En République du Congo, l’urbanisation ne s’est pas accompagnée du développement des services de base, à l’instar de celui de l’adduction en eau potable. Pointe-Noire, deuxième grande ville du pays, connait ainsi de sérieux problèmes en termes d’accès à l’eau de la population urbaine. Cette étude vise à analyser l’impact de la croissance urbaine sur l’approvisionnement en eau des populations de la ville de Pointe-Noire. L’approche méthodologique est basée sur la recherche documentaire complétée par une enquête réalisée à travers les observations de terrain et les entretiens individuels auprès des responsables administratifs de la ville et des populations, dans trois arrondissements de la ville. Les principaux résultats indiquent que la ville de Pointe-Noire, avec une population de plus de 1 100 000 d’habitants, six arrondissements et cent dix comités de quartiers, connait une augmentation des besoins en eau potable. La capacité de production de la Congolaise des Eaux (LCDE) étant demeurée limitée, et son réseau d’adduction d’eau potable vétuste, près de 55 % de la population n’ont pas accès à l’eau. Il s’est développé des solutions alternatives en réponse aux besoins des populations : le recours à l’eau des puits et des forages privés. Mais l’utilisation de ces eaux de qualité non sécurisée a pour conséquence la survenue de maladies hydriques. La LCDE a entrepris quelques initiatives pour améliorer la qualité de la desserte, mais les difficultés demeurent.
Mots-clés
In the Republic of Congo, urbanization has not been accompanied by the development of basic services such as drinking water supply. Pointe-Noire, the country's second largest city, is experiencing serious problems in terms of access to water for the urban population. The aim of this study is to analyze the impact of urban growth on water supply for the population of Pointe-Noire. The methodological approach is based on documentary research supplemented by a survey carried out through field observations and individual interviews with city administrative officials and the population, in three districts of the city. The main findings indicate that the city of Pointe-Noire, with a population of over 1,100,000, six arrondissements and one hundred and ten neighborhood committees, is experiencing an increase in drinking water requirements. As the production capacity of the Congolaise des Eaux (LCDE) remains limited, and its drinking water supply network dilapidated, almost 55% of the population has no access to water. Alternative solutions have been developed in response to the needs of the population: the use of water from private wells and boreholes. But the use of this unsafe water leads to the outbreak of water-borne diseases. LCDE has undertaken a number of initiatives to improve the quality of water supply, but the difficulties remain.
Introduction
Des études ont déjà mis en évidence le rythme extrêmement rapide du mouvement de croissance urbaine en Afrique. Les travaux menés par l’ORSTOM dans les années 60 et 70 sur l’agglomération de Pointe-Noire apportent à cette constatation une illustration frappante. Là où il n’y avait en 1920 qu’un petit village de pécheurs, la création par l’administration coloniale d’une voie ferrée et d’un port qui en est le terminus a provoqué un afflux de population hors de proportion avec les possibilités d’emploi qui lui étaient offertes. En effet, ces possibilités d’emploi en attirant une importante main-d’œuvre vont apporter plusieurs transformations au point où une usine de traitement d’eau de surface, captant les eaux du lac Ngouaboussi, a été mise en place dès 1953. En effet, Pointe-Noire étant une ville en plein essor, plusieurs projets y voient le jour (J.L. LIERDEMAN, 1970, p. 786). Malgré la volonté manifeste des autorités à vouloir faire de cette ville une agglomération moderne, beaucoup reste encore à faire, notamment dans le domaine de l’eau. L’accès à l’eau est un problème qui se pose avec acuité dans la ville océane. Certains de ses quartiers restent jusqu’aujourd’hui dépourvus d’adduction d’eau. La LCDE n’étant pas présente dans tous les arrondissements, encore moins dans tous les quartiers, certains habitants sont approvisionnés par des forages et des puits. Tel est le cas du nouveau quartier Mongo-Kamba, en pleine extension, de l’église kimbanguiste jusqu’au-delà du cimetière municipal Vindoulou.
Ce phénomène inquiète les populations d’autant plus que le quartier Mongo-Kamba est suffisamment peuplé que d’autres. Ce qui fait que le milieu physique dans lequel évolue l’eau de puits que consomme la population est devenu impropre. En effet, la question à laquelle répond notre étude, avec la croissance urbaine en plein essor, est-ce que les actuelles infrastructures d’approvisionnement en eau couvrent-elles les besoins en eau des populations de la ville de Pointe-Noire ?
Force est de constater qu’en milieu urbain où l’on estime que certaines commodités sont remplies pour faciliter la vie des citadins et le développement des activités économiques ou sportives, il est parfois difficile de comprendre que l’eau potable ne soit que l’exclusivité de certaines catégories sociales. Or, l’eau est un besoin prioritaire pour tous et c’est à ce titre qu’elle doit s’inscrire au niveau des Etats, dans une politique perpétuelle et rigoureuse afin de faciliter son acquisition à toutes les populations (J.L. MOUTHOU, 1996, p. 13).