5 %) (figure 8).
Les types de poubelles utilisées dans les quartiers de Kétou, selon les enquêtes de terrain de mai 2019, sont : les seaux plastiques (45 %), les paniers (15 %), les sachets (25 %), les bassines usées (5 %) et les tonneaux usés (5 %). La figure 8 présente les taux d’utilisation des poubelles par les ménages pour la pré-collecte des déchets.
La population utilise les seaux en plastique (45 %) comme premier matériel de gestion des déchets. Elle utilise plus également les sachets (25 %) selon les enquêtes de terrain de mai 2019. Les paniers (15 %), les tonneaux usés (10 %) et les bassines usées (5 %) sont utilisés en faible proportion. L’utilisation de ces matériels de gestion des déchets est due à la disponibilité en nombre suffisant chez plus de 77 % des ménages enquêtés. Malgré la disponibilité de ces matériels utilisés pour la pré-collecte des déchets, la gestion des déchets demeure un défi à relever dans la ville.
2.2.2. Gestion des eaux usées, excréta et eaux de pluie
2.2.2.1. Gestion des eaux usées et excréta
92% des ménages enquêtés ont notifié qu’ils ne disposent pas d’un système d’évacuation des eaux usées constituées pour la plupart des eaux domestiques et de toilette. Ces eaux sont simplement déversées dans la cour des concessions, sur les voies publiques et dans les caniveaux pendant la nuit. Les eaux usées dégagent une odeur lorsqu’elles sont déversées dans les caniveaux des quartiers centraux de la ville qui en disposent. Leur stagnation expose les ménages au paludisme du fait de la prolifération des moustiques.
Par ailleurs, le système d’évacuation des excréta pratiqué par plus de 65 % est le «rejet dans la nature ». Dans les quartiers centraux dépourvus d’ouvrages d’assainissement, les populations prennent le plaisir de déposer leurs excréta à l’air libre. La mauvaise gestion des déchets ménagers, des eaux usées et des excréta engendre surtout les pollutions de l’eau, de l’air et du sol. Les eaux usées contaminent les eaux de puits. L’eau issue de ces puits n’est pas potable. La photo 3 montre un point d’eau de toilette dans le quartier Atchoubi à Kétou.
L’eau issue des douches est mal évacuée. Elle est à la base de la prolifération des moustiques, véritables agents vecteurs du paludisme.
2.2.2.2. Gestion des eaux de pluie
Des réseaux de drainage et des caniveaux existants sont mal entretenus. Selon 65% des personnes enquêtées, environ 11 % des habitants de la ville s’installent sur les parcours de l’eau de ruissellement. Ils y construisent leur maison et empêchent le passage normal des eaux de pluie. Plus de 78% des ménages interrogés y jettent des ordures ménagères. Ce comportement favorise la multiplication des moustiques en saison des pluies. L’insuffisance des caniveaux et de canalisations conduisant les eaux de ruissellement et le jet des ordures dans ceux-ci par les populations amplifient la pollution dans certains quartiers centraux (Odiaro, Oguidigbo, Idadjè) et périphériques (Idenan, Massafè, Dagbandji, Atchoubi) de la ville.
2.3. Manque de caniveaux et entretien des latrines dans la ville de Kétou
2.3.1. Manque de caniveaux
Le manque de caniveaux ou de collecteurs dans certains quartiers centraux (Odiaro, Oguidigbo, Idadjè) et périphériques (Idenan, Massafè, Dagbandji, Atchoubi) favorise l’érosion. Les eaux pluviales s’accumulent dans les dépressions fermées et provoquent l’inondation des quartiers. En dehors des voies principales bitumées et pavées qui disposent de caniveaux dans certains quartiers centraux (Odiaro, Oguidigbo, Idadjè), toutes les autres voies en sont dépourvues. Les eaux de ruissellement décapent ou ravinent le sol.
Par ailleurs, les toitures des maisons sont souvent inclinées de façon à favoriser l’écoulement de l’eau qui tombe. Elles ne sont pas munies de gouttières et toute la quantité d’eau interceptée par les toits est automatiquement déversée au sol dans les cours des concessions ou directement dans les rues. L’eau dégoulinant des toits déchausse les constructions qui, peu à peu se surélèvent par rapport à la cour ou aux rues. Ces dernières, en saison des pluies, servent de chemin d’écoulement des eaux de ruissellement et se transforment en de profondes rigoles et/ou en bourbier. Les petites ravines qui serpentent la ville deviennent vite des facteurs de dangers. Pendant la saison pluvieuse, le niveau des eaux pluviales monte démesurément. Cette dégradation s’affirme également à la périphérie, dans les franges de l’occupation spontanée qui s’étend dans les zones d’accès difficile ou insalubres. Les conséquences sont plus importantes à cause des habitudes humaines. Les travaux d’assainissement et le cimentage des cours intérieurs des maisons participent à l’augmentation des quantités d’eau charriées. Les rues semblent être les plus touchées et rendent difficile la circulation. La photo 4 montre une voie inondée.
Cette voie, en l’absence de tout aménagement, devient un réceptacle d’eau après les pluies. Le passage des véhicules et motocycles dans ces flaques d’eau creuse davantage des crevasses sur ces voies, les rendant souvent impraticables. Le manque d’équipements d’évacuation des eaux de pluie est l’une des causes de la dégradation des infrastructures routières dans les quartiers périphériques et même dans les quartiers centraux. Cette situation pose le problème de l’aménagement des voies non revêtues, de la maintenance et l’entretien des ouvrages d’assainissement existants. Les conséquences qui y sont liées sont multiples et concernent l’accessibilité réduite aux infrastructures de base ; centres de santé et écoles notamment. C’est un véritable défi à relever dans la ville.
.2.3.2. Entretien des latrines dans la ville de Kétou
Les latrines sont le mode d'assainissement de base le plus utilisé dans la ville de Kétou. Le but d'une latrine est à la fois d'assurer la santé de ses usagers en contenant ou en évacuant les excréments , et de protéger l'environnement.
Dans la ville de Kétou, plus de 50 % de ménages interrogés n’ont pas de latrines; cette situation oblige la population a fait ses besoins dans la nature.
En outre, les toilettes existantes sont partagées par plusieurs familles dans la ville. Il s'agit de toilettes partagées entre deux ou trois familles, de toilettes communautaires réservées aux habitants de certaines maisons ou d'un quartier donné, ouvertes à tous. 78 % des ménages interrogés utilisent des toilettes partagées.
Par ailleurs, il y a le problème de non-respect de l’hygiène dans les latrines disponibles dans la ville. Le non-respect de l'hygiène des latrines dans les ménages favorisent la prolifération des vecteurs des maladies tels que les mouches, les moustiques, les rats et les cafards. En effet, les mouches habituées à ces latrines déposent des microbes sur les nourritures humaines; cela entraine la propagation des maladies diarrhéiques, 50 % des enquêtés l’attestent.
Les moustiques peuvent se reproduire dans l'eau polluée, comme celle des latrines à fosse, et exposant ainsi les ménages à des risques de paludisme; 70 % des ménages enquêtés en sont victimes.
Pour les rats, les excréta sont une source de nourriture. Selon 50 % des ménages enquêtés, si les rats vont successivement en contact avec des excréta, puis avec de la nourriture destinée à l'homme, il y a transmission de maladies. La photo 5 montre quelques latrines publiques dans le quartier Massafè.
Il s'agit de toilettes publiques partagées, ouvertes à tous. Elles sont entourées d’herbes. Ces latrines sont salles. Il n’existe pas de balais pour les nettoyer, ni d’eau et de savon pour laver les mains, encore moins pas de lave-mains.
3. Discussion
Le problème de gestion des déchets et de l’assainissement est un sujet d’actualité qui nécessite des réflexions. L’environnement de Kétou est exposé à des nuisances découlant des modes de vie des populations. Ces nuisances sont plus accentuées dans les quartiers centraux de la ville à cause de la dynamique spatiale qui n’est pas malheureusement accompagnée d’infrastructures et d’équipements nécessaires pour assurer un assainissement conséquent.
La croissance de la population, avec en corolaire l’urbanisation, fait que les relations entre les ressources humaines et leur environnement sont inquiétantes. T. VIGNINOU, Y. A. TOHOZIN et B. SOHOUDJI (2013, p.204) ont abordé dans leurs études les facteurs de la croissance démographique. En outre, l’augmentation de la population entraîne la multiplication des activités économiques qui génèrent des déchets dans la ville. M. D. BALOUBI (2011, p.35) a abordé les facteurs responsables de la production des déchets dans sa recherche. Selon cet auteur, la croissance démographique entraine une forte production des déchets solides et liquides.
Les trois secteurs d’activités économiques (secteurs primaire, secondaire et tertiaire) génèrent des déchets. Les résultats trouvés dans notre recherche sont similaires à ceux trouvés par B. S. DANSOU (2018, p.67).
La gestion des déchets devient de plus en plus complexe à Kétou. La diversification des activités économiques est à la base des difficultés liées à la gestion des déchets. Ces difficultés se posent en termes d’augmentation de la quantité de déchets émise par les activités économiques. S. BABIO (2018, p.13) a abordé la problématique de gestion des déchets dans sa recherche. Selon cet auteur, la mauvaise gestion des déchets constitue alors un véritable problème de santé publique.
La production de déchets et des eaux usées augmente suivant le rythme de la croissance de la population. L’action de l’ONG ABID pour évacuer des déchets sont insuffisantes face à l’augmentation de la quantité des déchets. En l’absence des points de regroupement et de sites de décharges finales, les déchets sont déversés dans les rues dans les quartiers. La prolifération des déchets et des dépotoirs sauvages à Kétou constitue un problème d’insalubrité majeur. Elle entraine la pollution de l’environnement et crée des risques sanitaires à la population. T. VIGNINOU (2010, p. 254) a évoqué les effets des déchets sur l’environnement que nous avons abordé dans cette recherche. Pour cet auteur, la mauvaise gestion des déchets entraine la dégradation des sols et la pollution de l’air.
La sauvegarde de l’environnement dans la ville de Kétou est un défi à relever pour le développement de la ville.
Conclusion
Le problème de gestion des déchets et de l’assainissement est un sujet d’actualité dans la ville de Kétou. La croissance démographique entraine le développement des activités économiques qui génèrent des déchets. Ce sont des déchets des trois secteurs d’activités économiques (secteur primaire, secteur secondaire et secteur tertiaire) qui gèrent lesdits déchets. Ces déchets contribuent à la dégradation de l’environnement. L’augmentation des déchets et leur déversement dans les quartiers de la ville sont à la base des risques sanitaires. Face aux problèmes de gestion des déchets et de l’assainissement dans la ville de Kétou, il faut organiser des campagnes de sensibilisation à l’endroit des ménages pour qu’ils s’abonnent aux ONG de collecte, redynamiser le système de pré-collecte, installer les poubelles dans les lieux publics, nettoyer les caniveaux, les exutoires d’eau, les espaces d’évacuation des déchets.
Références bibliographiques
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Auteurs
1Doctorant, Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR), Département de Géographie et Aménagement du Territoire, Universitaire d’Abomey-Calavi
2Doctorant, Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR), Département de Géographie et Aménagement du Territoire, Universitaire d’Abomey-Calavi
naogonton@gmail.com
3Doctorant, Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR), Département de Géographie et Aménagement du Territoire, Universitaire d’Abomey-Calavi, zimelaf2000@yahoo.fr
4Maître-Assistant, Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR), Département de Géographie et Aménagement du Territoire, Universitaire d’Abomey-Calavi, d.baloubi@yahoo.fr
5Maître de Conférences, Laboratoire d’Etudes des Dynamiques Urbaines et Régionales (LEDUR), Département de Géographie et Aménagement du Territoire, Universitaire d’Abomey-Calavi, tousvigni@gmail.com