L’étude de la variabilité hydro-climatique dans le bassin versant de la Djiri à Brazzaville au Congo vise à étudier les fluctuations du climat dans cet espace géographique. L’impact de la variabilité pluviométrique sur les ressources en eau du bassin et l’influence du substratum géologique sur l’écoulement sont également analysés. L’examen de la variation climatique et hydrologique dans ce bassin versant a été fait à partir de l’étude des séries des hauteurs pluies, de températures, de l’ETP, et de débits sur une période allant de 1981 à 2010. L’utilisation des méthodes de tendance linéaire et de déficit hydrique ont permis d’analyser l’évolution des termes du bilan hydrologique et d’étudier l’impact des fluctuations pluviométriques sur les paramètres de l’écoulement. Les résultats montrent que les déficits pluvieux de la décennie 1990 n’ont pas des répercutions sur les écoulements. Avec un taux évalué à 726 mm d’eau, l’infiltration est le processus dominant dans le bassin versant de la Djiri que le ruissellement. Le coefficient d’écoulement est important, mais la corrélation pluies/débits est faible ; ce qui prouve que les débits de la rivière Djiri sont influencés à la fois par les pluies et le substratum géologique. Ce dernier joue un rôle prépondérant des débits pendant la saison sèche.
The study of hydro-climatic variability in the Djiri watershed in Brazzaville, Congo aims to study the climatic variability in this geographical space, the impact of rainfall fluctuation on the water resources of the basin and analyze the influence of the geological bedrock on the flow. The analysis of climatic and hydrological variability in this watershed was made from the analysis of rainfall series, temperatures, ETP, and flows over the period from 1981 to 2010. The use of methods of linear trends and water deficit has made it possible to analyze the evolution of the terms of the hydrological balance and to study the impact of rainfall fluctuations on runoff parameters. The results show that the rainfall deficits of the 1990s have no impact on runoff. With a rate estimated at 726 mm of water, infiltration is the dominant process in the Djiri watershed than runoff. The runoff coefficient is high, but the rainfall/flow rate correlation is low; which proves that the flows of the Djiri river are influenced by both rainfall and the geological bedrock. The latter plays a major role in the flows during the dry season.
Introduction
Le dernier rapport du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC, 2019, p.21) fait état d'un réchauffement climatique mondial sans équivoque qui est, caractérisé par une hausse des températures moyennes de l'atmosphère et de l'océan. Le continent africain semble particulièrement être touché, puisque la variation thermique entre 1970 et 2004 y est estimée entre 0,2 et 2 °C. Selon les prévisions, établies par l'application de modèles de circulation atmosphérique présentant encore bien des incertitudes, la hausse des températures devrait se confirmer dans les années à venir. « Le continent africain mérite toutefois une analyse plus fine du changement climatique qui l'affecte, notamment à des échelles régionales, pour perfectionner les modèles de prévision (B. C. Bates et al, 2008, pp.5-7 ; F. J. Acero et al., 2011, p.1089; V. Homar et al, 2010, p.2; L. Amraoui, 2013, p.13).
La variabilité et les changements du climat menacent dangereusement les ressources naturelles en l’occurrence celles en eau. Les études portant sur la variabilité et les changements climatiques ont intéressé la communauté mondiale suite à plusieurs manifestations de grande ampleur. Parmi celles-ci, la sécheresse qui a touché les deux bandes tropicales de la planète (surtout les pays sahéliens d'Afrique de l'Ouest et Centrale) depuis les années 1970 (J. Sircoulon, 1976, p.77 ; D. Tapsoba, 2006, pp.5-7).
En République du Congo, le régime hydrologique des cours d’eau se détériore à un rythme inquiétant. Cette détérioration est due généralement aux changements climatiques. Dans un contexte beaucoup plus réduit, le bassin versant de la Djiri au nord de Brazzaville, est une zone qui subit de plus en plus une forte pression démographique qui pourrait être à l’origine de l’ensablement du cours d’eau principal et de ses affluents. En effet, du point de vue physique, ce bassin versant appartient dans un écosystème fragile dominé de sable et son fonctionnement est influencé par une géologie assez meuble rendant facile l’infiltration et la restitution des eaux emmagasinées pendant la saison sèche, tel est le comportement général des plateaux Téké.
Le relief est constitué deux unités des collines à pentes faibles et une plaine. La végétation dégradée accentue l’écoulement de surface en occasionnant des érosions. L’intérêt de cette étude est de chercher à mieux comprendre la variabilité hydroclimatique dans l’ensemble du bassin versant de la Djiri afin d’analyser son évolution avant et après 1970, considérée comme année de rupture. Les diminutions de la hauteur des pluies, la dynamique saisonnière tant constatée, la prolongation des saisons sèches en sont les manifestations constatées sur le bassin du Congo et à l’échelle du Sous-bassin de la Djiri.