Le milieu Yom-Lokpa regorge d’importantes potentialités agricoles dont la valorisation engendre des implications sur l’environnement. La présente recherche vise à analyser les effets environnementaux des modes et systèmes culturaux adoptés en vue d’une meilleure valorisation du potentiel agricole du milieu.
La démarche méthodologique adoptée s’articule autour de la collecte des données, des investigations en milieu réel, du traitement des données et de l’analyse des résultats à l’aide du modèle Pression Impacts Etat et Résultat.
Les résultats obtenus montrent que les modes d’utilisation des terres agricoles développés dans le milieu sont le mode traditionnel (58 %), le moderne (12 %) et le mode semi moderne (30 %). Pour accroître leurs rendements, les paysans adoptent l’association culturale avec l’utilisation d’engrais et autres produits phytosanitaires aux effets pervers sur l’environnement. Il s’agit de la pollution des eaux dues à l’infiltration des engrais, la perte des cultures en absence de pluie, l’extinction de certaines espèces animales etc. 45313431
The Yom-Lokpa area is full of important agricultural potential, the development of which has implications for the environment. This research aims to analyze the environmental effects of the farming methods and systems adopted in order to better develop the agricultural potential of the area.
The methodological approach adopted is based on data collection, investigations in real environments, data processing and analysis of results using the Pressure, State and Result Impact Model.
The results obtained show that the modes of agricultural land use developed in the area are traditional (58 %), modern (12%) and semi-modern (30 %). In order to increase their yields, farmers adopt the combination of cultivation with the use of fertilizers and other phytosanitary products with perverse effects on the environment. These include water pollution due to the infiltration of fertilizers, the loss of crops in the absence of rain, the extinction of certain animal species etc.
Introduction
L’agriculture est devenue un secteur qui mobilise d’importants moyens et ressources dans le monde allant de petites exploitations aux grandes firmes industrielles. En effet, elle est régulièrement questionnée sur la contribution de ses activités à un développement durable, à la fois de par ses impacts environnementaux sur les ressources naturelles mais aussi compte tenu de sa contribution à la fourniture de services non marchands (multifonctionnalité) qui dépassent la seule production de biens alimentaires (F. ZAHM et al., 2015, p. 106). Aujourd’hui, l’agriculture fait face à de nouveaux enjeux: l’augmentation des besoins de l’alimentation humaine et animale suite à une croissance démographique d’une part, d’autre part les nouvelles exigences de la société qui imposent une production agricole garantissant la sécurité sanitaire, la qualité nutritionnelle et le respect de l’environnement, (M. TRABELSI, 2017, p.1). Au Bénin, le secteur agricole est caractérisé par la prédominance des exploitations agricoles de type familial et sa vulnérabilité suite à la variabilité climatique. Les revenus et la productivité sont faibles et la force de travail n’est que partiellement valorisée, ce qui rend très peu compétitifs les produits agricoles (MAEP, 2017, p.1). Le milieu Yom-Lokpa qui fait donc l’objet de la présente recherche constitue un noyau de production agricole ayant pour conséquence, la dégradation des terres qui est source de l’augmentation parfois de la pauvreté des populations. L’intérêt de la présente recherche s’inscrit donc dans la caractérisation du système de culture dans ce milieu dans une perspective de durabilité environnementale.
1-Matériels et méthodes utilisés
Plusieurs types de données ont été utilisés dans le cadre de cette recherche. Il s’agit :
- données démographiques issues des quatre derniers recensements (RGPH 1979, 1992, 2002, 2013) de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE). Elles ont permis de connaître la population agricole et sa répartition ;
- données relatives aux engrais et les produits phytosanitaires ainsi que les normes d’utilisations dans la production agricole. Elles sont issues des archives de l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA4) ;
- données relatives aux modes d’utilisation des terres et des systèmes culturaux. Elles proviennent de l’analyse documentaires et de l’enquête du terrain réalises à partir d’un échantillonnage. Le ménage, ici, sous-entend un individu ou un ensemble d’individus vivant en commun et partageant une activité économique (INSAE, 2013, p.21). Ainsi, la taille de ménage a été obtenue suivant le protocole de D. SCHWARTZ (1995, p.45). Elle est exprimée par la formule suivante : X = (Zα)2 x pq / i2 avec X = taille de l’échantillon ;
Zα = 1,96 écart réduit correspondant à un risque α de 5 % ce qui correspond à un degré de confiance de 95 % ;
p = n/N traduisant l’effectif des ménages des villages enquêtés divisé par l’effectif total des ménages agricoles dans la commune ;
q = 1-p ;
i = 0,05.
Suivant la présente formule, la taille de l’échantillon X = (1,96)2 x (4393/13861) x (1-0,32)/(0,05)2 donc X = 334,37 soit 334 ménages agricoles repartis dans le tableau I.
En effet, le nombre total des personnes enquêté par village est obtenu en affectant un coefficient Q=p/P ; avec p=taille de l’échantillon obtenu par la méthode de Schwartz et P= effectif totale des ménages enquêtés. Donc Q=334/4393 soit Q=0,08. Ainsi, treize (13) villages sont enquêtés et représentent à même temps les arrondissements du milieu de recherche. Le tableau 1 présente la répartition des différentes localités d’enquêtes en milieu Yom-Lokpa.
Au total 334 ménages agricoles ont été enquêtés.
1.1 Techniques de traitement des données
Pour mieux évaluer la dynamique des terres agricoles, il a été déterminé l’indice agro-démographique des terres. L’Indice Agro-Démographique des Terres est un indicateur d’appréciation du niveau de pression sur les terres cultivables d’une localité (G. C. WOKOu, 2014, p. 57). Il s’exprime par le protocole suivant :
Avec SEC = Superficie totale de l’Espace Considéré et, CCT = Capacité de Charge Agro démographique des Terres. Cette capacité est obtenue par le rapport entre les actifs agricoles et la superficie moyenne emblavée. Autrement dit, l’indice agro-démographique des terres est le rapport entre la terre agricole cultivable disponible et la population totale agricole. Le protocole prévoit que Si :
- IAD< 0,5 ha/hbt, alors l’espace est sous forte pression (très menacé) ;
- 0,5 ha/hbt < IAD < 1 ha/hbt, alors l’espace est sous moyenne pression (moyennement menacé) et,
- IAD > 7 ha/hbt, alors l’espace est sous faible pression (non menacé). La méthode de traitement de données obtenues nous a permis d’aboutir aux résultats.
L’espace de recherche couvre partiellement les Communes de Copargo, Djougou et Ouaké (département de la Donga). Il est compris entre 1°20’ et 1° 45’ de longitude est puis, entre 9° 02’et 9° 23’ de latitude nord (figure 1) et couvre une superficie de 2168 km2.
1. 2 Déterminants physiques de l’espace de recherche
1.2.1. Contexte géologique et orographique de l’espace de recherche
Le milieu Yom-Lokpa présente un aspect géologique relativement diversifié. Les formations géologiques réduisent la disponibilité des terres cultivables. Elles constituent une contrainte pour les cultivateurs qui éprouvent des problèmes pour confectionner des buttes. La figure 2 présente les unités géologiques du milieu de recherche.
L’examen de la figure 2 montre que le milieu Yom-Lokpa présente cinq unités géologiques. En effets, toute la partie est du milieu de recherche est couverte par le gneiss à biotite, à deux micas, amphibolite, gneiss à biotite et grenat, amphibolite à pyroxène et grenat, leptfinite. Seulement, dans la région de Copargo et de Tanéka- Koko, il est noté la présence de gneiss plagioclasique à amphibole amphibolite à grénat. Aussi, dans la zone d’Anandana, on note la présence des roches à orthogneissacide de Lama-Kara, orthogneiss à muscovite, gneiss à amphibole, et à granite porphyroîde. Le relief rencontré est une pénéplaine cristalline dont les altitudes varient entre 200 m au Sud et 350 m au Nord et est parsemé de collines dont le sommet le plus élevé est le mont Sagbarao à Alédjo. Le relief devient plus accidenté au fur et à mesure qu’on avance vers le nord-ouest (Alédjo) fortement marqué par la chaîne de l’Atacora, (J. AROUKO, 2011, p.15). La végétation dans le milieu de recherche est dominée par les savanes arborée et arbustive. La figure 3 montre une forte couverture du milieu de recherche.
L’examen de la figure 3 montre une forte couverture (plus de 80 %) de de sols ferrugineux tropicaux dans le milieu de recherche. Ainsi, on distingue :
-les sols peu évolués lithiques présents dans la région de Copargo notamment entre les localités de Copargo, Tanéka-Koko et de Tchalinga ;
- les sols ferralitiques moyennement désaturés rajeunis ou peu évolués, couvrant à l’est dans les localités de Pélébina, de Barei et de Copargo. De même, on note la présence de ces types de sols dans la partie nord- ouest du milieu recherche ;
-les sols ferrugineux tropicaux subdivisés en cinq composantes à savoir :
-sols peu lessivés en argiles, lessivés en sesquioxydes, couvrant l’espace de recherche, mais beaucoup plus concentré au centre ;
-les sols lessivés sans concrétions, présents à Copargo, à Tanéka-Koko, à Tchalinga et au sud- est de Pélébina ;
-les sols lessivés à concrétion.
1.2.2. Caractéristiques pluviométriques
La pluie constitue l’élément indispensable dans la production agricole. Elle est déterminée à travers les fondements géographiques (I. F. OUOROU BARRE ; 2014, p.23). Le climat du milieu de recherche est qualifié de climat soudano-guinéen avec deux grandes saisons qui rythme la vie et les activités humaines.
L’analyse de la figure 4 montre que de 1980 à 2015 la valeur maximale de la pluviosité annuelle (1668 mm) est enregistrée en 1988. La valeur minimale (634,4 mm) est enregistrée en 1983. Cependant, les précipitations connaissent une régression progressive à partir de 2009 ce qui, ajouter à d’autres facteurs, impacterait les rendements agricoles.
1.2.3. Températures, insolation et vents
Les températures connaissent quelques variations au cours de l’année. Elles varient de 19 oC (décembre-janvier) à 40 oC (février-avril), les températures moyennes étant 32 oC. Les valeurs de l’humidité relative sont fortes en saison des pluies et varient de 85 à 98 % en juillet-août. Les minima se situent entre 10 et 40 %, pendant les mois de décembre, janvier et février.
L’analyse de la figure 5 montre que les températures moyennes annuelles durant les 40 ans sont autour de 27 °C. Les températures maxima (34,9°C) sont enregistrées en 2009. Par contre, les températures minima (19,43°C) sont enregistrées en 2015.
L’insolation est le paramètre essentiel du rayonnement global et joue à ce titre, un rôle important à la fin de l’hivernage en intensifiant le pouvoir évaporant de l’air. La durée moyenne annuelle de l’insolation durant les cinq dernières années est de 2 429 heures. Elle a atteint 2 108 heures en 2015 et, 2 550 heures en 2011
2. Résultats
2. 1 Modes d’utilisation des terres agricoles en milieu Yom-lokpa
En milieu Yom-lokpa, les populations recourent à divers modes pour mettre en valeur les terres agricoles. Il s’agit du mode traditionnel, du mode moderne et semi moderne.
2.1.1 Mode traditionnel de mise en valeur des terres
Ce mode est constitué des pratiques héritées de traditions ancestrales et qui sont encore utilisées par la plupart des agricultures. Ces pratiques sont plus utilisées sur des sols meubles et surtout dans la culture des céréales et de tomate. Elles consistent à remuer le sol afin de faciliter le développement du système radiculaire des plantes. Ainsi, les techniques de billonnage direct d’essouchage et de labour sont pratiquées. Sur le labour les racines des plantes s’enfoncent plus facilement dans le sol. La photo 1 présente trois paysans en activité de billonnage dans un champ.
Dans ce mode de préparation des terres, c’est l’énergie physique des paysans qui est utilisée. Tous les travaux de production et même de transformation sont manuels. Cependant, cette technique contribue à la dégradation de la végétation et du sol. La pratique de labour profond empêche la régénération des arbres et occasionne l’érosion hydrique et éolienne des sols. A ces techniques s’ajoutent les systèmes de rotation ou d’association culturale. La rotation des cultures consiste à une succession de cultures sur la même parcelle suivant les saisons. Elle n’est autant pas pratiquée comme l’association culturale en raison de la faible disponibilité des terres cultivables (J.B.GNAHO, 2016, p.65). Le tableau 2 présente les types de rotation adoptés par les agriculteurs dans le milieu Yom-lokpa.
De l’analyse du tableau 2, il ressort que la rotation des cultures est pratiquée entre les tubercules et les céréales, entre céréales et céréales des que entre les tubercules. L’association des cultures est un système cultural qui consiste à pratiquer simultanément plusieurs cultures sur une même parcelle, ce système demeure le plus pratiquée par les agriculteurs dans le milieu de recherche.
2.1.2 Mode de production moderne et semi moderne
La vulnérabilité de l’agriculture à la variabilité climatique et la pression de l’économie du marché impliquent l’émergence de nouvelles cultures et techniques culturales favorables à l’intensification de la production. Avec l’introduction de nouvelles cultures comme le coton et le riz nérica, l’agriculture a besoin de l’apport des machines agricoles comme les tracteurs.
L’utilisation des outils agricoles modernes n’est pas encore généralisée dans le secteur d’étude. Elle est encore à l’étape embryonnaire, car utilisée par seulement 5 % des producteurs (photo 2 et 3). Les investigations ont prouvé que ce faible taux d’utilisation serait dû au manque de moyens financiers et de partenaires au développement agricole. Selon les utilisateurs des machines, plusieurs avantages sont liés à cette pratique.
Elle favorise des gains de temps, d’énergie, l’exploitation de vastes superficies emblavées. Elle permet également un meilleur ameublissement des sols (labour profond de 15 à 20 cm), une profonde pénétration des racines des cultures, une meilleure exploitation des ressources nutritives, et contribue à une amélioration des rendements des différentes cultures. La traction animale est faite toujours par deux personnes : la première pour orienter et diriger les bœufs et la seconde pour enfoncer la herse à disque au sol. De tous ces modes, le mode traditionnel est plus utilisé dans le milieu yom-lokpa (tableau 3).
L’examen du tableau 3 montre dans toutes les localités parcourues, la technologie traditionnelle domine avec un taux d’adoption qui est égal à un (1). Cette valeur montre que toutes les personnes enquêtées utilisent la daba, la houe, le coupe-coupe et la hache, de la préparation jusqu’à l’entretien des champs. Aussi, la technologie semi-moderne qui consiste à utiliser la culture attelée dans le labour est beaucoup plus développée dans la commune de Djougou avec un taux d’adoption égal à 0,59. Par ailleurs, la technologie moderne, c'est-à-dire, l’usage de la machine à labourer est moins développé avec un taux d’adoption moyen égal à 0,21. Le taux le plus faible (0,13) est enregistré dans la commune de Copargo et le plus élevé dans celle de Ouaké (0,30). Cette différence s’explique selon les populations par le fait que dans la commune de Copargo les sols sont beaucoup plus caillouteux et ne facilitent pas l’usage des herses. Par contre, à Ouaké, seule la partie ouest de la commune est dominée par quelques buttes et les sillons.
2.2 Systèmes culturaux en milieu yom-lokpa
L’association des cultures est un système cultural qui consiste à pratiquer simultanément plusieurs cultures sur une même parcelle. Ainsi, les cultures comme maïs (Zea mays) et Arachide (Arachis hyppogea) d’une part et igname (Dioscorea spp.) avec manioc (Manihot esculenta) d’autre part peuvent coexister sur une même parcelle, (A. L. AGBALOHOUN, 2014, p.34). Selon les enquêtes de terrain. Les photos 4, 5 et 6 présentent la forme d’association de cultures parmi les plus pratiquées par les agriculteurs.
De l’analyse des photos, il ressort que les paysans pratiquent l’association de plusieurs systèmes de culture comme le riz, le manioc, l’igname et le maïs (photo 4), de maïs-arachide (photo 5) et de manioc –igname à Singré (photo 6). En milieu Yom-lokpa, les cultures en association sont plus développées à cause de leur fertilité et de leur aptitude à conserver plus longtemps l’humidité dans les bas-fonds. Elles permettent non seulement d’augmenter la production, mais aussi elles sont un facteur de réduction de l’extension des espaces cultivés. Le tableau 4 présente les types d’engrais chimiques utilisés avec les doses d’utilisation.
L’examen du tableau 4 montre que les doses appliquées par hectare sont élevées et dépassent les normes en besoins de sels minéraux des cultures. L’utilisation à dose exagérée de ces engrais chimiques pour la recherche d’un meilleur rendement agricole (80 % des agriculteurs enquêtés) ne respecte pas le rapport les normes recommandées (L. AGODO, 2014, p.57). Il en est de même pour l’utilisation des produits phytosanitaires. Le tableau 5 indique les substances chimiques utilisées pour la lutte phytosanitaire dans le milieu de recherche.
Il ressort de tableau 5 que l’utilisation les produits phytosanitaires ne respecte pas les doses recommandées par plan. L’application de ces pesticides constitue une menace pour les composantes de l’environnement (sol, air, eau, etc.) et influence négativement la santé des producteurs et des consommateurs (maladies dues à l’intoxication).
. 2.3 Effets des modes et systèmes culturaux sur les composantes environnementales
Les différents modes d’utilisation des terres (traditionnel, moderne et semi moderne) concourent à la fragilisation du sol. Ils le rendent nu et l’exposent au vent et à l’eau de ruissellement. De plus, l'utilisation des produits phytosanitaires comporte un certain nombre d'inconvénients et d'effets secondaires comme, la pollution de l'environnement et les risques d'intoxication (S. ADAM, 2012, p. 45). La photo 7 montre la pulvérisation d’un champ à base d’herbicide dans l’arrondissement de Bougou.
La photo 7 montre une séance de pulvérisation d’herbicide avant la confession des buttes ou de billon. Cette pratique qui prend de plus en plus d’ampleur constitue un risque pour la durabilité agricole. En effet, elle participe à l’extinction de certaines espèces notamment les insectes, les batraciens et autres espèces animales. Les résultats d’enquête révèlent que de plus en plus les mollusques et les vers de terre ne sont plus visibles dans les espaces pulvérisés. Les vers de terre ou lombrics se révèlent être de véritables agronomes, Ils améliorent les caractéristiques physiques des sols, à leur fertilisation naturelle des sols, et participent à la nutrition des cultures (R. MALIKI, 2013, p.42 ; .B. GNAHo, 2016, p.54),
Ces herbicides constituent également une source d’intoxication des populations à travers l’inhalation du produit pulvérisé (photo 8).
L’effet de la dégradation de l’environnement se traduit chez les paysans par la destruction systématique des cultures si dans les trois jours qui suivent l’application des produits, il ne pleut pas. Ces produits sont très solubles dans l'eau s’infiltrent à travers le sol et pourraient facilement contaminer les eaux souterraines (H. ADAGBE 2012, p. 7).
3. Discussion
La présente étude a montré que les populations du milieu Yom-Lokpa font recourt à divers modes d’utilisation des terres agricoles à savoir le mode traditionnel, le mode moderne et le mode semi moderne avec une prépondérance du mode traditionnel soit 58 % contre 12 % pour le moderne et 30 % pour le mode semi moderne .Ces résultats sont également obtenus par (A. L. AGBALOHOUN, 2014, p.84) dans la Commune de Bantè. En effet, il a montré que ces trois modes d’utilisation des terres sont également pratiqués par les populations de la commune de Bantè à la différence que le semi moderne et le mode traditionnel occupent respectivement 38 % et 60 %. Le mode traditionnel seul occupe environ 58 % en milieu Yom-Lokpa. Dans ses travaux de recherche, S. AZONKPIN et al., (2018, p. 1694) a aussi montré que plusieurs modes d’utilisation des terres sont connus dans le département des Collines. Le mode moderne fait cas avec une proportion de 52 % des populations agricoles. Ce résultat corrobore celui de (M. M. SOUMANOU, 2018, p.6) qui ont également montré que à Banikoara, 96,67 % des producteurs ont pratiqué le système de culture mécanisée avec traction animale contre 3,33 % pour le système de culture manuelle. Par contre, les résultats de (A. M. TONDRO, 2019, p.213) montrent que la baisse ou la dégradation des terres agricoles est un processus d’évolution associé à une perte d’équilibre d’un sol antérieurement stable. La structure et la texture de ces sols, les techniques des systèmes culturaux, la durée de jachère et l’utilisation abusive des intrants entrainent la baisse de fertilité des sols. En effet, le système de culture tel que pratiqué en milieu Yom-Lokpa ne garantit pas une bonne gestion des terres agricoles.
Les travaux de M. M. SOUMANOU (2018, p. 475) ont cependant mis en exergue les implications environnementales de ces différentes stratégies. Ainsi, en milieu Yom-Lokpa, les effets environnementaux sont entre autres, la pollution des eaux dues à l’infiltration des engrais, la perte des cultures en absence de pluie, l’extinction de certaines espèces animales etc. Ces résultats corroborent ceux de (P. D KOMBIENOU, 2016, p. 210) et de O. Arouna (2012 ; p.18) au Bénin sur la caractérisation des systèmes de production sauf que ceux-ci, ont juste évalué l’impact de ces facteurs sur la dynamique du couvert végétal sans pour autant montrer les effets retours sur le sol.
Conclusion,
Au terme de cette étude qui a porté sur analyse des effets environnementaux des modes et systèmes culturaux adoptés par les populations en milieu yom-lokpa au Nord-Ouest du Benin, il ressort que les populations du milieu Yom-Lokpa ont développé plusieurs modes d’utilisation des terres agricoles. Parmi ces modes figurent le mode traditionnel qui est le plus utilisé (58 %) contre 12 % pour le moderne et 30 % pour le mode semi moderne. De plus, pour tirer profit de leur production, les paysans adoptent l’association culturale comme principal système de culture. Bien qu’ayant des avantages, ils ajoutent l’utilisation d’engrais et des produits phytosanitaires. Ces derniers sont en surdose ; ce qui compromet les composantes environnementales à travers, la pollution des eaux dues à l’infiltration des engrais, la perte des cultures en absence de pluie, l’extinction de certaines espèces animales etc.
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Auteurs
1Laboratoire de Biogéographie et Expertise, 2Laboratoire de la Géographie Rurale et Expertise Agricole (LaGREA) Environnementale (LABEE), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), tchaoussifousseni@gmail.com
2Laboratoire de Biogéographie et Expertise Environnementale (LABEE), 2Laboratoire de la Géographie Rurale et Expertise Agricole (LaGREA), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), djaf_2006@yahoo.fr
3Laboratoire de Biogéographie et Expertise Environnementale (LABEE), Laboratoire de la Géographie Rurale et Expertise Agricole (LaGREA), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), amamadou15@yahoo.fr
4Laboratoire de la Géographie Rurale et Expertise Agricole (LaGREA), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), moussa_gibigaye@yahoo.fr
5Laboratoire de Biogéographie et Expertise Environnementale (LABEE), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), vincent.orekan@gmail.com
6Laboratoire de Biogéographie et Expertise Environnementale (LABEE), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), tentebrice@gmail.com