L’Afrique a été frappée ces dernières années par les effets néfastes du changement climatique causés en grande partie par les actions anthropiques. La croissance urbaine de la ville de Bamako, continue d’affecter négativement les zones périphériques entrainant une dégradation progressive des formations forestières. Cette étude analyse la dynamique spatio-temporelle du massif forestier de Kaka de 1990 à 2020. La méthodologie utilisée comprend un inventaire floristique et une étude diachronique à travers l’analyse et l’interprétation des images satellitaires du massif forestier de Kaka. Les résultats montrent une prédominance de la famille des Fabaceae et des Combretaceae. Les espèces dominantes sont Terminalia macroptera (wolo) avec 802 pieds, Vittellaria paradoxa (shi) avec 299 pieds et Entada africana (sama nere) avec 122 pieds. Au total, dans le massif forestier de Kaka, on dénombre : 22 familles, 70 espèces et 2244 pieds. Le massif de kaka présente une grande richesse spécifique avec un indice de diversité de Shannon de 2,73 et une équitabilité de Pielou faible de 0,3. L’évaluation de la dynamique spatio-temporelle du massif de Kaka de 1990 à 2020 indique une nette régression de la végétation, des plans d’eau avec respectivement un taux de 25,84 % et 6,90%. Par conséquent, les sols nus ont continué à progresser au cours de la même période avec un taux de 32,50 %. La surexploitation des ressources naturelles et les effets négatifs du réchauffement climatique demeurent des défis écologiques majeurs à relever sur l’ensemble de la périphérie de Bamako.
Mots-clés
Over the last decades, adverse effects of climate change due to anthropogenic activities have struck Africa. The urban growth of Bamako city is impacting negatively the suburbs area leading to the gradual degradation of forests. This study aims to describe the spatio-temporal dynamic of the Kaka forest massif from 1990 to 2020. The methodology used involved floristic inventory and diachronic study through the analysis and interpretation of satellite images of the Kaka forest massif. The results show a predominance of Fabaceae and Combretaceae families. The dominant species are Terminalia macroptera (wolo) with 802 individuals, Vittellaria paradoxa (shi) with 299 individuals and Entada africana (sama nere) with 122 individuals. In total, the site of Kaka has 70 species, 22 families and 2244 individuals. The Kaka massif shows a high species richness with a Shannon diversity index of 2.73 and a low pielou equitability of 0.3. The evaluation of the spatial and temporal dynamic of the Kaka forest massif from 1990 to 2020 indicates a net decrease of vegetation and water body at a rate of 25.84 % and 6.90 % respectively. Therefore, the bare land has continued to increase during the same period with a rate of 3.55%. Nowadays, the overexploitation of natural resources and the negative effects of global warming remain major ecological challenges to be met in the vicinity of Bamako.
Introduction
Au cours de ces dernières décennies, les sècheresses récurrentes, le réchauffement climatique et la pression anthropique ont particulièrement éprouvé les écosystèmes sahéliens avec des conséquences extrêmement graves pour les populations (A.K.DAIBA et al., 2021, p.182). La baisse des revenus agricoles a entrainé dans les campagnes un exode massif des jeunes vers les centres urbains (I.OUATTARA et al., 2019, p.140). Ce dépeuplement des zones rurales entraine la misère et une ruée vers l’exploitation des ressources naturelles. Cette pression se traduit par une surexploitation des ressources ligneuses pour la production du charbon de bois, le bois de chauffe et le bois d’œuvre (FONABES, 2017, p.20). La destruction du couvert végétal est corrélée à l’augmentation croissante de la population et aux activités de subsistance des populations rurales (agriculture, élevage, exploitation forestière, bois énergie, etc.) qui très souvent se produit au détriment des forêts (H.DIALLO et al., 2011, p.103). A cela s’ajoute, l’utilisation des techniques de cultures extensives nécessitant un défrichement important des superficies forestières. Chaque année des milliers d’hectares de forêts sont exploités pour l’agriculture (G.KISSINGER et al., 2013, p.11).
La politique de décentralisation initiée dans les années 1990 au Mali, par la loi n° 93-004, selon S.LANGUILLE (2010, p.147) a mis la question forestière au cœur des préoccupations en associant les communautés villageoises à travers une gestion participative (D.GAUTIER & B.HAUTDIDIER, 2012, p.72). Cette politique permettra aux populations riveraines de tirer un grand profit de l’exploitation forestière mais aussi susciter des conflits internes villageois (D.Gautier et al., 2008, p.4). Pour ces populations, les ressources naturelles seront désormais considérées comme des richesses inépuisables et facilement accessibles (MEATU, 2000, p.60).
Au même moment, l’extension spatiale de la ville de Bamako a continué d’exercer une forte pression sur les ressources naturelles de façon générale et particulièrement les ressources ligneuses pour assurer l’approvisionnement des populations citadines en bois d’énergie (P.MONTAGNE & J-P.LAUDE, 2018, p.36). Pour pallier la destruction croissante des forêts et mieux organiser la production afin de favoriser la régénération rapide des espèces végétales, l’Etat du Mali a créé des centaines de marchés ruraux de bois autour des massifs forestiers de Bamako en contractualisant leur gestion avec les communautés locales (B.HAUTDIDIER, 2007, p.92; B.HAUTDIDIER et al., 2004, p.291). Cette forme de gestion devrait permettre à la fois la conservation desdits massifs et la satisfaction des besoins énergétiques et monétaires des utilisateurs dans le cadre d’une gestion communautaire des ressources des terroirs (T.HILHORST, 2008, p.19). La politique a aussi favorisé la préservation de certaines aires protégées par l’usage des techniques modernes de conservation dans la périphérie de Bamako (O. COULIBALY et al., 2021, p.83; M.M.TESSOUGUE & O.COULIBALY, 2021, p.124). De nos jours, au regard de nombreuses politiques de conservation des forêts aux alentours de Bamako, elles font l’objet de nombreuses sollicitations de la part des agriculteurs, des éleveurs, des spéculateurs fonciers, des orpailleurs et des exploitants de bois (B.A.MAIGA et al., 2020, p.36).
De nombreuses études ont été conduites dans la zone sur la gouvernance et la gestion des ressources naturelles notamment celles de T.BIHAN (2021, p.17); R.PELTIER, (2019, p.8) ; K.DEMBELE et al., (2022, p.1751), mais rarement sur la diversité floristique des superficies forestières. Le massif forestier de Kaka dans la commune rurale de Siby, objet du présent article, est un écosystème fortement fragilisé par les effets cumulés des changements climatiques, de la spéculation foncière et des diverses pressions anthropiques.
Cet article analyse l’évolution spatio-temporelle de la couverture végétale en mettant l’accent sur la diversité des ressources ligneuses. Il cerne, la dynamique de l’évolution du massif forestier de Kaka après trois décennies de gestions communautaires. Il est tout à fait normal que l’inventaire dendrométrique et l’analyse de la dynamique et de la diversité des ressources puissent servir de base aux programmes de restauration et d’aménagement de ces écosystèmes. Aujourd’hui, une meilleure politique de gestion des ressources ligneuses dans la périurbaine de Bamako s’impose pour une meilleure conservation de l’environnement afin de promouvoir le développement durable.